Le domicile de Jean Mark Telliano, Président du parti Rassemblement pour le Développement Intégré de la Guinée (RDIG), a été investi ce matin mardi, 16 avril 2013 par une bande armée jusqu’aux dents. Bilan. Des bijoux et autres objets de valeurs emportés par les policiers venus à la chasse de l’homme. Peu après cet assaut manqué contre Telliano, notre reporter s’est rendu sur le terrain et a rencontré la victime qui lui a accordé une interview à chaud dont voici  l’intégralité :

 

Guineelive.com: Présentez-vous à nos nombreux lecteurs.

Jean Mark Telliano: « Je suis Jean Mark Telliano, administrateur civil, président du parti de Rassemblement pour le Développement Intégré de la Guinée (RDIG).

Vous êtes poursuivi en justice pour une affaire. En parlez-nous brièvement.

Merci pour de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer déjà devant vos millions d’auditeurs. Mes remerciements vont également pour le déplacement que vous avez effectué. Parce qu’un bon journaliste, c’est celui qui vient à la source même de l’information. Par conséquent, toutes ces interpellations dont j’ai été victime, sont patries de la marche pacifique organisée le 27 mars dernier par l’opposition. C’est là où j’ai été accusé de diffamation et d’injures publiques. Mais comme j’aime à le dire, si c’était à refaire, j’aillais le refaire, je ne regrette pas mes propos. Je dis bien, s’il y avait lieu de reprendre, j’allais reprendre. Mais comme il y a eu des interventions de part et d’autres avec les institutions internationales, à ma propre connaissance, je crois, ils n’ont pas trouvé d’issue favorable à la première plainte, qu’est-ce qui se passe, ils sont passés par d’autres dossiers qui concernaient un certain Abé Wotan qui m’avait demandé si je pouvais l’aider à avoir le diamant.

 Qu’est-ce que vous lui avez répondu ?                                               

JMT : « J’ai été très clair en lui disant que mes activités politiques ne me permettaient plus de cumuler les business à la politique. Par conséquent, je ne pouvais rien faire pour lui. Mais, il m’avait demandé comme tout autre client qui demande si j’avais ailleurs, des connaissances qui pouvaient l’aider à se procurer du diamant, mais j’ai répondu par affirmatif en lui donnant les adresses vingt comptoirs agréés en Sierra Léone adresses. Mais il serait parti selon lui, en Sierra Léone, ils ont fait des affaires, je n’étais ni présent de près ou de loin. Je ne savais pas de ce qui s’est passé en Sierra Léone. Après un an, il revient dire qu’il a été victime d’une escroquerie en Sierra Léone, que moi, j’étais complice.

Comment vous avez su tout cela ?

JMT : Un jour, j’ai été appelé par le médiateur de la République, Monsieur Facinet Touré à ma sortie du Conseil des ministres. Je l’ai trouvé devant la porte du médiateur, il me dit ah ! Monsieur, il y a longtemps que je voudrais vous rencontrer. Je lui ai demandé. C’est au sujet de quoi ? Il me dit que c’est sa belle sœur, Aïcha Kéita, compagne de monsieur Abé Wotan lui a expliqué qu’ils ont été victime d’une escroquerie en Sierra Léone. Je lui ai dit que c’est ma première nouvelle. Ainsi, je suis rentré dans les détails en lui donnant toutes les explications. Il m’a dit que c’est tout a fait le contraire qu’on lui a expliqué, je dis oui, c’est ça les explications. Ils sont venus me voir, je les ai recommandés à une dizaine de comptoirs, mais j’ai insisté là-dessus. Je les ai dot, si vous partez, en matière de diamant, la confiance n’exclut pas le contrôle, vérifiez avant d’acheter. Pour moi, c’est un expert qui est parti. Donc, s’il s’est fait arnaquer là-bas, je ne vois pas vraiment ma responsabilité.

Selon vous, êtes-vous poursuivis en Justice pour escroquerie ou injures publiques comme le racontent certains ?

JMT : « Aujourd’hui, le dossier d’injures publique est écarté. Parce que je pense bien, qu’ils ne peuvent pas me poursuivre pour cela, parce que, moi, j’ai des preuves de mes propos. Mais comme ils savent que je peux exhiber des du jour au lendemain, donc, ils ont esquivé pour mettre ce dossier. Alors qu’en matière de procédure pénale, si on se constitue en partie civile, dorénavant, il faudrait verser la caution aux greffes pour que le dossier soit recevable. C’est à cause de cela que mes avocats ont relevé l’irrecevabilité du dossier parce que, la caution n’était pas versée au dossier. Normalement, le dossier ne devrait pas continuer son cours normal et, ils ont récusé le juge à cause de sa partialité. Après trois ans, le juge a pris une ordonnance pour dire qu’ils ont versé la caution. Alors que l’affaire a débuté depuis l’an 2009.  C’est en 2013 maintenant, qu’ils ont versé la caution et au moment où, je suis interpellé, mais moi je sais que je n’ai pas de plaignant, il y a une main noire dessus qui est le système.

