Docteur Yansané Fanfan Mouké Touré, chirurgienne dentiste de formation et membre de l’observatoire des droits de l’enfant  a accordé une interview à la rédaction du site guineelive.com. Dans cet entretien, nous avons parlé de la célébration de la fête internationale des femmes, des cas de viols et violences sur les femmes, des prix qu’elle a reçu et la nomination de sept (7) femmes dans les postes stratégiques de l’actuel gouvernement guinéen.

Lisez !

Bonjour Madame ! Veuillez vous présentez SVP ?

Je suis Dr. Yansané Fanfan Touré, chirurgienne dentiste de formation. J’évolue dans plusieurs ONG, telles que l’observatoire des droits de l’enfant. Je suis à la FEFA (fédération des femmes entrepreneures et femmes d’affaires de l’Afrique de l’ouest). Nous venons d’organiser la première foire de la FEFA. Nous sommes dans la section Guinée et nous avons eu l’honneur de recevoir les deux premières dames de la république la semaine dernière. Il s’agit de la première dame de Guinée et de la première dame de Turquie. Elles ont eu l’occasion de visiter nos stands et ont apprécié les expositions que nous avons faites. Nous avons fait l’exposition des articles africains : les tissus indigo, les statuettes, la transformation des aliments. Elles ont fait des achats, et  elles ont encouragé les productrices  guinéennes. Et vraiment la cérémonie fut belle.

Vous venez de gagner successivement des prix. Dites-nous quels sont ces prix ?

J’ai eu des prix de 2014 à 2016. Des prix qui m’ont été offerts en fonction de ce qu’ils ont vu sur le terrain. Vous savez, le plus souvent les activités sont médiatisées. D’autres ne sont pas médiatisées. Mais, avec tout ça les gens ont vu un peu ce que j’ai pu faire sur le terrain.

D’abord, j’ai eu le prix de la COP-Guinée, opinion 21. J’ai eu ce prix en qualité de femme d’exception. En plus, j’ai eu le prix de meilleur investissement social avec Gnoumassé Daffé,  comme femme de l’année. J’ai eu un prix avec l’ambassade des Etats-Unis, à cause des consultations dentaires gratuites que j’ai faites à trois reprises à l’ambassade des Etats-Unis. Donc, eux aussi m’ont donné trois satisfécits par rapport à cela. Et après chaque consultation, on avait plus de 500 personnes qui sont référées dans les différents centres de la capitale pour faire des soins. Il ya eu aussi le prix de la fondation André Flamy. Il m’a récompensé pour mes efforts dans la promotion des femmes et des enfants.

Ensuite, j’ai eu un autre prix pour le 8 mars, spécialement avec OMEGA (organisation des mères et enfants d’Afrique en général) avec la présidente fondatrice, Mme Martres Dédé Bokoni. Elle vit en France. Mais, elle fait des actions en Guinée, au Congo, au Niger, au Sénégal, et dans plusieurs pays d’Afrique. Elle est vraiment reconnue en France et partout en Afrique. Donc, elle m’a offert un prix pour le 8 mars. Elle a un orphelinat à Conakry vers Kobayah où elle a beaucoup d’enfants déshérités. Elle s’occupe d’eux à distance,  elle vient même souvent les voir.

Ce prix vous a été offert pourquoi ?

Elle m’avait recommandé un patient, une petite fille qui avait fait un accident de la voie publique. Une moto est venue la renverser. Elle avait pratiquement perdu toutes les dents de devant. Nous avons réussi à lui faire ça gratuitement. Donc, depuis ça elle est en contact avec moi. Elle a profité de son séjour à Conakry pour m’offrir ce prix lors du 8 mars à l’occasion d’une grande fête.

Alors, qu’est-ce qui vous inspire de la célébration de la journée du 8 mars comme fête des femmes?

Etant femme, je dirais que la journée du 8 mars est un symbole de la prise en main de nos destins. Mais, c’est un combat qui se mène tous les jours. C’est un combat au quotidien. Et je trouve que le thème de cette année ‘’l’autonomisation des femmes et  le développement durable’’ est toujours d’actualité. C’est un thème qui colle toujours. Donc, je dirais que le combat des femmes est partout pareil. Il n’y a pas de différence de race, de frontière, ni de religion. Toutes les femmes ont les mêmes problèmes. Et je pense que beaucoup d’avancées ont été faites pour les femmes pour leur autonomisation,  pour leur promotion. Mais, les attentes restent jours en deçà, car les disparités continuent. Donc, le 8 mars, je me dis que c’est un jour où il faut s’arrêter pour voir toutes les réalisations et les acquis de la gente féminine et voir les perspectives. Et voir tout ce qu’on a à faire pour améliorer les conditions de vie des femmes.

Alors, les femmes demandent plus de parité, et qu’est-ce que vous visez réellement ?

