Que reste t-il à l’Etat guinéen en ce qui concerne le patrimoine bâti-public ? C’est la question que nous avons tenté de répondre  ces derniers mois après le constat fait sur la disparition du  patrimoine bâti public de Conakry, la capitale guinéenne au profil des particuliers.

A propos, nous avons approché des cadres du Ministère de l’urbanisme et de  l’Habitat qui détiennent la cartographie des domaines de l’Etat. Selon deux cadres qui ont requît le strict anonymat, les documents qui se trouvaient  au Bureau de la conservation foncière de Conakry sont tous falsifiés : « en lieu et place de l’Etat, ce sont de tierces personnes qui ont leur nom sur des documents ». Le plus souvent ajoute un autre cadre du département en charge de l’habitat, les documents sont faits au nom des Libanais. « C’est pourquoi sur les immeubles de hauts standing dans les communes de Kaloum, Matam et Dixinn, vous verrez des noms libanais sur tous les immeubles pour tromper la vigilance des citoyens », crois savoir ce cadre du Ministère de l’habitat qui jure qu’il n y a plus de documents authentiques à  la direction générale du Bureau de la conservation foncière de Conakry depuis l’arrivée du président Alpha Condé au pouvoir.

Chaque jour ajoute cet autre  cadre qui a passé 28 ans dans ce département, « nous enregistrons des falsifications de document en faveur de tel ou tel individu alors que les domaines en question appartiennent tous  à l’Etat et pas aux individus qui changent leur identité en se donnant des noms Libanais.  En tout état de cause, les deux cadres qui ont accepté de prendre langue avec nous jurent que si rien n’est fait, l’Etat ne revendiquera plus de domaine à Conakry parce que les documents authentiques ont tous disparus des placards du Bureau de la conservation foncière de Conakry.

Du pont du 8 novembre derrière le centre culturel franco-guinéen en bordure de l’océan en passant par le siège du parti de l’unité et du progrès, derrière la cour suprême, la cité Donka, le quartier Camayenne,  les bordures de l’océan non loin de la résidence des diplomates de  l’union européenne et des Etats-Unis, des immeubles et hôtels de luxe poussent partout.

Pourtant selon les cadres interrogés, depuis l’administration coloniale, ces domaines sont toujours la propriété de l’Etat guinéen et non des libanais, Ministres  et autres cadres de l’administration qui ont fini par transformer tous les titres fonciers en leur nom.

Il est vrai qu’à sa nomination, le Ministre Lounceny Camara avait juré de récupérer les domaines de l’Etat, y compris le domaine maritime. Mais à l’allure où les immeubles poussent surtout à la corniche sud de Camayenne, il est à se demander si le Ministre Lounceny, proche parmi les proches du président Alpha Condé n’est pas aussi dans la sauce. En tout cas, de l’avis des observateurs, le Ministre ne fait rien pour sauvegarder les domaines de l’Etat.

Les auteurs  de cette situation ne doivent pas dormir sur les lauriers et pour cause. L‘histoire est têtue.  Et comme le conseillait Kéléfa Sall, président de la Cour Constitutionnelle au président Alpha Condé lors de son investiture pour son deuxième et dernier mandat constitutionnel, il faut « Evitez toujours les dérapages vers les chemins interdits en démocratie et en bonne gouvernance, gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes, car si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant ».

Justement, c’est ce qui se passe actuellement en Gambie. Après 22 ans de règne sans partage, l’ancien président de la Gambie, His Excellency Sheikh Professor Alhaji Doctor Yahya Abdul-Azziz Jemus Junkung Jammeh Nasirul Deen Babili Mansa, excusez du peu la liste du nom de Yaya Yammeh est longue, l’heure est au démantèlement des biens du contribuable gambien. En  tout cas, le gouvernement de son pays est passé à l’offensive pour lorgner sur les traces de tous ce que l’ancien président Yahya Jammeh a piqué aux contribuables gambien.

Selon nos confrères de RFI, on parle de 50 millions de dollars (plus de 44 millions d’euros) qu’il a piqué dans les caisses de l’Etat avant son départ en exil, selon le Ministre de la Justice de Gambie qui a animé une conférence de presse lundi 22 mai, à Banjul.

Aboubacar Tambadou, c’est son nom a annoncé « un gel des biens de l’ancien président. Une décision pour l’empêcher de liquider ses biens si la justice lui ordonne de rembourser l’Etat ».

Selon  toujours nos confrères de RFI, « des premières investigations de la police permettent enfin de mettre des chiffres sur les sommes que Yahya Jammeh aurait détournées durant sa présidence. Selon le ministère, entre 2006 et 2017, plus de 3 millions et demi d’euros ont disparu d’un fonds pour la Sécurité sociale et le financement de logements. Pire encore, au cours des quatre dernières années, le président aurait ordonné le retrait illégal de plus de 44 millions d’euros de la Banque centrale, piochant dans des comptes de l’opérateur téléphonique d’Etat, Gamtel. La Cour de justice a donc donné le feu vert au ministère pour geler tous les biens connus de l’ancien dictateur en Gambie. Cela va de sa boulangerie, à son abattoir, en passant par ses fermes et son bétail. En tout, plus d’une centaine de propriétés foncières, 88 comptes en banque et 14 entreprises sont concernés. Le ministre de la Justice insiste en rappelant que les investigations débutent tout juste et que ce n’est, pour l’instant, que la partie émergée de l’iceberg. Une commission d’enquête sera mise en place d’ici juin pour déterminer comment Yahya Jammeh est entré en possession de tous ces biens ».

A bon entendeur….

 

Ousmane Cissé