Habituellement en Guinée, le parti au pouvoir est indexé pour fraude électorale. Mais, depuis 2010, tous les partis en compétition électorale s’adonnent à l’exercice. En 2015, lors des législatives, et le 04 février dernier, au compte des élections communales, le principal parti d’opposition (UFDG) a cassé la baraque (comme le dit-on).

Durant la journée électorale de dimanche dernier, plusieurs partis politiques en compétition, notamment le RPG – Arc-en-ciel et les NFD, ont reproché des cas de fraudes électorales au principal parti d’opposition, l’UFDG, dans ses fiefs traditionnels de Ratoma (Conakry) et en Moyenne Guinée. Au Fouta et dans toute la région de la Moyenne Guinée, le parti du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a basé sa stratégie de fraude sur les votes multiples, le vote des mineurs, l’empêchement et l’intimidation des délégués du parti au pouvoir à accéder aux bureaux de vote.

C’est le cas à Timbi-Madina, une sous-préfecture de Pita. Le principal accusé dans l’organisation et la mise en œuvre de ces cas de fraudes dans ce fief de l’UFDG est le président de la Fédération nationale des planteurs de la pomme de terre, Moussa Parat Diallo. Sans tarder, le RPG – Arc-en-ciel a porté plainte à Pita pour :

  • Recyclage d’anciennes cartes d’électeur,
  • Utilisation massive de vote par procuration,
  • Empêchement et intimidation des délégués du RPG-AEC d’accéder aux bureaux de vote,
  • Déplacement des urnes pour des fins de bourrage,
  • Corruption du président de la CESPI de Timbi-Madina.

Outre ces cas de fraude, l’UFDG est également accusée d’être derrière les violences post-électorales en cours partout où elle doute n’avoir pas réussie à gagner par fraude.

Les récents évènements dans les sous-préfectures de Linsan et de Souguéta (Kindia), ainsi qu’à Kalinko (Dinguiraye), où des véhicules ont été caillassés, des routes barricadées pour empêcher la circulation, causant la mort d’un citoyen à Kindia. Des cases incendiées, faisant 06 nourrissons calcinés, à Kaliinko, à l’appel d’un candidat de l’UFDG.

Sur l’Axe Le Prince, à Conakry, des véhicules caillassés et des citoyens (passants) violentés pour être d’une autre ethnie que celle du leader de l’UFDG, « On te demande, ‘‘Vous êtes de quelle ethnie ?’’ Si tu n’est pas… on s’attaque à toi », nous confie une victime.

Par ailleurs, les propos du chef de file de l’opposition et de certains candidats de l’UFDG en mauvaise position dans les communes de Conakry, appellent également aux violences.

En tournée post-électorale dans les communes et quartiers de Conakry, Cellou Dalein Diallo a affirmé mardi, 06 février, au domicile de Kalémodou Yansané, tête de liste à Matoto : « Les résultats que nous sommes en train de diffuser sont issus des urnes. Si vous entendez parler de la vérité des urnes, c’est bien ces résultats parce que chaque chiffre est appuyé par un PV dûment signé par les personnes habilitées. Alors nous allons tous nous mobiliser pour défendre la vérité des urnes parce que ça, c’est la vérité des urnes. (…) Si les commissions administratives accomplissent leur salle besogne sous l’effet de la corruption ou de l’intimation, il faut vous mobiliser et prendre la rue parce qu’on n’a pas d’autre choix. »

Pourtant, la CENI, selon la loi, est la seule habilité a déclaré les résultats provisoires. Mais, partout, où l’UFDG doute d’être battue, à Conakry et dans plusieurs localités du pays, elle prépare ses partisans à la violence.

« En tant qu’élu, je demande au peuple de se lever (…) Parce que toutes les institutions républicaines inféodées se sont impliquées dans ces élections, y compris le chef de l’Etat, afin que son parti gagne. Tout ça, pour une histoire de 3e mandat… Tout le monde est en fête et on demande le départ d’Alpha Condé, par ces élections. Les résultats sont déjà connus », déclare notamment dans la presse, Sorel Bangoura, tête de liste UFDG de Matam (Conakry). 

Comme en 2015, l’opposition croit que la pression par la violence amènera le parti au pouvoir de reculer pour lui concéder la victoire qu’elle n’aura pas par les urnes.

Amadou Dioum

Observateur politique