Le Président de l’Institution Nationale Indépendante des Droits Humains, Mamady Kaba s’est exprimé le jeudi 24 août 2017, au cours d’un entretien accordé au Reporter de guineelive.com, sur l’actualité concernant l’éboulement de la décharge d’ordures à Conakry, faisant des morts et des blessés. Dans cet entretien, il a estimé que ce drame pourrait être évité n’eut été la négligence des autorités à faire face à cette situation.

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L’actualité guinéenne est dominée par l’éboulement de la décharge d’ordures à Dar-es-Salam, occasionnant des cas de morts et blessés de certains guinéens. Quel est votre sentiment face à ce drame ?

Je commence par présenter à mon nom personnel et au nom de mon institution mes condoléances les plus attristées à toutes les familles de victimes et au peuple de Guinée tout entier. C’est vraiment un moment de tristesse. Nous avons appris la nouvelle avec beaucoup d’indignation, parce que c’est quand même un drame qui aurait pu être évité si le gouvernement n’avait pas fait preuve de négligence dans le choix des priorités. Vous savez, tout est devenu politique dans notre pays et les efforts sont plus concentrés sur des activités politiques que sur autres choses. Et pourtant dans un pays, tout est prioritaire, il faut travailler à faire en sorte que la priorité des priorités soit des actions qui sauvent des vies humaines comme celle qui aurait consisté à débarrasser Conakry des ordures pour que la population soit plus en sécurité avec leurs biens.

Comme dans plusieurs situations, le Président de la République a promis de débarrasser des maisons d’habitations aux alentours de cette décharge. Quel est votre avis sur cette déclaration ?

Déguerpir des populations en ces lieux n’est pas en soi un problème. Le véritable problème résidera dans le comment le président de la république et le gouvernement vont procéder pour déguerpir ces lieux-là. Est-ce que les gens vont être jetés sous la pluie sans habitat ou alors les gens vont être recasés ? Nous ne savons pas comment le président et le gouvernement vont procéder et c’est à ce niveau là seulement qu’il doit avoir respect ou non à des droits de l’homme.

Mais, nous avons appris que par rapport à ce domaine, le régime du Général Lansana Conté avait reçu des fonds pour faire déménager ces dépôts d’ordures et que d’ailleurs des populations avaient été dédommagées pour quitter les lieux, mais qu’ils n’ont pas accepté de quitter.  S’il y a des gens qui sont indemnisés, ils ne vont pas avoir besoin d’être indemnisés une seconde fois. Ceux qui ne l’ont pas été, doivent être indemnisés. Ceux qui ont été déjà indemnisés doivent quitter les lieux, mais pas sous la pluie.

En période de pluie, on ne peut pas mettre des gens sous la pluie. Il faut trouver une solution alternative pour recasser les gens durant la période de grande pluie. Et après les grandes pluies, faire quand même un discernement entre ceux qui ont été indemnisés et ceux ne l’ont pas été. Ceux qui n’ont pas été indemnisés doivent l’être. Ceux qui ont été indemnisés ne le seront plus parce qu’une personne pour une situation donnée n’est indemnisée qu’une  et une seule fois.

En 2011, le gouvernement avait identifié un site dans la préfecture de Dubréka pour le transfert de ces ordures, mais jusqu’à présent rien n’est fait. En tant que président d’une institution de défense des droits humains, quel appel avez-vous pour le gouvernement à faire face à ce problème ?

C’est une bonne idée de transférer les dépotoirs d’ordures hors de la capitale, mais il faut le faire très vite parce que nous craignons le pire. Ce qui est arrivé est déjà très grave, mais ce qui risque d’arriver pourrait être beaucoup plus grave que ce que nous avons déjà connu. C’est pourquoi il faut presser les pas. Il faut faire vite pour que le pire soit évité. Ce n’est pas seulement au dépotoir que les risques du pire existent. Les risques existent dans d’autres endroits qui n’ont rien avoir avec le dépotoir. Il faut mettre en place de façon urgente une politique qui permet de débarrasser toute la capitale de ces ordures là, parce qu’elles constituent en cette période des pluies des menaces graves sur la santé des populations. C’est vraiment une menace sur la santé publique.

Selon nos informations, les défenseurs des droits de l’homme ont déposé une requête à l’INIDH concernant leur protection sur le territoire guinéen ?

Oui ! J’ai reçu le rapport de l’atelier d’analyse de l’avant-projet de loi portant promotion et protection des défenseurs des droits humains en République de Guinée. Vous savez, je crois savoir que le ministère de l’Unité Nationale avait fait une proposition au gouvernement, un avant- projet de loi au gouvernement et celui-ci n’aurait pas adopté cet avant- projet de loi. Donc, les ONG ont organisé un atelier à Kindia pour revisiter la loi et l’adapter aux standards internationaux. Nous avons reçu le rapport et nous allons l’étudier, apporter notre grain de sel pour que la loi qui va être adoptée soit l’une des meilleures de la sous-région.

Entretien réalisé par Daouda Yansané

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