Le moins que l’on puisse dire, c’est que la croisade contre les journalistes ne faiblit pas au pays du président Alpha Condé. De notre consœur Moussa Yéro Bah en passant par Mamadou Saliou Diallo, l’Administrateur général du Groupe de Presse Le Lynx-La Lance, Diallo Souleymane et certains de ces journalistes, Moussa Moise Sylla, Aboubacar Diallo qui a été condamné lundi par un Tribunal de Conakry pour diffamation envers le Ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie Numérique, Almamy Kalla CONTE fondateur du site Guineelive qui sera situé sur son sort demain jeudi, à Lansana Camara qui a été cueilli mardi et mis directement en prison sans aucune autre forme de procès, excusez du peu la liste est longue.
La liste est vraiment et anormalement longue et pour cause. Tout porte à croire que faire des investigations pour dénoncer les cas de corruption qui gangrènent l’administration Alpha Condé ou parler d’un troisième mandat ressemble désormais à un délit de presse en Guinée sous le magistère du président Alpha Condé. Ce, au mépris de la loi sur la liberté de presse dans ses dispositions des articles 108, 109 et 110 de la loi organique L/2010/02/CNT du 22 juin 2010 portant sur la liberté de la presse.
Lansana CAMARA, directeur de publication du site ‘’ Conakrylive.info’’ et correspondant en Guinée de ‘’Chine-Nouvelle ‘’ suite à une plainte du ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’Etranger, Mamady Touré a passé sa première nuit en prison. Où ? A la maison centrale de Conakry aux cotés des bandits de grands chemins et autres criminels de grands calibres. Son tort aura été de dénoncer un problème de détournement de deniers publics au Ministère des Affaires étrangères dont les dossiers pour le décaissement de l’argent avait atterrit au Ministère de l’Economie et des Finances pour paiement.
Il a été d’abord convoqué à la Direction centrale de la police judiciaire pour les délits de ‘’diffamation par voie de presse’’. Longuement auditionné, le journaliste sera présenté à un juge qui le placera finalement sous mandat de dépôt. Ce qui est contraire à l’esprit de loi sur la liberté de la presse en Guinée.
Pourtant le président Alpha Condé avait juré : « Moi Alpha Condé, Président de la République élu conformément aux lois, je jure devant le Peuple de Guinée et sur mon honneur de respecter et de faire respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre les Institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. En cas de parjure que je subisse les rigueurs de la loi ». Article 35 de la constitution
Alors que dire, sinon qu’en Guinée désormais, c’est la loi du plus fort qui semble régner en maitre absolu. Les pauvres journalistes à qui le pouvoir voudrait fermer la bouche n’ont d’yeux que pour pleurer.
Le Ministre des Affaires Etrangères et des guinéens de l’étranger, Mamady Touré, lui a suffisamment de moyens pour se payer les services d’un avocat. Et pour lier l’utile à l’agréable, il s’est payé les services de Me Dina Sampil, ancien batonnier de Guinée et un  des tenors au barreau de Guinée. Ce dernier a mis tout son poids dans la balance pour que le journaliste qui n’avait aucun avocat pour se défendre aille en prison. Ce, au mépris de la procédure qui sied en la matière.
Il est donc à se demander si en Guinée, nous assistons désormais à une justice au service des Ministres de la République.

Mohamed Soumah