A l’instar d’autres institutions et organisations de la société civile, le président de l’Institution Nationale Indépendante des Droits Humains a condamné le déguerpissement des citoyens à Démoudoula en cette période des grandes pluies. Il l’a fait savoir au cours d’un entretien accordé au reporter de votre quotidien ligne.

Annonçant son regret face à cette situation, Mamady Kaba a dit : « Nous sommes très révoltés par la situation à Démoudoula. Parce que les populations qui vivent sur ces domaines là ont été facilité par les agents de l’Etat. Les agents indélicats de l’Etat ont permis aux populations de s’installer sur ces terres là, bien que ce soit interdite. Alors, quand les populations en quête d’abri se sont installées sur ces terres, ce sont ces autorités là qui sont des coupables. C’est les agents de l’Etat  qui doivent être recherchés et punis conformément à la loi. Les populations qui s’y sont installées ne sont pas des coupables, mais plutôt  des victimes des dysfonctionnements de l’Etat et ces personnes là doivent être traités avec dignité ».

Contrairement au dédommagement partiel dont parle le ministre de la ville et de l’aménagement du territoire, Mamady Kaba sollicite l’indemnisation de tous les occupants des lieux. « Il est important que l’Etat dédommage tout le monde et leur permet de trouver de nouveaux abris avant de détruire les lieux. Dire que certains ont des documents et d’autres n’en ont pas, c’est un faux débat. Tous ceux qui habitent là-bas ont acquis les domaines par le même moyen et par le même biais. Ils ont été installés par les mêmes autorités et ils sont arrivés de la même manière. C’est pourquoi ils doivent être traités de la même façon. Il est évident que certains ont eu l’intelligence ou les conseils leur permettant de se doter de document pouvant les protéger en cas d’éventualité et les autres n’ont pas compris ça. Mais il est évident que tous soient arrivés de la même façon et par les mêmes moyens. Cela  veut dire qu’ils doivent être traités de la même façon. Qu’ils aient des documents ou non, ils sont tous victimes des mêmes dysfonctionnements de l’Etat et doivent être traités avec dignité ».

Selon le patron de l’INIDH, l’Etat devrait accorder un temps nécessaire, avant de procéder à cette opération : « Le temps nécessaire doit être donné pour qu’ils trouvent un nouveau abri pour leurs petites familles, afin que l’Etat procède au déguerpissement des lieux. Je dois rappeler quelque chose. Le président Alpha Condé s’est battu contre les injustices sous le régime de Lansana Conté, alors il ne faut pas qu’il permette que sous son règne les mêmes personnes et les mêmes comportements se reproduisent. Ça serait catastrophique puisque lui-même s’est battu contre ces comportements et ces comportements ne doivent plus se reproduire sous son règne ».

« On a vu comment  Kaporo-rail a été démoli et les mêmes pratiques ne doivent pas se reproduire sous son règne. Les pratiques respectueuses des droits humains et de la dignité doivent être observées. La différence doit être nette, parce que les deux hommes étaient différents, les systèmes étaient différents, l’environnement était différent et nous voulons observer toutes ces différences là à travers le comportement que l’Etat va avoir face aux habitants de Démoudoula et dans d’autres cas. Les droits humains doivent être respectés en période de démocratie », a-t-il fait remarquer.

Pour éviter d’autres victimes, Mamady Kaba a interpellé le président Condé en ces termes : « Je lance un appel solennel au président de la République, pour qu’il s’implique personnellement au règlement de cette affaire et qu’il permette à ce que toutes les populations soient dédommagées. Il vaudrait que toutes les populations habitant cette zone soient dédommagées avant même leur déguerpissement. Les agents qui s’amusent à installer les populations dans les domaines interdites soient recherchés et sanctionnés  sévèrement afin qu’il y ait des garanties de la non reproduction ».

« Je vous assure que si ces populations sont déguerpies c’est parcequ’il y a un relâchement au niveau de la vigilance de l’Etat. Les mêmes agents indélicats de l’Etat vont installer d’autres populations à la place de celles déguerpies et serait un cercle vicieux auquel nous ne nous en sortirons jamais », ajoute-t-il.

Sur ce, conclu Mamady Kaba, président de l’INIDH, « Nous demandons que les droits des populations soient respectés. S’ils doivent être déguerpis que cela se fasse dans les règles de l’art. Que les populations soient dédommagées ».

Daouda Yansané

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