Chers amis des médias,
Chaque année, à cette époque, je vous invite à un point de presse pour présenter les activités déployées au cours de la semaine de l’Europe. Le 9 mai en effet, nous fêtons l’Europe. Pour rappel: le 9 mai 1950, 5 ans à peine après la fin de la deuxième guerre mondiale, Robert Schuman, Ministre Français des Affaires Etrangères, a tendu la main à l’Allemagne, l’ennemi séculaire, en lui proposant de reconstruire l’économie européenne ensemble, afin de rendre la guerre impossible sur le continent et de répandre la paix et la prospérité dans le monde.

Et chaque année, j’ai l’impression que ce rappel historique devient plus pertinent encore.
Nous sommes une culture fascinée par les chiffres ronds, les anniversaires sont des bonnes occasions pour nous rafraîchir la mémoire.
• Ce 9 mai, nous ne fêtons pas uniquement l’acte fondateur de l’Europe d’aujourd’hui, nous fêtons cette année aussi les 25 ans de la chute du mur de Berlin, symbole de la division européenne, et les 10 ans de l’élargissement de l’Union européenne vers 10 pays de l’Europe Centrale et Chypre. L’élargissement de l’Europe à la Bulgarie et la Roumanie quelques années plus tard et à la Croatie l’année dernière, confirment, s’il le faut, l’attrait que l’Europe, ses valeurs, sa gouvernance, sa démocratie continuent à avoir sur nos voisins, malgré toutes les critiques sur le projet européen.
• Nous fêtons également les 20 ans des premières élections inclusives de l’Afrique du Sud de l’après-apartheid.
• Mais nous devons aussi commémorer 20 ans de génocide au Rwanda, et les 100 ans de la première guerre mondiale en Europe. J’ai grandi à Bruges, pas très loin des tranchées de l’Yser, pas très loin des cimetières militaires de la première guerre mondiale, pas très loin d’Ypres, où tous les soirs encore, le « last post » résonne sous la coupole de la porte de Menin, à la mémoire des dizaines de milliers soldats morts au combat et dont le nom y est inscrit dans la pierre pour l’éternité.

Cette année, la fête de l’Europe prend un caractère tout particulier aussi parce que 400 millions d’européens sont invités à aller voter la semaine du 22-25 mai prochain pour le renouvellement du Parlement européen. Ils ne peuvent pas oublier l’histoire, les leçons de l’histoire. La guerre commence où le dialogue 3

s’arrête. Et le meilleur lieu pour l’organisation d’un dialogue civilisé, basé sur l’écoute mutuelle et l’équilibre des pouvoirs, c’est la démocratie.
La démocratie n’est pas une valeur acquise une fois pour toute. L’égoïsme particulariste peut triompher sur l’intérêt général et la tyrannie sur la démocratie si nous n’y prenons garde, les années trente du siècle dernier en Europe en sont une triste illustration. La démocratie est une plante fragile, qui se soigne au jour le jour, qui doit s’enraciner profondément dans la terre du « vivre ensemble », pour qu’elle ne soit pas balayée à l’heure de la tempête. La démocratie ne se gagne pas le jour des élections, mais se construit au quotidien, dans la manière de préparer les élections, dans la manière de gérer les résultats, dans la manière de promouvoir le sens civique et une culture démocratique en dehors des tensions de la campagne, à l’école, dans les médias, au sein des familles, au quotidien.
L’Europe veut s’engager dans ce dialogue, dans la promotion d’une culture démocratique. La semaine de l’Europe est l’occasion rêvée pour dialoguer. L’année dernière, vous vous rappelez, nous avons organisé un festival du film Europe-Afrique. Il a eu un grand succès populaire et un écho positif dans les médias. Nous avons donc voulu renouveler l’expérience cette année encore. Mais nous avons également voulu nous rapprocher davantage encore des populations et des préoccupations des populations.
C’est pour cela que nous avons délocalisé une partie du programme au cinéma de Rogbané à Taouyah. C’est pour cela aussi que nous avons voulu travailler autour d’un thème bien spécifique. Et quel thème plus pertinent pour les citadins que la problématique de la ville, de l’avenir des jeunes en ville, en banlieue. La Banlieue de Conakry défraie souvent l’actualité. Mais la banlieue ne doit pas être comprise simplement comme le lieu d’une jeunesse en mal de vivre. La jeunesse guinéenne est l’avenir de ce pays, elle est aussi dynamique, créatrice, bâtisseur. Comment se réapproprier l’espace urbain et organiser le vivre ensemble dans la paix et la quiétude, comment se construire un avenir, comment confirmer sa citoyenneté, prendre ses responsabilité et participer de manière constructive à la vie de la cité. Voilà des questions auxquelles chacun de vous est confronté au quotidien.
Dans ce contexte, permettez-moi d’ouvrir une rapide parenthèse. Ces dernières années, les Guinéens ont dû faire face, stoïquement, au choléra et aux inondations, à la méningite et à la rougeole, et aujourd’hui encore à Ebola. Permettez-moi de féliciter les autorités pour la transparence avec laquelle elles ont géré cette dernière crise, pour la collaboration exemplaire avec la communauté internationale pour organiser la riposte. Permettez-moi aussi, j’y tiens, de rendre hommage, publiquement, au Docteur Sakoba Keita et son 4

