Depuis le limogeage de Domingos Simoes Pereira, Premier ministre, en août 2015, la Guinée Bissau vit une situation de crise politique au sein du parti au pouvoir, le PAIGC, et au sommet de l’Etat, conduisant à une défiance du président de l’Assemblée nationale populaire à l’encontre du Président de la République.

Malgré l’intervention des diplomates de la CEDEAO et de la communauté internationale, à Bissau, ainsi que l’implication de Présidents ouest-africains, la crise n’a cessé de s’accentuer, plongeant le pays dans une situation économique sans précédent dont la conséquence immédiate sera l’impossibilité de payer les salaires des fonctionnaires et hommes en uniforme, à partir d’octobre prochain.

Face à cette situation préoccupante, la communauté internationale a mandaté le P5 (représentants des NU, de l’UA, de l’UE, la CEDEAO et la CPLP ‘Communauté des pays de langue portugaise’) pour tenter une médiation. En vain.

C’est ainsi que la 49ème Session ordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO a décidé, à Dakar, d’envoyer la présente mission de médiation de la dernière chance pour empêcher la crise de prendre une nouvelle tournure.

Composée de la présidente de la conférence des Ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO qui est la cheffe de la diplomatie libérienne, l’émissaire du médiateur guinéen dans la crise bissau-guinéenne, le Ministre d’Etat Secrétaire général de la présidence de Guinée, le Ministre sierra léonais des Affaires étrangères, ainsi que le président de la commission de la CEDEAO.

La journée du mardi 06 septembre a été consacrée à la concertation de la médiation et des différents acteurs impliqués dans la crise.

Au sortir des échanges et à la demande de la médiation, les parties s’accordent sur trois point : l’organisation d’un dialogue inclusif (dont les parties prenantes et l’ordre du jour seront déterminés par les acteurs politiques), l’idée d’un Gouvernement de consensus pour stabiliser le pays jusqu’à la prochaine présidentielle, dans deux ans, ainsi qu’une relecture de la Constitution, dont l’interprétation favorise la crise au sommet de l’Etat.

La même démarche se poursuivra ce mercredi, à la clé la rencontre avec d’autres partis politiques du pays, le Président de l’Assemblée Nationale populaire, le Premier ministre et le Président de la République.

Suite à ces rencontres, la médiation ouest-africaine préparera un Accord autour des trois points susmentionnés, et s’il est accepté par les différentes parties, il pourrait être signé ce jeudi 08 septembre, en présence de Chefs d’Etat de la sous-région.

Historique

Pour rappel, la Consitution Bissau-Guinéenne prévoit qu’il revient au parti majoritaire à l’Assemblée nationale de choisir le Premier ministre. Ce qui a été avec la nomination de Domingo Simon Pereira et Simon Coreira, tous deux proposés par le PAIGC (57 députés sur 102 à l’Assemblée).

Mais, la crise a débuté au PAIGC avec l’exclusion d’une quinzaine de députés pour s’être abstenu de voter le programme du Premier ministre Carlos Coreia, et le refus du parti à reconnaitre l’actuel Premier ministre du pays, Baciro Dja, faisant partie des 15 députés exclus du parti. Selon ses partisans, la même constitution qui donne le pouvoir au parti majoritaire de choisir le Premier ministre, prévoit que le Président de la République peut nommer une personnalité du même parti à la Primature, en cas de crise sans issue. C’est le nœud de la crise actuelle à Bissau : l’interprétation de la constitution. D’où, l’initiative de la médiation, à moyen terme, de relire la constitution, si possible l’adapter aux nouvelles conditions du pays.

 

Une dépêche de Cheick Ahmed Tidiane Diallo depuis Bissau