Au mois de juillet  dernier, l’affaire des 1999 carats de diamants qui  oppose l’ancien président de la transition, général Sékouba Konaté, l’homme d’affaire Roda Fawaz et l’opérateur économique, el hadj Bouna Kéita qui  défraie la chronique devant les juridictions nationales a été tranché par la cour d’appel de Conakry suite aux plaidoiries du parquet.

Après avoir écouté toutes les parties au procès y compris les témoins, le procureur de la république, William Fernandez avait tranché clairement l’affaire en ces termes «  ce qui est constant, cest que les 1999 carats de diamants ont existé. Cest au général Sékouba Konaté qu’il faut réclamer les diamants puisque c’est lui qui a retiré les diamants à el hadj Bouna Kéita», déclarait le procureur général près la cour d’appel de Conakry, William Fernandez.

Plus loin, le procureur général affirme que l’opérateur économique el hadj Bouna Kéita a eu les diamants au mauvais moment où une junte militaire était aux commandes avec des méthodes de faire d’un autre âge. Avant d’ajouter que la justice ne doit même pas parle de Roda Fawaz dans cette affaire à partir du moment où le général Sékouba Konaté a reconnu avoir retiré les diamants à Bouba Kéita. Fernandez avait même brandit des journaux dans les quelles, Sékouba Konaté s’est exprimé sur la question. Ces propos ont été tenus devant des journalistes qui s’en ont fait échos dans les colonnes des journaux, sites internet comme Guineelive et même à la radio nationale.

Pour toutes ces raisons, , William Fernandez avait demandé à la cour d’appel de Conakry de confirmer le jugement rendu par le Tribunal de première instance de Kaloum dans cette affaire. Nous étions le 29 juillet 2013.

Ce lundi 16 décembre, il était  donc question pour la cour de confirmer le jugement rendu par le tribunal de première instance de Kaloum dans cette affaire à savoir qu’il n y a pas eu de  diffamation dans cette affaire. Mais curieusement, les parties en procès ont trouvé ce lundi un autre Procureur de la République qui s’appelle certes William Fernandez mais qui ne ressemble pas du tout à l’autre william Fernandez qui avait plaidé en toute indépendance le 29 juillet.

Aujourd’hui, le même Dez pour les intimes a affirmé haut et fort et sans ambages  que l’autre fois quand il plaidait dans le dossier des 1999 carats de diamants, qu’il n’avait jamais  lu le dossier et qu’il ne savait vraiment pas le contenu du dossier. Et quand Me Rafi Raza lui a posé la question de savoir comment il a plaidé dans ce dossier sans qu’il ne sache de quoi il s’agissait, William Fernandez affirme « vous ne devez  pas vous  étonner puisque j’ai  une pile de dossier à traiter et parfois je peux oublier ». Sans commentaire.

 Ce qui fait dire à un autre avocat que dans ce dossier, William Fernandez a étalé son incompétence.

Finalement, William Fernandez a demandé la réouverture du dossier et le président de la cour a fixé cette réouverture à la date du 30 décembre 2013.

Seulement voila, William Fernandez n’est pas n’importe qui dans l’appareil judiciaire guinéen. Il est le procureur de la république, autrement l’empereur des poursuites.

 De janvier 2013 au mois de juillet 2013, c’est lui qui a plaidé au nom de l’Etat et de la société guinéenne dans l’affaire de l’attaque contre la résidence privée du chef de l’Etat le 19 juin 2011.

Dans ce procès, William Fernandez a réclamé la peine de mort pour de nombreux détenus. Et finalement Commandant Alpha Oumar Diallo, alias AOB et Jean Guilavogui ont écopé de la réclusion criminelle à perpétuité et de lourdes peines pour les autres détenus. Et si  William Fernandez affirme aujourd’hui, je cite  « vous ne devez  pas vous  étonner puisque j’ai  une pile de dossier à traiter et parfois je peux oublier », il y a lieu de craindre le pire pour la justice guinéenne. En tout cas, c’est la justice même qui est mise en cause à travers ses déclarations peu catholiques du procureur de la république  puisque un procureur de la république est capable de plaider dans un dossier qu’il n’a jamais lu ou pris connaissance en allant jusqu’à demander la confirmation du jugement rendu en première instance.

Mais ce n’est pas étonnant puisque récemment, un homme arrêté pour le meurtre de l’ancienne directrice nationale du trésor, Madame Aissatou Boiro a été libéré et repris par les forces de défense et de sécurité. Et en remontant les enquêtes, il s’est avéré que la signature du substitut du procureur « aurait été imitée » on ne sait par qui pour que ce détenu retrouve la liberté sans être jugé. Et depuis, la justice guinéenne ne dit rien dans cette affaire.

Mais comme le ridicule ne tue pas dans ce pays, il faut s’attendre à ce que William Fernandez affirme le 30 décembre que le général Sékouba Konaté n’a jamais pris de diamants à Bouna Kéita et que l’ancien président de la transition a raison.

En tout cas ce qui est constant, c’est que  William Fernandez a passé ses congés à Paris où se trouvait le général Sékouba Konaté. De retour au bercail, il est aussi passé par Casablanca au Maroc où Roda Fawaz, ancien consul de la Guinée au Maroc gère actuellement  un hôtel.

Il est donc temps et grand temps pour le président Alpha Condé de se pencher sur la réforme de la justice guinéenne puisque   des choses pas du tout catholiques se passent au sein des cours et tribunaux sans que personne ne s’indigne comme Stéphane Hessel.

Almamy Kalla CONTE