En charge du dossier depuis début juin 2016 pour trancher sur le sort des deux trafiquants internationaux d’espèces animales protégées, le tribunal de première instance(TPI) de Dixinn est de nos jours en train de montrer ses limites. Aboubacar Bayo a été appréhendé en flagrant délit de détention, circulation, commercialisation, importation et exportation de deux autruches par les agents du Ministère de l’Environnement grâce au soutien de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) le 27 mai 2016. Le présumé trafiquant et son fournisseur à partir du Mali pays voisin, Salifou Nyangado, co-auteur de la commission de l’infraction, furent déférés devant le TPI. Après l’instruction, l’affaire a été renvoyée dans le délai devant la juridiction pour jugement qui, jusque-là n’a fait que des reports sur le procès.

En rappel, la Guinée a été sanctionnée d’une suspension par tous les pays membres de la CITES (convention international sur le commerce des espèces de la faune et de la flore sauvage menacées d’extinction, présentée comme la plaque tournante de la criminalité faunique en Afrique de l’Ouest. Depuis 5 ans, l’Etat guinéen s’est engagé avec l’appui des partenaires et les organisations non gouvernementales(ONG) à respecter et faire appliquer la loi nationale sur la faune sauvage et les conventions internationales à cet effet. Aujourd’hui, le pays se réjouit de cette mesure ayant conduit à l’arrestation et condamnation d’un nombre importants de trafiquants fauniques. Ce, pour dire que le gouvernement guinéen entant combattre de partout les fronts toutes formes criminalité faunique.

Pour cela, les différents tribunaux de Conakry et ceux de l’intérieur du pays ont l’ultime obligation de traiter avec diligence tout cas de dossier relatif à la criminalité faunique et de faire appliquer la loi dans toute sa rigueur. Mais ce qui se passe auprès du tribunal de première instance(TPI) de Dixinn laisse à désirer, d’autant plus que le dossier sur les deux autruches saisis des mains de deux trafiquants internationaux y traine. Ce qui, aux dires des défenseurs de l’Environnement, constitue un retard sans précédent et une inquiétude pour les ONG (organisation non gouvernementale) et lesconservateurs de la nature.

Revenant sur les faits, le présumé Aboubacar Bayo a été appréhendé par le Corps des Conservateurs de la Nature grâce à l’appui de GALF en flagrant délit de détention, circulation, commercialisation, importation et exportation de deux autruches, espèces animales inscrites à l’annexe 1 de la loi nationale. Lors de son audition, il a cité le nom de Salifou Nyangado de nationalité malienne comme étant son patron et fournisseur potentiel. Les deux bourreaux de la faune guinéenne et sous régionale seront entendus et renvoyés plus tard devant le TPI de Dixinn en début juin 2016.

Depuis lors, le tribunal entre dans son jeu de renvoi du procès pour empêcher, dit-on, les mis en cause d’assumer leur responsabilité dans les locaux de la maison centrale de Conakry. Pire, on constate qu’ils sont sous contrôle judiciaire et ne se présentent pas à l’audience.

De toutes les façons, la Guinée a un champ à labourer aux yeux de la communauté internationale pour s’attendre à la levée de la sanction qui la pèse dessus depuis 2013. Quant aux tribunaux, ils appliquent la loi dans cet effet, puisque les décisions de justice sont toujours obtenues en ce qui concerne les infractions fauniques.

Rappelons que jusqu’à 2013, la loi faunique étant méconnue par les tribunaux était pas appliquée. C’est pourquoi le tribunal de Dixinn devrait prendre en compte cette situation pour que l’audience sur cette affaire qui n’a que trop durée, ait lieu avec toute la diligence possible afin que les deux mis en cause puissent se situer sur leur sort. Ce qui est une inquiétude majeure et une préoccupation de tous les défenseurs de la biodiversité.

Il faut rappeler que le trafic d’espèces est un crime organisé transnational. Il représente le 5ème commerce illégal le plus important monde amassant de plus 20 milliards de dollars chaque année.

Affaire à suivre

Fatou Kourouma