équipe, au personnel soignant, aux nombreux volontaires de tout bord, et en particulier du croissant et de la croix rouge, qui se sont investis, courageusement et sans relâche, contre le fléau d’Ebola. La Guinée n’avait pas besoin de cela, mais dans l’épreuve, on connaît ses amis, dans l’épreuve aussi on peut resserrer les rangs et renouer avec les réseaux de solidarité nationale.
Si je peux revenir à la semaine de l’Europe, je dois dire que le programme que mes collaborateurs ont concocté me paraît exceptionnellement riche et varié cette année, avec des films grand public, des documentaires, des pièces de théâtre, des exposés et des débats pour lesquels nous avons pu mobiliser un parterre tout à fait remarquable de panélistes qui vont alimenter la discussion avec le public. Ce programme est le fruit d’un partenariat exemplaire avec les autorités guinéennes qui nous ont facilité l’organisation du festival, d’un partenariat exemplaire aussi avec les Etats membres de l’Union européenne.
• les Etats membres présents à Conakry, la France en premier lieu qui met à notre disposition le Centre Culturel Franco-guinéen et son équipe dévouée et compétente, mais également l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni qui nous ont prêté des films et documentaires,
• mais pour la première fois aussi des Etats membres non représentés à Conakry, la Belgique qui nous prête également un documentaire tout à fait remarquable et la Suède qui, non seulement nous prête un film mais qui nous a appuyé aussi dans la mobilisation des jeunes dans les quartiers et qui nous honore avec la présence jeudi prochain de son ambassadeur accrédité auprès de la République de Guinée, S.E.M. Per Carlson.

Parmi les partenaires nationaux, nous ne pouvons pas ne pas mentionner explicitement le Ministre de la Culture qui nous a encouragés sans cesse dans notre action et le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile qui, non seulement assurera la fluidité de la circulation autour de nos points de chute ces prochains jours, mais qui nous a également autorisé de présenter les premiers résultats du travail fait dans le cadre du projet pilote d’appui à la création d’une police de proximité.
Nous ne pouvons manquer de remercier non plus M. Jean-Emmanuel Saadi qui nous accueillera dans son cinéma de Taouyah, ainsi que M. Mohamed Bangoura qui animera les panels, les panelistes bien sûr, les artistes, les jeunes qui ont posé pour la photo du festival et tous ces jeunes qui ont participé aux documentaires, enquêtes, pièces de théâtre,… ces jeunes qui de par leur participation déjà se réapproprient la banlieue et s’ouvrent un avenir.
Permettez-moi aussi de remercier les universités Gamal Abdel Nasser, Nongo Conakry, Mahatma Gandhi et Mercure International qui, comme l’année dernière, ont joué le jeu de sensibilisation de leurs étudiants à nos activités, et 5

les lycées Koumandian Keïta 3, Sylla Lamine et Saint-Georges et le collège de Ratoma qui se sont joints à nous pour la première fois cette année. Je leur souhaite une participation nombreuse et fructueuse à nos activités.
Avant d’en finir et passer la parole à Mamadou Alimou Sow et Sophie Picavet, responsables de la programmation, et qui vont vous présenter en plus de détail le programme de nos journées européennes, je voudrais vous inviter vous aussi à couvrir activement ces journées de l’Europe. Sans médias relais, pas de dialogue qui porte, sans médias responsables qui participent au débat sociétal, pas de démocratie participative…
Je vous remercie.