Le président Alpha Condé semble particulièrement préoccupée par la question des routes de la capitale guinéenne. C’est ainsi qu’après Koloma et Tombolia, le président de la République était ce samedi, 20 avril, à Matam et Dixinn pour le lancement des travaux de réhabilitation des voiries urbaines de ces deux communes. Sauf que cette action plutôt salutaire risque bien d’être noyautée par le discours que le chef de l’Etat a livré à ces deux niveaux. Au fait, on serait tenté de croire qu’il a choisi de corser son discours à chacune de ses sorties, en vue de lancement de ses activités. On se rappelle en effet que c’est à Koloma 2 qu’il avait lancé le fameux « laissez-les aboyer ». Tandis qu’à Tombolia, dans une allusion à ses adversaires, il avait affirmé : « Ils n’ont qu’à marcher comme ils veulent, mais qu’ils le veuillent ou pas nous irons aux élections législatives ». Eh bien, c’est la même chose qui s’est répétée ce samedi.

 

Une situation d’autant plus regrettable que le contexte politique actuel n’a absolument pas besoin de ce genre de discours.

En effet, à Matam, évoquant les avantages qui résulteront des routes dont il présidait les travaux de lancement, Alpha Condé a affirmé : « Quand nous allons finir les routes, nous n’allons pas dire que c’est pour une ethnie, c’est pour tous les guinéens, même les chiens marcheront dessus ».

La première partie de cette affirmation ne souffre d’aucune contestation. Par contre, la seconde, en mentionnant des chiens, peut-être sujet à une polémique qu’on aurait du éviter. Il est bien possible que le chef de l’Etat ait bien pensé aux vrais chiens. Car à Conakry, les bêtes souvent laissées en vacation circulent dans les rues au même titre que les hommes. Mais avait-il besoin poussé son illustration à ce point ?

Certainement pas. Surtout qu’en raison du précédent « laissez-les aboyer », il aura du mal à convaincre qu’il ne fait pas allusion, une nouvelle fois à ses adversaires. D’autant plus que par le passé, il les avait également traités  de « tortues ». A Dixinn, le chef de l’Etat n’a pas livré le même discours. Mais c’est tout comme.

En effet, justifiant sa décision de convoquer le corps électoral par les interminables atermoiements qui ont émaillé le processus depuis maintenant deux ans, a déclaré : « personne n’empêchera la tenue des élections à la date du 30. Ce, en dépit des marches et des manifestations ».

Il est vrai que cette affirmation traduit plus une fermeté et une détermination qu’elle ne choque comme la précédente. Mais par les temps de crise que nous vivons, le chef de l’Etat n’a pas besoin de faire étalage de sa fermeté. Il ne lui est certes pas interdit d’en avoir, mais pour la quiétude sociale et pour ne pas passer pour celui qui met de l’huile sur le feu, il aurait pu traduire cette fermeté dans les actes. Autrement, s’en tenir à l’organisation effective du scrutin, sans nécessairement le dire.

Parce que ce genre de discours a le don de radicaliser le camp adverse. Déjà, à la faveur de l’Assemblée générale ordinaire de son parti de ce même samedi, Cellou Dalein Diallo, pour sa part, a indiqué que son camp ne reculera pas et que lui et ses camarades de l’opposition se battront jusqu’à ce qu’ils réussissent à contraindre le chef de l’Etat à satisfaire leurs revendications.

Autant de propos tenus de part et d’autre qui laissent croire que les jours prochains seront de nouveau mouvementés à Conakry.

 

 

Source:  GuineeConakry