Si on se réfère aux multiples combats légitimes que mènent les communautés qui sont assujetties aux mœurs esclavagistes contre les négationnistes qui sont décidés à ressusciter la féodalité, la réponse à la question est sans équivoque, oui. Que faire  pour éviter ce point de non-retour ?

Une réflexion audacieuse et un débat constructif sur les causes réelles des conflits peuvent être une alternative prometteuse à la violence, afin de proposer des solutions adéquates qui sont en phases avec notre temps.
Ces dernières années, certains compatriotes expliquent souvent l’origine des conflits par des manipulations politiciennes. Personnellement, je pense qu’il s’agit des raccourcis qui ne reflètent pas la réalité de la situation. Plusieurs conflits sont antérieurs au multipartisme en Guinée.
La situation a été incontestablement instrumentalisée par quelques concitoyens  qui ne sont pas à l’origine des injustices qui règnent au Fouta depuis des siècles.
La meilleure façon de connaître les causes réelles des affrontements entre communauté au Fouta consiste à mener des enquêtes de terrain dans la plus grande neutralité.
Pour ceux qui seront tentés de relever ce défi, un article intéressant a été publié dans ce sens le 21 Mai 2014 par Mr. Abdoulaye Bah. Dans cet article intitulé « Violents affrontements à Mamou : le constat de l’envoyé spécial de Guinéenews à N’diaré », Mr. Bah écrit : « A 20 mètres de Bantakoutou, l’inspecteur indexe une haie en cours de construction mais dont les travaux sont aux arrêts. « C’est cette nouvelle frontière qui oppose les deux villages. Je suis affecté à Porédaka depuis 2010. Mais c’est le seul dossier que je gère. Apparemment, c’est un lopin de terres qui les oppose mais derrière, il y a toute une histoire. En quête d’interlocuteur, Ibrahima Sidibé, 56 ans, se porte         porte-parole de Bantakoutou en l’absence des notabilités convoquées à Mamou. …………… Pour M. Sidibé, la terre en litige appartient à Bantakoutou, et non à N’diaréqui évoque un droit coutumier. ……Par ailleurs, M. Sidibé a dit que son village n’est plus prêt à se soumettre et que la terre les appartient ».  Fin de citation.
Les causes des conflits sont connues par les personnes qui ont eu l’occasion de passer plusieurs années au Fouta. Il  ne servira donc  à rien de jouer à la politique de l’autruche ou de continuer à nier l’évidence.  L’honneur de l’administration locale et de la justice est de régler les conflits conformément aux lois de la République de Guinée et non selon un droit coutumier lié à la féodalité injuste et absurde.
Pour ceux qui pensent que les conflits intercommunautaires au Fouta peuvent être réglés par une baguette magique à la méthode de Mr. Lemmy Diallo (qui propose  que le domaine soit neutre et qu’il soit dans les escarcelles de l’autorité) se trompent.
Une telle proposition ne peut être acceptée par les propriétaires du domaine en conflit car il s’agit d’une solution hypocrite et transitoire qui n’aura aucun effet sur le long terme.

Pour ceux qui ignorent encore les causes profondes, elles se résume comme suit :
–         La première, c’est le droit à la construction des mosquées abritant les prières de vendredi et des fêtes par des villages assujetties aux mœurs esclavagistes sans ingérences des négationnistes.  C’est le cas de Gadha Satina (Labé) et de Pampa (Mamou).
–         La seconde reste le problème domanial qui est généralement caractérisé par une politique d’expropriation des « descendants d’esclave » en utilisant des prétextes fallacieux hérités du système féodal qui ne tient pas.
Il est important de savoir que toutes ces causes ont un dénominateur commun appelé «droit coutumier» que les négationnistes cherchent à ressusciter quelque soit le prix à payer.
Sur ce plan, ils trouveront sans doute une résistance impeccable avec le seul mot d’ordre « le combat sans pitié contre les ennemies du Fouta ».

La stabilité et la cohésion intercommunautaire ne peuvent être obtenues sans une remise en cause objective et sincère des protagonistes. Cela passera par l’abandon du projet suicidaire appelé « droit coutumier » par les uns et l’accalmie sur l’histoire douloureuse pour les autres.
Dans ce cas de figure, les protagonistes partiront sur de nouvelles bases où toutes les communautés auront le même droit et devoir dans la société « Foutanienne ».
Ce qui permettra à toutes les communautés  au Fouta de vivre sur la terre de leurs ancêtres sans violences et de réaliser les lieux de cultes de leur choix.
Ce compromis permettra l’instauration d’un climat de paix et de la cohésion sociale entre les communautés.

Dr. Mamadou Baïlo CAMARA