L’épidémie meurtrière d’Ebola met la  Guinée, encore une fois, à la  une des media internationaux.La dernière fois que j’ai tant entendu parler de mon pays, c’était en 2009, en Septembre et les mois qui suivirent.

Les sous-titres étaient les mêmes que ceux d’aujourd’hui:….Parmi les plus pauvres du monde, où la misère est reine, abandonné et mal géré,  un pays blessé, aupassé et passif lourds etc… Avec des interrogations troublantes qui feraient croire qu’on parle d’une planète maudite où les  peines et les folies se chevauchent.
Les épidémies et les accidents sont choses courantes. Dans nos sociétés croyantes, elles sont considérées comme des jugements de Dieu, des manifestations de sa troublante et indiscutablevolonté qui demandent encore plus de foi pour cimenter l’endurance et la survie. Mais,dans notre pays, chaque accident réveille des peines qu’on voudrait vainement oublier.  Discutant récemment au téléphone avec ma famillede l’épidémie d’Ebola,  j’entendais un chœur: Eh Dieu ! La guinée n’a pas besoin de cela. On ne reconnaît pas la ville. Chacun est renfrogné ! Les gens ne se saluent plus.  On se fuit. Qu’avons-nous fait à Dieu pour mériter cela ? Je leur répondis : Rien. J’étais profondément touchépar cette interpellationvenant des tréfonds de la faillite d’une nation, de cet appel de détresse à Dieu.
Alpha Condé s’est séparé de ses homologues du Liberia et de la Sierra-Léoneaprès une réunion d’urgence sur l’épidémie. Les deux autres chefs d’états lui avaient fait l’honneur d’être l’hôte de la rencontre. Eux, ils  retournent dans leur pays et ont décliné de participer en personne au show de Washington DC.  A la place, ils vont participer à  des téléconférences. En ces temps de crise, c’est ce que demandent le travail pour lequel ils ont été embauchés et l’honneur qui leur est fait d’être à la tête de leur nation. Mais Alpha Condé, en ignareincurable, avec soncaractère primesautieret ses instincts de pachyderme a décidé dese précipiter à Washington.
 Le centre américain de contrôle des maladies a indiqué que  vont êtresoumises à la désinfection toutes les personnes abord d’avions en provenance de la Guinée, du Liberia et de la Sierra-Leone. Sans exception.  La désinfection n’a certes aucun effet sur la bêtise humaine ; mais,pour quelques instants, je me surpris en train de rêver que le président guinéen allait refuser de se soumettre à cette mesure qui est humiliante de quelque façon qu’on la tourne. Surtout qu’il laisse derrière lui un pays endeuillé par la perte d’une quarantaine de jeunes ; un pays qui est meurtri par une maladie des plus horribles des temps modernes. Je me remis vite de mes illusions en me rappelant que nous avons affaire à un homme qui a montré que la  compassion lui est étrangère; que les mots dignité et considération n’ont aucune résonnance dans sa caboche.  
Au peuple de Guinéed’en prendre acte. Et, comme les rêves sont irrépressibles, j’espère que ces gestesoutranciers et cette criminelle désinvolture vont accélérer l’arrivée des temps pours’organiserafin de balayer cette chienlit du pouvoir. Nous n’avons rien fait à Dieu. C’est, plutôt et plus simplement,  que nous n’avons pas  fait ce qu’il fautjusqu’à présent contre  la vermine qui sévit depuis plus de 50 ans dans le pays.  Ce qui nous arrive est plus du fait de cette démission que d’une quelconque offense àl’Etre-Suprême.

Plume extérieure de Ourouro Bah