Dans une interview accordée au reporter de Guineelive.com, l’un des avocats des avocats guinéens pour la défense d’Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité, s’est exprimé sur des sujets concernant l’extradition de son client à Conakry, sa sécurité et sa situation carcérale à la maison centrale.

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Guineelive.com : S’il vous plait présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis Me Paul Yomba Kourouma, avocat à la cour chargé de la défense de la cause d’Aboubacar Diakité dit Toumba.

Aboubacar Toumba Diakité a été extradé le dimanche dernier à Conakry. En tant qu’avocat et défenseur des droits de l’homme, quel est votre avis ?

L’extradition de monsieur Aboubacar  Sidiki Diakité dit Toumba nous achemine directement vers la manifestation de la vérité dans cette affaire. Elle nous permettra d’édifier aupeuple de Guinée qui est assoiffé de justice et permettra également à Toumba de balayer d’un revers de la main comme il le dit déjà des graves accusations sans fondement qui pèsent sur lui. Il a entendu au cours de son exil, de son séjour à l’étranger assez de déballages. Des langues se sont déliées lui ont imputé des charges. Il avait entrevu de revenir au pays pour édifier le peuple de Guinée, pour apporter sa part de vérité dans cette affaire et pour dévoiler à l’opinion nationale et internationale sur les tenants et aboutissants de cette affaire. Les  implications qui a eu et même son intervention en vue d’éviter ce qui est arrivé. Nous sommes en cours d’instruction, nous n’entrerons pas dans le fond de l’affaire. Monsieur Toumba surprendra plus d’un guinéen et édifiera l’humanité progressiste. Il est venu très serein. Son extradition  intervenue dans des circonstances que nous connaissons, en violation manifeste des lois de la république du Sénégal. Ce pourquoi d’ailleurs notre confrère s’est insurgé et crie à un kidnapping.

Nous venons d’apprendre que vous êtes constitué pour la défense de Toumba. Dites-nous le motif de cette constitution ?

Comme devez le savoir, je suis avocat de la liberté, avocat des causes justes, avocat des gens qu’on veut trainer dans la boue. L’on veut faire porter à Aboubacar Diakité dit Toumba la paternité de tout ce qui est arrivé au stade du 28 septembre. Les gens avaient pensé qu’il n’aurait jamais refait surface sur le territoire guinéen et qu’ils pouvaient se décharger et continuer à vaquer à leurs préoccupations et de jouir tous les avantages dus au rang qu’ils occupent maintenant. Nous avons été  constitués, nous avons bénéficié de la confiance de Toumba dans ce dossier pour  soigner cette cause, pour décrypter  cette affaire, pour  opposer à qui, il conviendra les charges qui malheureusement, maladroitement sont articulées contre Toumba.

Vous venez de la maison centrale, quel est l’état de détention de votre client ?

Vous devez savoir les conditions carcérales dans notre pays. Elles ne sont pas à saluer. Le constat d’ensemble est que la maison centrale de Conakry ressemble à un camp de concentration par sa configuration. Les locaux sont vêtustes, inadaptés et la salubrité n’est pas requise. Les conditions d’habitat, de séjour et de détention ne sont pas vraiment à saluer. Aboubacar Diakité est accueilli dans ces circonstances, dans un milieu précaire comme tous détenus. Il est admis là. Nous avons justement posé ce problème afin que quelques commodités lui soient accordées. L’administration pénitentiaire, le procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn qui promet de s’impliquer  et de lui rendre le minimum de confort, nous a fermement promis de le faire. Actuellement il est admis dans un local plus ou moins acceptable puisqu’il s’agit d’un prisonnier. Nous avons eu à visiter et des douches sont appréciables. Il y a des efforts qui sont quand même en train d’être pris dans le cadre de l’amélioration de sa condition de séjour.

Votre client est cité par beaucoup de personnes comme le responsable présumé de ce qui s’est passé au stade, alors qu’il y a d’autres personnes aussi citées qui jusque-là occupent des postes de responsabilités. Ne craignez-vous pas déjà les deux poids deux mesures dans cette affaire ?

Justement ! Je suis heureux que vous aillez fait ce constat qui n’échappe à personne dans cette affaire. Nous avons vu des hommes agir le 28 septembre ici. Emettre des propos discourtois à l’encontre de nos leaders qui n’accomplissaient que des devoirs constitutionnels civiques. Des gens qui ont  une implication flagrante dans  ce massacre et qui ont été  inculpé par le pool des juges d’instruction, mais qui ont été remis en liberté, qui n’ont jamais été inquiétés et qui occupent des hautes responsabilités dans les différentes  sphères de l’administration publique.

