Le parquet du tribunal de première instance de Kaloum a convié ce mercredi des OPJ, officiers de polices judiciaires de la commune de Kaloum à une rencontre sur la professionnalisation de leur métier.

Algassimou Diallo et ses pairs en présence du procureur général près la cour d’appel de Conakry ont souligné la nécessité pour les auxiliaires de justice de professionnaliser leur travail.  La chaine pénale est très mal tenue et des problèmes ne manquent pas. Il n’est pas rare de voir  les OPJ  s’immiscer dans les affaires de créances avec  des gardes à vue de plusieurs jours, voir des mois et autres dossiers civiles qui ne relèvent pas de leur compétence.  L’essentiel pour eux selon le parquet général Hassan I Diallo, c’est le pourcentage qu’ils obtiennent une fois l’argent obtenue. Ce qui n’honore pas la profession et met en péril le parquet devant les avocats et les défenseurs des droits humains dans les audiences au niveau des cours et tribunaux.

Le procureur général près la cour d’appel de Conakry Hassan I Diallo a fustigé ces comportements tout en mettant un accent particulier sur l’habilitation. « Désormais, tout officier de police judiciaire qui n’est pas habilité ne doit pas instruire un dossier au risque de s’exposer aux sanctions disciplinaires,  administratives ou même pénale », a prévenu le parquet général.

En outre, les OPJ ont désormais l’obligation d’informer tous les jours le parquet des dossiers sensibles  qu’ils instruisent. « Pas question de ligoter un citoyen encore mois le battre à mort, torturer pour obtenir des aveux », prévient le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Kaloum, Algassimou Diallo.

Un autre problème évoqué au cours de la rencontre, c’est la gestion des procès verbaux  à l’enquête préliminaire qui pose problème. « Ces procès verbaux sont  parfois illisibles et plein de contradiction. Le problème, c’est que c’est fait par des OPJ qui ne peuvent pas former une phrase simple », affirme Algassimou Diallo.

Les officiers de police judiciaire eux se sont préoccupés de l’immixtion du parquet général dans les dossiers judiciaires en cours d’instruction. « À tout moment, le parquet général appelle pour nous dessaisir des dossiers judiciaires alors que des enquêtes sont en cours. Que faire dans ces conditions », demande un OPJ.

NDLR : tonnerre d’applaudissement des officiers de police judiciaire dans la salle. A propos, il semble que le parquet général près la cour d’appel de Conakry excelle dans ce travail en intimidant les OPJ pour leur dessaisir des dossiers moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.

Cette situation a été condamnée par  le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Kaloum, Algassimou Diallo qui a demandé aux officiers de police judiciaire de ne se référer qu’aux parquets d’instance et non au parquet général.

Bref, l’assistance à l’ordre public que les OPJ  et les magistrats font doit se faire dans les règles de l’art, ont souligné les parquetiers. Si un OPJ fasse mal son travail,  le parquet qui est l’empereur des poursuites est forcement inquiété par la cour et les avocats lors du procès. Et puisque le parquet et les OPJ sont complémentaires, les deux parties sont convenues de se donner la main pour bien faire leur boulot.

Par rapport aux conditions de travail, Algassimou Diallo dira que depuis trois ans qu’il est au tribunal de première instance de Kaloum, il n y a pas eu de subvention de l’Etat. « Parfois, l’Etat ne nous donne que deux ramettes et cinq stylos comme subvention ».

Cela veut tout dire, pour ce qui est des conditions de vie et de travail des magistrats. Qui avait  d’ailleurs dit que la justice guinéenne est corrompue ?

 

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