La Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’arrête de faire parler d’elle. Après l’épisode de la contestation des résultats des dernières communales par l’opposition, cette CENI attire l’attention des observateurs en n’y parvenant pas à payer les salaires de ces agents au compte du mois d’avril 2018.
Les travailleurs de la CENI appelés agents, assistants ou cadres techniques ne sont pas rentrés en possession de leurs salaires du mois d’avril 2018. Ce qui inquiète nos interlocuteurs est le silence absolu autour des raisons de ce retard. Cette assistante technique que nous avons rencontré raconte que jamais au temps de l’ancien président Bakary Fofana, ce retard ne s’était jamais posé est que c’est la deuxième fois que les salaires accusent du retard.
« Au temps du président Bakary Fofana, les salaires tombaient au plus tard le 25 du mois. Il est vrai que nous avons eu tort de supporter l’actuel président contre l’ancien sans connaitre l’homme qui nous préside à ce jour. Nous avons cru que le disfonctionnement dans la fixation des salaires allait être réglé par Kébé. Au lieu de tout cela, il a lui aussi engagé des gens en fixant leurs salaires au-delà de la norme. Après la présidentielle, le président Bakary avait accordé un treizième mois sur les salaires. Il faut le lui reconnaitre. Même si Kébé ne fait pas autant, mais qu’il paye à temps nos maigres salaires. Le pire est que c’est à l’approche de la fin du mois d’avril qu’il a pris un congé qui lui a conduit à Kankan, laissant les pauvres travailleurs dans la galère… Notre inquiétude est le mois de ramadan qui arrive dans quelques jours seulement ». Nous a confié cette dame qui ajoute que ses enfants sont renvoyés de l’école pour le retard accusé dans le paiement de leur mensualité.
Cet autre agent technique pense plutôt que c’est la fin du règne de l’équipe Kébé qui avance à grand pas. Il enfonce le clou en nous confiant qu’après les élections communales, les commissaires se sont partagés de montants importants en ignorant les assistants qui en réalité constituent les véritables acteurs de l’institution. Il qualifie de méchant et de cupidité les actes posés par le président Kébé. Il se lamente à son tour des durs mots qu’il reçoit tous les matins de la part de son concessionnaire qui lui a même donné un préavis pour libérer la maison d’une pièce et salon qu’il occupe à la haute banlieue de la capitale.
« Nous sommes le 10 mai 2018, nous attendons encore le salaire d’avril. Et comme Dieu sait faire les choses, un des commissaires de la CENI s’est fait volé un montant important dans sa voiture stationnée non loin du siège de l’institution. Cet acte qui n’est pas resté secret a attiré l’attention de ceux qui étaient au bureau et des passants… »
Ainsi, au terme de nos entretiens avec ces deux personnes, nous avons tiré la conclusion qu’elles sont au ‘’ bout du rouleau ‘’ avec l’austérité qui frappe de plein fouet les populations guinéennes et que ce retard sans aucune explication concernant leur salaire en dit long.

Alkhaly CONDE