Au début, on demandait 30% de parité. Mais, actuellement, on sait dit qu’il nous faut 50% pour qu’on soit au moins au même niveau que les hommes. Et qu’à travail égal, à diplôme égal, qu’on ait un salaire égal. Il existe trop de  disparité. Il existe des violences contre les femmes. Tous les jours que Dieu fait les femmes sont les premières à se lever et les dernières à se coucher. C’est elles qui sont le pilier de la famille, le baromètre de la société. Mais elles sont toujours en marge. Et nous constatons aussi le phénomène de violence : les violences conjugales, les mutilations génitales féminines. Encore les phénomènes de viol qui se repend dans toute la capitale et les milieux ruraux. Donc, c’est un grand problème pour les femmes qu’il faut résoudre.

Donc nous demandons la parité. Puisque, quand une femme a les bouches de la famille ça devient une famille heureuse, car c’est elle qui s’occupera de l’éducation des enfants. Elle va s’occuper de leur santé, la nourriture, les problèmes scolaires. Alors que quand c’est l’homme qui a les bouches de la famille, il peut vraiment prendre ça et l’utiliser à d’autres fins. Mais, une femme qui a les moyens économiques,  elle serait obligée de mettre au service de sa famille y compris son mari. On n’a pas dit que le féminisme, on va enlever les hommes, puisque les hommes qui doivent nous encadrer, nous accompagner, mais on veut toujours aussi faire passer notre voix et que notre voix soit comptée.

Sept (7) femmes occupent des postes stratégiques dans l’actuel gouvernement guinéen. Quel commentaire faites-vous ?

Nous avons été très fières que le président de la république, Pr alpha Condé, ait nommé sept femmes dans le gouvernement à des postes stratégiques, tels que les finances, les travaux publics, la coopération, les affaires étrangères, etc. D’habitude, c’est le ministère des affaires sociales qui était seulement réservé aux femmes. Mais, si on a atteint sept, je pense qu’on est très fière. Mais on encore demande plus. On aurait aimé qu’il ait au moins quinze femmes. Si on n’a pas la parité pour avoir moitié-moitié, au moins qu’on ait 15 à 17 femmes dans le gouvernement. Mais, je pense que ça viendra. Déjà c’est un bon début surtout qu’elles occupent vraiment des postes stratégiques. C’est ce qui m’a beaucoup touchée. Et puis le rajeunissement aussi. Il y a la féminisation bien sûr, mais il ya le rajeunissement aussi des femmes qui sont à tous ces postes là. Parce que les finances, je pense que ce sont des postes qui sont très importants.  Et je trouve que c’est une bonne chose. On aimerait qu’il ait des femmes de plus. Car même à l’Assemblée Nationale on n’a pas le quota qu’il faut. Mais c’est un début. C’est plus que les premières législatures.

Les cas de viol et de violences basées sur le genre deviennent de plus en plus récurrents. Quel appel lancez-vous dans ce sens pour freiner ce fléau?

Ce que je lancerais comme appel, il faut que les gens soient vigilants. Et que les services de sécurité, une fois qu’ils ont la main sur un violeur, qu’ils essaient de traduire l’affaire en justice et d’aller jusqu’au bout. En Guinée, il y a l’impunité.  Ici, on peut commencer les problèmes, on  ne les termine pas. D’abord, Il faut que les familles s’impliquent. Dans toute chose, il faut l’éducation  de base. Quand on n’a pas d’éducation, on ne peut rien faire. Il faut éduquer les hommes, les femmes, les petits garçons et les petites filles. Je sais que l’enseignement de la morale à partir de l’école primaire est important dans ce sens. Si l’on enseigne à l’enfant la morale et qu’il évolue avec ça jusqu’à  terminer l’université par ou à faire un métier, il saura ce qui est bon et ce qui n’est pas bon. C’est un phénomène contre lequel il faut beaucoup lutter, le phénomène de viol. Il se répète chaque jour à Conakry et dans les milieux ruraux. Donc c’est un phénomène qui doit arrêter. Et pour cela il faut qu’on arrête l’impunité.

Votre mot de la fin ?

Pour finir, je souhaiterais une bonne fête de 8 mars à toutes les femmes. Je leur demanderais de ne pas baisser les bras et que c’est bien beau de demander la parité. Mais qu’il faut y mettre du sien, en se formant et en se surformant. La base c’est l’éducation. Celles qui ne sont pas parties à l’école, qu’elles essaient de s’alphabétiser ou qu’on les alphabétise. Qu’elles apprennent. Celles qui ont été à l’école qu’elles ne se contentent pas de ce qu’elles ont comme connaissance. Je leur demande de continuer à se surformer, même par la simple lecture ou en assistant aux différents congrès, des ateliers de formation. Cela forme beaucoup. Puisqu’en assistant à ces séminaires on peut se former aussi. C’est pour que quand on est à diplôme égal on peut demander la parité et le même salaire qu’un homme.
Merci madame
C’est moi qui vous remercie

Entretien réalisé par Daouda Yansané

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