Le code de la famille en vigueur en Guinée date de 1998. Il est au niveau de l’Assemblée nationale pour une révision. Pour attirer l’attention des décideurs à tous les niveaux sur des inégalités de genre dans le document, des ONG féminines guidées par le Centre FECPA (Femmes, Citoyenneté et Paix)  a entamé une série de plaidoyer. La première étape de la démarche s’est déroulée au ministère de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance.

La cérémonie a commencé par une prière pour le repos de l’âme des victimes de la maladie d’Ebola. Il est ensuite revenu à la directrice du Centre FECPA, porte parole de planter le décor en en ces termes : « La Guinée a été la référence pour beaucoup de pays africains en ce qui concerne l’élaboration du code de la famille. En 1962 déjà, la Guinée avait son code de la famille. Six ans après, il a été amélioré. En 1975, le Sénégal s’est inspiré de notre code. Aujourd’hui, ils sont en avance sur nous. Notre code en vigueur date de 1998. Et quand vous évoquez les insuffisances du code, les juristes vous disent qu’ils ne font qu’appliquer la loi dans sa rigueur. Ce qui nous choquent, c’est par exemple l’âge du mariage chez le jeune garçon est de 18 ans et chez la jeune fille, on parle de 17 ans. L’autre aspect choquant concerne l’autorité familiale. C’est-à-dire qu’à l’absence de l’homme dans le foyer, il n’y a pas une autre autorité. Nous plaidons pour une autorité parentale. Le même code nous dit qu’il n’y a l’adultère chez l’homme que lorsque que son acte d’adultère se passe sur le lit conjugal. Et la femme, dès qu’elle sourit à un homme, on cri à l’adultère… » Selon madame Michèle Sona Koundouno, le code n’est pas claire en ce qui concerne les violences conjugales faites aux femmes. Elle a aussi rappelé que lors de la rencontre internationale de Bejing sur les conditions de la femme, la Guinée a pris de nombreux engagements qui sont restés dans les tiroirs, faute d’application. Elle fera remarquer qu’au niveau de la fonction publique, seul l’homme bénéficie d’une allocation familiale et la famille est laissée pour compte. En plus, les hautes fonctions de prises de décisions sont toujours attribuées aux hommes. « Il ya eu des tentatives de révisions du code et c’était dans les discours et non dans les faits. La volonté politique manquait. Cette fois-ci, nous pensons que les choses se feront car le document est à l’hémicycle. Nous venons plaider auprès de vous madame la ministre pour que vous transmettez à vos collègues ministres, membres du gouvernement nos inquiétudes » A soutenu la porte parole des femmes. Dans sa réponse, la cheffe de département des actions sociales a salué la démarche et s’est déclarée prête à accompagner le plaidoyer. « Toute guerre qui se fait pour moi sans moi, est contre moi. La guerre pour la validation du code civil est d’abord une guerre au féminin. J’étais récemment à Genève pour la présentation du 7ème et 8ème rapport sur la discrimination faite aux femmes. Là bas, je n’ai pas manqué de souligner nos souffrances. L’essentiel de mon intervention était autour de ce code de la famille. Par votre démarche, je sais maintenant que je ne suis pas seule à mener le combat. Nous allons nous battre pour que nos droits soient reconnus et respectés. Notre cri de cœur sera transmis à qui de droit. Si le ministère de la justice consistait un frein, à ce jour, il est devenu un atout », a martelé madame Sanaba Kaba.