Dans une lettre datée du 18 avril dernier, adressée au doyen des juges d’instruction du TPI de Dixinn, le président de l’UFDG porte plainte contre Alhassane Condé. Le chef de file de l’opposition accuse le ministre Condé d’avoir tenu à son encontre et à celui de son parti des propos ‘’haineux, injurieux, diffamatoires et ethnocentriques’’.

Ces propos, selon la plainte, sont tenus le samedi 28 mars 2014, à 21h 30, lors d’une émission animée par Marie Josée YOMBOUNO sur RadioGuinéeSud.com, une radio en ligne.

Dans cette lettre dont nous détenons copie, le président de l’UFDG rappelle les propos qu’auraient tenus le ministre Alhassane Condé : « ‘’l’UFDG est un parti communautaire ; l’UFDG est un parti qui n’est pas tout-à-fait en règle et qui n’a pas un agrément correct ; les militants de l’UFDG sont des provocateurs qui ne connaissent pas la loi et qui descendent dans la rue dès que la loi est appliquée’’.»

Le président du parti, qui s’est constitué partie civile, dit que ses avocats ont un document audio dans lequel le ministre aurait tenu en langue nationale d’autres propos « ethnocentriques ».

Alhassane Condé est également accusé d’avoir tenu des propos diffamatoires contre Cellou Dalein Diallo. Lors de l’émission de Marie, il aurait dit : « Cellou est un menteur, un voleur et un prédateur… »

Dans cette lettre que Cellou a adressée au doyen des juges d’instruction du tribunal de Dixinn, il est mentionné qu’ «attendu également que Monsieur Alhassane CONDE met en doute la légalité de l’UFDG en violation des lois et règlements du pays, notamment l’article 3 de la Constitution qui fixe les conditions dans lesquelles les partis politiques se constituent et exercent leurs activités sur l’ensemble du territoire national ; qu’un ministre de la République ne saurait agréer valablement un parti politique qui s’identifie à une race, une ethnie, une religion ou à une région ; qu’en outre, l’article 4 de la Constitution dispose : ‘’La loi punit quiconque par un acte de discrimination raciale, ethnique, religieuse, par un acte de propagande régionaliste, ou par tout autre acte, porte atteinte à l’unité nationale, à la sécurité de l’Etat, à l’intégrité du territoire de la République ou au fonctionnement démocratique des Institutions’’ ; que ces propos manifestement antirépublicains de Monsieur Alhassane CONDE violent délibérément les dispositions des articles 3, 4, 8, 10 et suivants de la Constitution du 7 mai 2010 qui fixent notamment le régime juridique des droits civils et politiques des citoyens guinéens, la création des partis politiques et l’exercice de leurs activités ; ce faisant, ils portent gravement atteinte à la paix, à la cohésion sociale et à l’unité nationale dans la mesure où ils stigmatisent des citoyens guinéens pour leur appartenance ou non à une ethnie, un parti politique et une région ; que les allégations proférées par Monsieur Alhassane CONDE contre le Président Cellou Dalein DIALLO sont constitutives de dénonciation calomnieuse, de diffamation et d’injure.»

Ces infractions, selon la lettre, sont prévues et réprimées par les dispositions des articles 370 et 371 du Code pénal.

«Attendu que de tels propos ne peuvent être tenus impunément par un ministre de la République dans l’exercice ou à l’occasion de ses fonctions, sauf pour encourager le racisme d’Etat; que dans le cas d’espèce, Monsieur Alhassane CONDE jouissant de deux (2) statuts, celui de ministre de la République et celui de personne ordinaire, a sciemment agi en, cette dernière, qualité de citoyen ordinaire. C’est pourquoi les plaignants saisissent la Justice pour, non seulement faire valoir leurs droits, mais aussi et surtout, consolider l’unité nationale, l’Etat de droit et la démocratie dans notre pays. Les plaignants entendent se constituer partie civile et réclament l’application de la loi contre Monsieur Alhassane CONDE et le paiement d’un franc symbolique au titre des dommages et intérêts.»

Il faut préciser que Cellou Dalein Diallo a pour conseils dans cette affaire Me Raffi RAJA et Me Saliou DANFAKHA, avocats à la Cour.

Toutefois concernant cette plainte, certains observateurs se demandent si réellement elle produira l’effet escompté. Quand on connaît l’impunité qui caractérise le fonctionnement du gouvernement Condé. Cela ne ressemble-t-il pas à un simple coup d’épée dans l’eau ? Attendons de voir. La question est de savoir si la machine judicaire avec l’arrivée du ministre Cheick se mettra en marche pour faire comparaitre Alhassane Condé, quant on sait aussi que Cellou Dalein en contentieux avec Malick Sankhon avait lui aussi échapper aux mailles des filets du tribunal par la manière que tout le monde est sensé savoir.

Aly Badara Condé