Pourquoi le système s’implique ?

JMT : « Parce que, je suis dérangeant, c’est façon de m’empêcher d’aller aux législatives, mais je ne reculerai pas, parce que, la loi sera dite. »

Parlez-nous à présent, de la nature du soutien dont vous bénéficiez au niveau de vos collègues leaders politiques.

JMT : « Aujourd’hui, je remercie mes collègues. Franchement, comme on l’a toujours dit, l’opposition représente un corps humain, quand vous touchez un bras, c’est tout le reste du corps qui ressent la douleur. Plus particulièrement, les Président Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Mouctar Diallo du NFD, m’ont soutenu moralement, sans oublier Dr Fodé Oussou Fofana. Mes remerciements vont aussi à tous les partis politiques, membres du Collectif et de l’ADP. Et tout ce dont je suis victime aujourd’hui, parce que, je suis dans l’opposition. Si j’étais de la mouvance, je ne serais pas poursuivi. J’ai été ministre, on ne m’a jamais poursuivi. Mais dès que j’ai confirmé mon appartenance à l’opposition, toutes les tracasseries ont commencé. Si ce n’est pas les interpellations, c’est des descentes musclées chez moi. C’est pourquoi, depuis le 27 mars dernier, je suis victime des menaces de mort, d’enlèvement.

Avez-vous des preuves ?

JMT : « Le preuve c’est que ce matin mardi, 16 avril 2013, j’ai reçu 20 policiers à bord de deux pick-up BAC (Brigade Anti criminalité) qui ont débarqué chez moi. Ils ont emporté des bijoux de mon épouse qui devrait voyager ces jours-ci. Alors que je suis à mon bureau, je ne suis pas caché. Mais, il faut qu’on respecte l’homme, ses droits et les règles démocratiques de notre pays, car, je ne suis pas n’importe qui. Un monsieur qui a été candidat aux élections présidentielles et qui a été ministre de ce pays. Qu’on sache une chose. On ne peut pas nommer quelqu’un ministre sans faire sur lui, une enquête de moralité, on ne peut pas accéder ou bien être candidat aux élections présidentielles avec un casier judiciaire propre, tant qu’on n’a pas mené une enquête de moralité. Quelque part je suis cline, j’ai des mains propres, je n’ai pas de mauvais passé, c’est à cause de ça ma candidature a été acceptée pour être candidat aux élections présidentielles et j’ai choisi par Alpha Condé comme ministre de son Gouvernement. Ce n’est pas parce que j’ai quitté le gouvernement qu’aujourd’hui, je peux être harcelé.  Il faut que je sois respecté, mon nom sera dans les annales de l’histoire, je fais partie des hauts fonctionnaires de ce pays, on ne doit pas me traiter comme un homme vulgaire, je suis un haut cadre de ce pays, il faut qu’on respecte les règles démocratiques et le droit de l’homme.

Vous êtes victimes des menaces de morts et descentes musclées. Qui est derrière cette affaire ou ce jeu, selon vous ?

JMT : « Mais, je ne peux accuser que le système, il n’y a pas autre personne, c’est le système. Sinon, comment un citoyen lambda peut porter plainte contre un citoyen sans aucune preuve. Le diamant ce n’est pas un sac de charbon quand même. Vous ne pouvez pas donner 400 mille dollars  américains à un citoyen que vous n’avez jamais connu. Et puis une affaire qui est traitée en Sierra Léone en l’absence de la personne contre laquelle, vous portez plainte pour complicité. Au départ, ils disaient escroquerie, arrivée au Tribunal, on dit complicité d’escroquerie. Mais, recommander quelqu’un à des hôtels à Doubaï  et qui parte choisir un hôtel là-bas et se piquer la mallette.  Est-ce que la personne qui l’a recommandé l’hôtel en est responsable ? Je dirai non. Les affaires c’est comme ça.

Bientôt les élections législatives. Est-ce que le procès ne va pas jouer négativement sur votre électorat ?

