Contrairement aux faux espoirs qui avaient été entretenus à la veille du dialogue politique inter-guinéen, sous la houlette de Saïd Djinnit, la crise guinéenne continue de plus belle. Les dons de grand négociateur du diplomate algérien n’auront pas suffi à venir à bout de la mauvaise volonté de la classe politique guinéenne. Et après l’annonce du retrait du processus de dialogue par l’opposition, on en revient à la case départ. Comme si rien n’avait été entrepris. La question des élections demeure toujours insoluble

. La CENI toujours sujette à controverse, et les principaux camps politiques toujours figés dans leurs antagonismes suicidaires. Pendant ce temps, le peuple se demande à quand la fin de ces enfantillages ? A quand le changement devant commencer par la conscientisation de la classe politique, elle-même ? Mais les réponses à ces questions demeurent incertaines. Parce que le pays, en lieu et place d’une classe politique digne de confiance et incarnant l’espoir, il y a surtout beaucoup de « plaisantins politiques », comme nous l’écrivait un internaute de GCI. En fait, on a l’impression que les uns et les autres n’ont accepté de s’asseoir autour de la table des négociations que parce que certaines chancelleries ont exigé qu’il en soit ainsi. Autrement, c’est comme peu y sont allé avec une réelle volonté d’en finir avec cette lancinante et exaspérante crise.

Parce que dans un processus de dialogue, on ne vient pas avec l’intention de ne faire aucune concession. Or, à en juger par les attitudes des uns et des autres au sortir de ces concertations, on se rend compte qu’en réalité, il n’y a eu aucune concession, de part et d’autre. Constatant la mauvaise foi des différents camps et jouant sur les déficits d’arguments solides, le facilitateur a subtilement arraché quelques concessions. Il a par la suite espéré qu’il pouvait convaincre les camps antagoniques à s’accorder sur cette espèce de compromis à minima.

Mais très vite il se heurte à la réalité. Cela s’est tout d’abord traduit par l’ouverture d’un second processus de dialogue de «couloirs ». A l’abri des clameurs médiatiques et au moyen de quelques cachoteries, le facilitateur a voulu persuader la classe politique guinéenne à accepter son projet d’accord. Mais n’y voyant manifestement pas son intérêt, celle-ci refuse obstinément.

Pire, pour tuer tout espoir d’entente, certains se battent et réussissent à rallumer le feu de la discorde. C’est ainsi que la convocation de Cellou Dalein Diallo et la manifestation à laquelle elle a donné lieu de la part de ses militants, sont un prétexte pour que des policiers fassent une intervention pour le moins musclée et visiblement orientée vers le domicile du leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Dixinn.. Même si la police s’en défend. Il n’en fallait pas plus pour que certains militants radicaux de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa se remettent sur le pavé. En une journée, tous les espoirs venaient d’être ruinés.

Mais en vérité, de vrais espoirs, il n’y en avait jamais eus. C’est le peuple, à la fois naïf et à bout de souffle qui s’en était créé de faux. Sauf que cette naïveté risque bien de lui coûter cher. Car maintenant que formellement, l’opposition, dans sa totalité, a annoncé son retrait du processus de dialogue, la désillusion est plus atroce. La crise fait plus mal maintenant que l’on sait ouvertement que les politiciens guinéens s’amusent avec le destin du pays. On en souffre plus en sachant que les leaders politiques, tous bords confondus, semblent plus à l’aise dans la mésentente que dans la paix sociale.

Enfin, la crise politique guinéenne fait plus mal quand on sait que la perspective de sa résolution demeure encore plus incertaine qu’avant le processus de dialogue politique. Tout donne à croire qu’entre la satisfaction des égos et celle des intérêts supérieurs de la nation, il y a encore un long chemin à faire.

 

Source:  GuineeConakry