Alors que monsieur Toumba quant à lui  directement arrêté, placé sous mandat de dépôt et écroué  comme telle. Nous avons beaucoup de préoccupations concernant sa liberté, parce qu’il s’agit de quelqu’un de très serein qui n’a pas la langue dans la poche et qui a aménagé sa défense. Nous sommes en train de travailler sur son dossier et il promet ne rien omettre. Il indexera qui le méritera. Il a promis même aux juges de dire la vérité rien que la vérité. Au regard des faits, il entend s’innocenter et entend surprendre l’opinion publique nationale et internationale sur ce qui s’est tramé le 28 septembre.

Le mois dernier, l’avocat sénégalais Me Baba Diop a dénoncé des graves violations dans la procédure d’extradition de Toumba vers la Guinée. Est-ce vous partagez cet avis ?

Maître Paul Yomba Kamano : Maître Diop est un avocat de grande carrure. C’est un avocat talentueux. C’est un grand défenseur des droits de l’homme qui maitrise tous les rudiments de la législation sénégalaise, la législation comparée au niveau internationale. A juste titre qui a été constitué pour la défense de Toumba à l’effet de veiller à cette procédure d’extradition, qui malheureusement a été violée. Il a exercé des recours qui devaient suspendre l’extradition de Toumba, puisque le décret précisait que la validité de ce décret était d’un mois, si les autorités guinéennes ne venaient pas chercher monsieur Toumba. Mais il y a eu plus d’un mois, donc le décret d’extradition était devenu caduque. Il y a d’autres violations que notre confrère a relevées. Le transfèrt de Tomba vers la Guinée  ne se justifie pas. Il a été sacrifié au nom de la diplomatie, de la politique et de la coopération entre Etats.

Est-ce que vous êtes accompagné par d’autres avocats dans votre combat ?

Oui ! Nous avons essayé de renforcer notre arsenal. Nous sommes à ce jour trois avocats. Me Alseny Aissata Diallo, Me Malick Diakité, secrétaire général du conseil de l’ordre des avocats de Guinée et moi. C’est ce trio qui sera chargé d’accompagner Toumba.

Guineelive.com: beaucoup de Guinéens sont inquiets de la sécurité de votre client, est-ce que vous partagez les mêmes inquiétudes?

Maître Paul Yomba Kamano: être  inquiet de la sécurité de Toumba, c’est vraiment juste. Nous partageons l’avis. En tout cas au niveau de la maison centrale les dispositions sérieuses sont prises pour sauvegarder la vie de Toumba. Même moi en tant qu’avocat je suis  soumis à des contrôles sérieux et même nos entretiens sont surveillés. C’est dit aux gardes ne pas écouter, mais de regarder. Cela veut dire qu’à ce niveau là, si ce n’est qu’à nous en tenir  aux dispositifs mis  par  l’administration pénitentiaire, nous pouvons espérer que la sécurité de Toumba sera assurée. Vous  connaissez  les interférences des hommes aux ordres, lorsque les intérêts majeurs seront compromis  l’on pourrait mettre en ballotage ce dispositif sécuritaire et c’est pourquoi nous émettons beaucoup de crainte.

Quel message avez-vous pour le peuple de Guinée dans cette affaire ?

Nous voulons attirer l’attention de l’opinion sur le fait qu’il y a un déséquilibre dans le traitement des prévenus. Il y a une discrimination. Il y a pour les mêmes faits reprochés à des personnes différentes, il n y a qu’un seul qui croupi en prison, alors que les autres bien qu’ayant été entendu par le pool des juges, bien qu’ayant été déclaré inculper continuent d’émerger dans les différentes sphères de l’administration. Ils occupent des portefeuilles ministériels et vivent insolemment dans des bureaux climatisés, dans des voitures climatisées avec tous les avantages. C’est cette situation que nous allons les heures qui suivent présenter au pool des juges d’instructions. Le prévenu lui-même a tenté de le faire aujourd’hui d’ailleurs pour qu’ont les met sous le même régime. Soit on les place tous sous contrôle judiciaire ou alors qu’il regagne la maison centrale pour attendre le jugement.

La présomption d’innocence est de mise pour tous. Il faut de l’égalité des citoyens devant la loi et la justice. Ce qui maintenant n’en est pas le cas pou monsieur Toumba. Nous nous en plaignons sérieusement et ça nous fait craindre l’avenir.

Entretien réalisé par Daouda Yansané

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