Une victoire éclatante que tous les guinéens doivent célébrer : Bakayoko a écopé 2 mois de prison avec amende. On note toutefois des dissensions dans les rangs des démocrates qui sont pourtant si véhéments sur l’internet quand on touche leurs militants.

En fait, la victoire contre les menées dangereuses et déstabilisatrices de Bakayoko est une victoire du pays tout entier – président et opposition confondue. C’est une démonstration exceptionnelle – pour ne pas dire inédite – de la solidité de notre unité nationale. Durant le combat âpre contre les propos de Bakayoko qui ne sont sûrement que la pointe de l’iceberg d’un complot plus vaste,  les «DÉMONCRATES» de renom, les juges et les meutes de l’opposition auront fait preuve d’une bravoure exceptionnelle pour – non seulement neutraliser l’ennemi – mais aussi laver l’honneur sacré des présidents de la République et de l’UFGD. Nous en appelons à un sommet de tous les politiciens pour sabler le champagne. La nation entière, incluant les guinéens de l’extérieur, doit  accompagner cette célébration par les mamaya coutumières avec comités de soutien spontanés et messages de félicitation.  Les slogans sont prêts: Bakayoko traitre ; Bakayoko saboteur; Bakayoko  ennemi des traditions de respect aux aînés ; Bakayoko inculte ; mort et enfer à qui ose s’attaquer aux chefs de tribu dans leurs fiefs.
Je trouve la sentence infligée à Bakayoko trop légère. En vue de maintenir la paix civile et l’ère de prospérité qu’inaugure cette victoire des forces politiques du pays, je suggèrerais au juge de service d’en rajouter. Par exemple, obligation devrait être faite à Bakayoko, du fond de sa cellule et à chaque prière, de réciter des versets sacrés pour remercier Dieu d’être citoyen de l’émergente démocratie guinéenne. En d’autres circonstances on l’aurait simplement pendu.  Il devra apprendre par cœur la constitution avec omission obligatoire de tous les articles relatifs à la liberté d’expression qui  – comme on vient de le voir– demandent jurisprudence désormais quant à leur champ d’application. Ceux qui croyaient que critiquer les ennemis de son ami, ouvrirait des portes autres que celles des prisons, devront réviser leur compréhension. Ceux qui veulent renvoyer dos à dos les dirigeants de l’opposition et de la présidence devraient demander l’avis de leurs avocats avant de prendre le micro. On vient implicitement d’inscrire dans la jurisprudence comme délit, le fait de douter de la capacité des dirigeants. À sa sortie de prison, pour prouver sa bonne foi et son repentir ainsi qu’en guise de service civique, Bakayoko devra faire une autocritique dans laquelle il définira pour les citoyens du jour et de l’avenir, les catégories de personnes qu’on peut critiquer publiquement en Guinée,  sans voir ses biens pillés ou se faire envoyer au cachot.  Si il n’a pas d’inspiration où s’il a peur des réactions imprévisibles, il pourrait, comme  dans les fables de la Fontaine, utiliser des noms d’animaux.  Pour ne pas qu’il soit déchu  de l’honneur d’être guinéen, Bakayoko devrait être mis en observation. Avec des actes  vérifiables par un comité ad-hoc (composé des censeurs de l’opposition et de la présidence), il devra montrer qu’il a bien  absorbé les traits distinctifs de notre culture politique: l’infinie capacité d’oublier les torts et l’infinie élasticité dans le pardon des crimes, l’admiration maladive des tortionnaires, la magnanimité envers les tueurs et les violeurs, la bravoure sadique sur les innocents et les sans-protections, la flagornerie sans vergogne devant toute parcelle de pouvoir réel ou supposé, etc. Enfin, Bakayoko devra prouver qu’il n’a pas une once de ressentiment  qui pourrait éventuellement être utilisée par les comploteurs ou les saboteurs, ennemis de la démocratie. Pour ce faire, il devra publiquement demander pardon aux meutes illuminées et soulées d’ignorance qui ont  brulé sa voiture.  Au besoin, il pourrait les féliciter et les encourager à soumettre au même traitement, tous ceux qu’ils soupçonnent de s’opposer à leur leader. Enfin, Bakayoko ne devrait surtout pas oublier la visite de courtoisie traditionnelle des prisonniers politiques guinéens à leurs tourmenteurs. Les tragiques  cycles de l’impunité permanente font que ces tourmenteurs ont pour nom aujourd’hui, Cellou Dalein et Alpa Condé. Bakayoko devrait faire  preuve de modestie et  leur signifier sa gratitude d’avoir été leur rare – sinon unique – terrain d’entente, en ces temps de hautes tensions politiques. Il devra indiquer qu’il leur restera redevable à vie de découvrir du fond d’une cellule de prison les bienfaits de notre démocratie et la chance d’être vivant. Mais si d’aventure il rencontrait en personne les chefs de file de l’opposition qui ont brillé par le silence et leur condamnation pendant son épreuve,  Bakayoko devrait les mettre en garde sur la vraie raison de son arrestation. Discrètement, il faudra qu’il leur explique qu’en réalité ce n’est pas lui qui est visé. En effet, Alpha Condé a récemment dit à des intimes à New-York, que les premiers ministres qui le critiquent pour ses  visites aux USA alors qu’Ébola fait des ravages en Guinée, se la coulaient douce quand il était en prison. Il a promis de leur faire payer cela très cher. Dans la foulée il a menacé en public de faire arrêter tous ceux qui l’insulteraient. Bakayoko n’était qu’un test. Maintenant qu’Alpha est assuré de  la complicité silencieuse et active des opposants, il peut passer à l’exécution de la vengeance promise.  

Ourouro Bah