Pour Sidya Toure, Mamadou Cellou Dalein Diallo et les siens, la CENI reste le seul et unique responsable de leur maux en ce qui concerne les dysfonctionnement dans le  processus électoral. Difficile de dire ce que deviendra l’ultimatum de trois jours  qui expire demain  donner à la CENI pour satisfaire les exigences de l’opposition radicale.  La seule certitude, c’est que le train  des élections législatives du 24 septembre a démarré. Lisez plutôt le communique de l’opposition.

 

Deux mois à peine sont passés depuis la signature de l’accord politique inter-guinéen du 03 juillet dernier dont la conclusion a suscité un immense espoir dans l’opinion nationale et la communauté internationale.

Depuis, l’opposition républicaine s’est résolument engagée dans une véritable dynamique de dialogue et d’apaisement en vue de faciliter l’application de cet accord en participant régulièrement à toutes les instances de suivi et de veille créées aux fins d’une mise en œuvre correcte des dispositions convenues par les parties prenantes au dialogue politique national.

Malheureusement cette bonne foi ne semble pas partagée par les autorités politiques actuelles et par la CENI qui multiplient ces dernières semaines les violations du Code électoral et des accords intervenus dans le cadre du dialogue politique inter-guinéen. En effet, la liste des anomalies dues à l’inobservation des clauses de l’accord politique inter-guinéen du 03 juillet 2013 s’allonge continuellement :

–    Le raccourcissement de la période de 15 jours prévue pour la révision additionnelle destinée à l’enrôlement des militants et sympathisants de l’opposition qui avait lancé un mot d’ordre de boycott lors des révisions précédentes ;

–    L’annulation pure et simple de cette révision complémentaire pour la région de Nzérékoré dont de nombreux citoyens ont été arbitrairement privés de cette ultime opportunité de figurer dans le fichier électoral ;

–    L’inversion de l’ordre d’exécution d’opérations importantes de sécurisation du Fichier électoral par la réalisation de l’affichage des listes électorales provisoires avant leur apurement (dé-doublonnage, arbitrage et monitoring).

En conséquence de ces imperfections, l’affichage prématuré des listes électorales provisoires a révélé de nombreuses insuffisances dont :

–    La multiplicité des cas d’omissions d’électeurs allant, dans certaines localités, jusqu’à la disparition de plus de la moitié des électeurs y ayant voté lors de l’élection présidentielle de 2010 ;

–     La délocalisation des bureaux de vote au détriment d’agglomérations à forte concentration d’électeurs dans des régions réputées favorables à l’opposition ;

–    Le rattachement de nombreux électeurs à des bureaux de vote distants de plusieurs dizaines de km de leurs lieux de résidence compromettant ainsi toute possibilité, pour eux, d’exprimer leurs suffrages le jour du scrutin ;

–    L’explosion de l’électorat (jusqu’à 45% de hausse dans certaines circonscriptions) ces trois dernières années dans les régions considérées comme favorables au pouvoir et le tassement voire la baisse de la population électorale dans les zones représentant des fiefs de l’opposition ;

–    L’augmentation du nombre de bureaux de vote passé de 9.000, en 2010, à près de 12.000 avec, paradoxalement une réduction de ces bureaux dans des régions réputées favorables à l’opposition ; 

–    La faiblesse notoire du dispositif de remontée et de traitement, au niveau de la CENI, des réclamations provenant de l’affichage des listes provisoires.

En dépit de l’assurance donnée par la CENI quant à la correction des anomalies constatées et à  l’exécution complètes des opérations de dé-doublonnage, d’arbitrage et de monitoring, l’opposition républicaine à l’instar des nombreux citoyens guinéens a de sérieuses raisons de douter de la résorption de toutes les insuffisances constatées.

La correction des graves insuffisances mises en évidence est indispensable si l’on veut assurer un minimum de fiabilité au Fichier et créer des conditions minimales de transparence et d’équité pour l’organisation d’élections législatives crédibles.

C’est pour cette raison que l’opposition républicaine exige instamment que soit effectué un nouvel affichage public des listes électorales assainies pour une période de quelques jours, afin que les citoyens s’assurent de leur inscription effective et de leur rattachement à des bureaux de vote suffisamment proches de leurs localités respectives.

L’opposition républicaine rappelle qu’une telle démarche est parfaitement conforme au planning des opérations électorales adopté dans le cadre de l’accord politique inter-guinéen du 03 juillet 2013 qui dispose que les listes électorales provisoires ne doivent faire l’objet d’affichage qu’après l’application des différentes opérations de sécurisation prévues.

Dans l’éventualité où les autorités publiques et la CENI s’opposeraient à ce nouvel affichage qui ne peut que renforcer la confiance des électeurs et de toute la classe politique vis-à-vis du processus électoral, l’opposition républicaine se réserverait le droit de recourir, dans les prochains jours, aux manifestations publiques pacifiques, conformément aux droits que lui confèrent la Constitution et les lois de la République.

L’opposition républicaine réitère son engagement à utiliser tous les moyens offerts par la constitution et les lois de la République pour s’opposer à tout scrutin qui ne présenterait pas de réelles garanties d’équité et de transparence. Elle appelle le Peuple de Guinée à rester mobilisé pour faire de la Guinée un véritable état de droit et un pays réellement démocratique.

 

Aboubacar Sylla

 Porte-parole de l’opposition guinéenne