On ne cessera jamais de le dire, entre les discours du président Alpha Condé et les faits sur le terrain, il y a une distance océanique. La gestion du chef de l’Etat reste caractérisée par le clanisme et l’ethnocentrisme où la famille et les proches sont au centre. Lisez plutôt ces révélations du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) invité d’un panel de médias, dont Guinéenews, dans une émission intitulée « Sans Tabou », a pointé un doigt accusateur sur les marchés de gré à gré dans les travaux publics. Pour Cellou Dalein Diallo, l’Assemblée nationale va demander des comptes au ministre des travaux publics, Mohamed Traoré.
 
Selon des enquêtes faites par des partenaires au développement, il semble que plus de 60% des marchés publics attribués, sont des marchés de gré à gré alors qu’en terme de ressources utilisées, 80% des dépenses publiques l’ont été dans le cadre de marché de gré à gré », entame Cellou Dalein Diallo.
 
Citant quelques marchés de gré à gré dans un secteur des travaux publics, le leader de l’UFDG prend le cas de la réhabilitation de la voirie publique de Conakry pour 27 kilomètres par l’entreprise OAS, dont on dit très proche du Palais. « C’est un marché de gré à gré. Les prix unitaires appliqués, c’est dix milliards au kilomètre à Conakry, alors que des marché en cours d’exécution attribués à la suite des appels d’offre comme sur la route Labé- Sériba- Madina Gounas, c’est quatre milliards le kilomètre. Le premier lot qui a été exécuté, c’est frontière- Boummehoun, soit une distance de 115 kilomètres pour trois milliards le kilomètre », a-t-il affirmé.
 
Outre cette route, le leader de l’UFDG a également cité l’autoroute Sonfoniah- Kagbelen attribuée sans appel d’offres avec six millions d’euros le kilomètre. « Alors que nous avons réalisé Enco 5- Sonfoniah à un million de dollars. Vous avez l’Autoroute Km 36- Coyah, mais c’est trois millions d’euros le kilomètre, un prix trop élevé. Entre Dabomba- Km 36, c’est six millions d’euros le kilomètre. Ce sont là des marchés de gré à gré sans appel d’offres. Le gouvernement vient de réhabiliter la route Kissidougou- Kankan de sept mètres de large pour 300 millions d’euros, qui n’est pas du tout une Autoroute, soit 1,5 millions le kilomètre », déclare le leader de l’UFDG.
 
Pourtant, prenant la route Kankan- Kourémalé longue de 217 kilomètres avec les ponts sur le Djelibakoro à Kankan et sur le Tinkisso à Siguiri, Cellou Dalein Diallo rappelle que tout le projet a été fait à moins de 100 millions de dollars pour 217 kilomètres. « Le pont sur le Djelibakoro, c’est 500 mètres, c’est le plus grand ouvrage de franchissement en terme de longueur. On a fait tout ce projet à moins de 100 millions de dollars pour 217 kilomètres », a-t-il dit.
 
Pour Cellou Dalein Diallo, le code de marchés stipule que pour toute commande publique supérieure à vingt millions de francs doit être précédée d’un appel à la concurrence. « Vous ne pouvez pas attribuer un marché de 300 millions d’euros à un marché de gré à gré. Vous devez lancer un appel d’offres avec vos conditions pour garantir l’égalité des chances aux entreprises, d’abord guinéennes, pour l’accès au marché public », martèle-t-il.
 Et d’enchaîner : « Si vous prenez le beau-frère du président avec une entreprise associée, vous dites que je vous donne ce contrat de 300 millions d’euros à 1,5 millions d »euros, quelqu’un n’était-il pas à même d’offrir 1,5 millions d’euros ou 500 euros. Vous ne pouvez pas justifier le marché de gré à gré. Pour faire un appel d’offres, vous devez réaliser les études, avoir un coût confidentiel, lancer un appel d’offres ».
 Pour M. Diallo, octroyer un marché de gré à gré à un proche de la famille présidentielle est suspect. « Lorsqu’on dit qu’on veut améliorer la gouvernance, il faut mettre fin à ces pratiques », a-t-il renchérit.
 En tant que député, n’est-il pas important de convoquer ce ministre à l’Assemblée nationale ? « Nous le ferons, l’opposition parlementaire a recensé les marchés de gré à gré octroyés. Cela a un triple impact. D’abord, c’est une violation des autres, qui peuvent compétir et qui ont des capacités, c’est de l’injustice et de la discrimination. Ensuite, c’est la gestion des fonds publics », ajoute l’ancien premier ministre guinéen.

Source: Guineenews