Le mardi 22 août 2017, la  justice de paix de Macenta a rendu en public son délibéré sur l’affaire Ministère Public contre Foromo Koivogui, poursuivi pour le délit de chasse, abattage, détention, capture, circulation d’espèces animales intégralement protégées. Le prévenu a écopé d’un an d’emprisonnement assorti de sursis.

Depuis l’annonce de cette décision, les autorités administratives en charge des questions environnementales ne manquent pas d’arguments pour saluer le verdict qui pour eux, est un acte fort dans la lutte contre la criminalité faunique enclenchée par le Gouvernement.

Joint au téléphone le colonel Mamadou Bhoye Sow, point focal de la lutte contre la criminalité faunique auprès du Ministère de l’Environnement, précise : « Je pense que la justice est entrain de faire son travail d’autant plus que nous sommes dans une dynamique de sensibilisation des populations par rapport à la gestion durable des ressources naturelles conformément aux conventions internationales auxquelles la Guinée fait partie. Je crois qu’il est important de diffuser cette information et de porter à la connaissance de tous les citoyens que la chasse illégale, la capture, détention, circulation des espèces animales sauvages sans document juridique mérite punition ».

Poursuivant, M. Sow pense que la peine infligée au prévenu Foromo Koivogui est proportionnelle à la caducité du code de faune : « Moi je pense que cette décision est un peu dissuasive. Elle est un peu, parce que les gens ne sont pas punis conformément à leur forfaiture, c’est juste pour une sensibilisation. Je pense qu’on doit passer à la vitesse supérieure avec le nouveau code pour que les gens puissent écoper des peines maximales face aux charges mises à leur encontre en matière de violation de la législation forestière. ».

Quant à M. Mory Camara chef section eaux et forêts de la préfecture de Macenta, la décision est  salutaire : «  Par rapport à cette décision, j’ai le sentiment que la population a déjà une vision très large par rapport au délit forestier. Et à partir de l’instant, chaque citoyen saura comment se comporter vis-à-vis de la forêt tout en respectant la législation forestière en vigueur. Donc, pratiquement je suis très ravi de la décision, un acte à mes yeux, dissuasif pour le village du prévenu mais aussi  pour toutes les zones environnantes. »

A rappeler que  c’est à partir de 5 heures du matin du mercredi 26 juillet 2017 que le braconnier Foromo Koivogui est tombé dans les filets de l’équipe de patrouille du Centre Forestier de Ziamah(CFZ). Il était en flagrant délit de détention de deux céphalophes morts et un pangolin vivant en gestation, des espèces entièrement protégées.

Conformément au code de faune et de la réglementation de la chasse, de tels agissements ne sont pas tolérables. L’article 162 du code de  faune réprime la chasse avec des armes à feu d’un emprisonnement de 3 mois à 1 an et d’une amende de  50.000 à 100.000 GNF.

Ainsi, dans son délibéré du mardi 22 août 2017,  le juge de paix a statué publiquement et contradictoirement sur l’action publique en condamnant Foromo Koivogui à un an d’emprisonnement assorti de sursis et au paiement de 200.000 GNF d’amende. Sur l’action civile, le prévenu est sommé au paiement d’un montant de 3.000.000 GNF à titre de dommage et intérêts à l’Etat guinéen via son Ministère de l’Environnement.

S’exprimant sur la décision, M. Barê Koivogui chef de l’antenne Ziamah qui avait coordonné l’arrestation du braconnier estime être satisfait du verdict : « Je suis très satisfait par rapport à la finition du dossier. ». Car, poursuit-il, au niveau de Ziamah surtout avec le relâché du pangolin vivant en gestation, cet acte va être un sursaut de conscience au niveau de l’ensemble des chasseurs qui tournent autour du massif de Ziamah.

Contrairement aux avis précédents, M. Mamadou Saidou Déba Barry coordonnateur du projet GALF et représentant légal de l’ONG Wara Conservation Project se dit très déçu : «  C’est une déception et un risque sécuritaire pour la vie des agents ayant conduit l’opération de M. Foromo ». Car, poursuit-il, une peine d’emprisonnement ferme avec un montant élevé à titre de dommage et intérêt devraient être infligé au prévenu surtout qu’il y avait suffisamment de circonstances aggravantes : possession d’arme à feu sans permis, ancien volontaire des éco gardes. Pire, s’indigne-t-il, c’est aux alentours de la forêt classée de Ziamah portant sur les espèces intégralement protégées en l’occurrence le pangolin qui est une espèce la plus menacée en Afrique et dans le monde.

Il est à signaler que c’est grâce à la franche collaboration de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) et  les autorités préfectorales  de Macenta que cette décision a été obtenue.

Il faut rappeler que le trafic d’espèces est un crime organisé transnational. Il représente le 5ème commerce illégal le plus important au monde amassant plus de 20 milliards de dollars chaque année.

 

 

Fatou Kouroum