Les 29 et 30 novembre 2014, aura lieu à Dakar (République du Sénégal) le 15ème sommet de la francophonie avec pour thème « Femmes et jeunes, vecteurs de paix et de développement ». Sous l’égide du président Sénégalais, Macky Sall.

Parmi les invités, figurent plus de 77 chefs d’Etat ainsi que des littéraires, professeurs, Hommes de culture et ONG.

Pendant ce sommet, il est à parier que la situation du virus Ebola dominera l’essentiel des débats dans la mesure où ce virus est à cheval entre 3 pays de la sous-région ouest Africaine et dont un seul est membre de la dite organisation à savoir : la Guinée.

En effet, notre pays, la Guinée, traverse une situation sanitaire extrêmement difficile tant sur le plan intérieur qu’extérieur.

Sur le plan intérieur, la propagation du virus ne faiblit pas malgré l’ensemble des dispositifs préventifs pris par l’Etat et nos partenaires au développement dont le courage et la bravoure sont à saluer. Ainsi, naissent dans le pays, des initiatives de jeunes dans  les quartiers, communes, préfectures et sous-préfectures pour faire face à cette situation.

A ce jour, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dénombre 1 142 morts sur 1 878 cas en Guinée.

Notre pays, la Guinée n’est certes pas doté d’un système sanitaire efficace mais avec les initiatives préventives des uns et autres accompagnés d’une forte présence de nos partenaires tels que : OMS, médecin sans frontière (MSF), le virus tend à disparaitre à petit feu.

Dans un combat sanitaire semblable à celui qui est mené actuellement en Guinée, il n’y pas de place à la dimension politique. Nous devrions plutôt renforcer la mobilisation pour faire face à cette terrible maladie au travers des conseils, des dons etc.

Sur le plan extérieur, malgré cette situation difficile que traverse la Guinée, mise à part le Sénégal, aucun pays n’a fermé ses frontières de façon durable. Le Mali n’y a même pas songé.

En tant que jeune Guinéen, c’est avec consternation que j’ai appris la fermeture durable des frontières du côté du Sénégal. Ce qui est le droit le plus absolu des autorités sénégalaises.

Au moment où d’autres pays comme la France, les USA, le Cuba nous ouvrent leur bras, notre voisin, le Sénégal  nous ferme sa porte. Le Sénégal et la Guinée partagent plusieurs kilomètres de frontières communes et ont, presque, la même culture (sens de l’accueil, religion, nourriture, etc.). Alors, le choix des autorités sénégalaises bien que normal est incompréhensible.

Le Sénégal et la Guinée sont deux pays sous-développés dont certains habitants vivent encore de culture vivrière. En effet, fermer les frontières, c’est bien évidement créé des surplus de production des deux côtés de la frontière. Pour preuve, on constate avec regret la pourriture des pommes de terre et autres produits récoltés / cueillis dans  la région du Foutah Djallon en République de Guinée. On note au Sénégal une pénurie de certaines denrées en provenance de la Guinée.

Depuis des années, il y a un nombre important de guinéens et de sénégalais qui vivent  des deux côtés des frontières.

La culture Africaine accorde une place primordiale au bon voisinage si toutes fois les voisins reconnaissent  leur proximité.

Quel que soit l’importance de ce sommet, il serait regrettable que le président Alpha Condé y assiste car sa présence validera de facto la décision des autorités sénégalaises.

Certains me diront pourquoi ne pas y aller car le président Alpha Condé a accepté de se rendre aux USA et dans d’autres pays au moment où Ebola sévissait fortement en Guinée.

Pour ma part, les différents voyages du président Alpha Condé revêt deux aspects positifs : d’une part ses voyages ont permis de mieux informer l’occident sur la maladie afin que ces pays puissent dégager un budget assez conséquent pour la lutte contre ce virus et d’autre part éviter la fermeture des frontières aériennes. Ce qui est non négligeable car la fermeture des frontières est synonyme de vivre en autarcie, coupé du reste du monde donc aggraver d’avantage la situation.

Le choix des autorités Sénégalaises étant clair, il est du devoir de la Guinée de prendre acte de cette décision et surtout de faire comprendre que de telles mesures sont néfastes pour le bon voisinage.

Il est curieux de constater qu’aucun leader Africain n’a publiquement demandé au président Sall l’ouverture rapide des frontières. Pire, il a fallu le dernier sommet de la CEDEAO à Accra pour que cette organisation sous régionale demande la réouverture des frontières.

L’ouverture des frontières aériennes est effective à ce jour pour des choix politiques car pour que les autorités guinéennes puissent assister au sommet, il faut bien évidemment s’y rendre en avion. Sans ce sommet, les frontières seraient restées fermer sans état d’âme.

A noter que l’un des remèdes de la lutte contre un problème sanitaire tel qu’Ebola demeure la prévention. Les autorités sénégalaises pouvaient par exemple intensifier les contrôles à la frontière pour mieux protéger son peuple. Malheureusement, elles ont tout simplement refusé encore l’accès du sol sénégalais à un certain nombre de guinéens en provenance de Paris dont le tort a été le non atterrissage de leur  avion à Conakry pour motif d’intempéries.

De quels Afrique voulons-nous ? Celle avec ou sans frontière ? Comment construire l’Union Africaine (UA) si toutefois nos dirigeants sont incapables de créer une symbiose entre les différentes nations?

En outre le thème du sommet de la francophonie est révélateur de la vision qu’attend la jeunesse Africaine : un continent Africain sans frontière même en cas de situation sanitaire grave.

Comment pouvons-nous  parler de paix et de développement si l’un des voisins tourne  le dos à l’autre au moindre soubresaut de quelque nature qu’il soit ?

Les dirigeants africains ont commencé la construction de l’unité africaine bien avant les européens. A ce jour, c’est l’Europe qui nous conseille sur notre destin commun.

Il est grand temps que chaque dirigeant africain comprenne que l’Afrique de demain c’est d’abord une Afrique sans les frontières.

Mamoudou MARA
mamoudoumara@hotmail.com