JMT : « Au contraire. Ma popularité ne fait que hausser. Parce que, sans le savoir, ils sont en train de faire ma publicité, ils oublient cela. Mais leur vision c’est quoi, ils sont allés plus loin en suspendant mon agrément. C’est parce qu’ils ne lisent pas bien les textes. Suspendre un parti, on ne peut pas suspendre mon parti, je ne suis pas un criminel. Mais c’est leur vision de m’interdire d’aller aux législatives. Parce qu’ils savent que je suis gênant, j’ai une popularité, que j’ai un poids électoral. Mais la vérité jaillira. Ils ne peuvent pas suspendre mon agrément, je ne suis pas dans un complot et ne reconnais avoir escroqué quelqu’un, je ne reconnais avoir fait un crime qui puisse faire qu’on suspende l’agrément de mon parti. Que je sois là ou pas mon parti continuera avec les autres membres de la structure. Mon parti n’est pas un parti unipersonnel comme le RPG-arc-en-ciel.  

Votre avis par rapport à la date du 30 juin fixée par le Président Alpha Condé.

JMT : « Moi je pense bien que ça c’est un non évènement. C’est vrai c’est un non évènement parce qu’il faut que l’opinion nationale et internationale fassent beaucoup attention, surtout il faut que les guinéens eux aussi fassent attention. Car, nous avons à faire avec un vieux loup. C’est un des opposants les plus vieux parmi tous les opposants de l’Afrique. On ne peut pas appeler les gens à la table de dialogue et se mettre à la place de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Cela prouve encore à suffisance que cette institution n’est pas indépendante.    C’est une violation flagrante de la loi. Parce que c’est la CENI qui doit fixer la date des élections et non le Président de la République qui doit prendre un décret et fixer la date des élections. Est-ce que vous les journalistes, vous avez entendu la CENI fixer la date ? C’est un Président qui se lève un des autre matins, parce qu’il n’a pas pris un bon café ou un bon thé et il fixe date des élections. Vous pensez que ce président veut ou aime la paix dans ce pays? »

Un appel au peuple de Guinée monsieur le Président du (RDIG).

JMT : « Je profite de votre micro, lancer un appel fraternel à tous les guinéens de quelque nature que ce soit, de toutes les obédiences qui veulent que ce pays avancent, de se lever comme un seul homme, accompagner l’opposition le jeudi pour notre marche pacifique. Et ce sera une marche continue tant que nos revendications ne seront pas satisfaites, nous serons dans la rue, parce que, c’est le seul moyen de défense pour nous. Car, au moment où, le médiateur des nations unies arrive en Guinée, ça trouve qu’il fixe la date convoquant le corps électoral. Mais autour de quoi alors, allons-nous discuter ?  SAGEM. C’est SAGEM qui a élu le Président. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas me dire la raison pour laquelle SAGEM a été récusée. Mais malgré tout, l’opposition a accepté. Waymark. A un moment donné, c’est le Président Alpha même qui a dit que waymark lui a été offert par son ami Jacob Zuma. Nous avons nos canaux d’informations. De là, je peux appeler partout dans le monde, je n’ai pas fait que du mal aux gens, j’ai fait du bien. Mais nous nous sommes rendus compte que waymark a été acheté dans la plus grande opacité. Personne ne vous sortira un document pour dire que waymark est arrivé en Guinée sur appel d’offre. Il n’y a aucune transparence, d’accord. Le porte parole du gouvernement qui a parlé en lieu et place de la CENI, est monté au créneau pour dire que les kits n’ont jamais été sécurisés plus qu’avant. D’accord, qu’ils sécurisent les kits, mais c’est les personnes qui utilisent ces kits, ils n’ont qu’à sécuriser ces personnes, parce qu’aujourd’hui, il y a une crise de confiance. L’ordinateur ne peut pas fonctionner tout seul, on le fait fonctionner, les personnes qui font fonctionner l’ordinateur sont toutes favorables à la mouvance, c’est pourquoi, nous demandons humblement, parce que personne n’a intérêt que le pays là brûle. Regardez nos frères qui nous entourent ? Ils sont tous en crise. Et pendant ce temps, la Guinée est considérée comme le point nodal. Vous pensez pour une question de machines, pour une question d’individus, sacrifier toute une nation de 12 millions d’habitants? Je dirai non à la place de Monsieur El Hadj Alpha Condé qui doit écouter et accepter les revendications du peuple. Parce que l’opposition, elle seule, représente les 95 % de la population guinéenne, vous allez le savoir jeudi sans démagogie, ce qui va se passer.

Merci Monsieur le Président du RDIG d’avoir accepté notre invitation.

JMT : «  C’est moi qui vous remercie. »

Interview réalisée par Sannou Camara 655 13 00 33