Le dimanche dernier, le chef de l’Etat guinéen a sorti ses « muscles » contre tout ce qu’il est désormais convenu d’appeler « ceux qui pensent autrement que lui ».
A propos, ses proches que sont Sanoussy Bantama Sow et Amadou Damaro Camara, respectivement Ministre des Sports et du patrimoine Historique et député de la majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale ont presque tout nié au nom de leur chef.
Pour rétablir la vérité des faits, votre quotidien en ligne Guineelive s’est procuré les échos sonores du ce discours du président Alpha Condé. A vous d’apprécier…
« Si les gens sont prêts pour le débat politique soyez prêts et s’ils sont prêts pour l’affrontement, soyez prêts aussi. C’est cela la réalité. Quand tu denses avec un aveugle, il faut le piétiner parfois pour qu’il sache qu’il n’est pas seul sur la piste. En Guinée, c’est très simple. La plupart des opposants ont gouverné. Alors, expliquez aux jeunes quel était leur bilan. Ne vous laissez pas impressionner, ni effrayer. Voilà la bataille. Je suis très calme, c’est pourquoi je laisse les gens s’agiter, mais ils ne trompent personne. La grève des enseignants l’année dernière, il y avait quelque chose derrière. C’était des gens qui pensaient qu’ils peuvent renverser le gouvernement en s’appuyant sur certains militaires. En tête Sano de la PCUD, un petit bandit comme ça-là qui exploite ses travailleurs et qui ne les payent pas. Et qui après, n’a pas honte de m’écrire président pardon, aide-moi. Voilà quelqu’un qui se présente comme combattant et qui, dès qu’il y a un petit problème court pour demander pardon. Ils ont pensé qu’ils peuvent compter sur certains militaires pour faire un coup d’Etat. Le chef d’état-major de l’armée de terre, de l’armée de l’air, de la marine, car l’armée est une armée républicaine qui est derrière le pouvoir. Alors ne vous laissez pas intimider. Je prends mon manteau de militant, car maintenant, je suis prêt à la bataille contre ces gens qui veulent nous distraire. Nous n’allons plus permettre que des gens prennent le peuple en otage par des mensonges. La Constitution dit qu’on ne doit pas insulter le président. Donc, je préviens, quiconque insultera désormais le président subira la rigueur de la loi.
Chaque fois qu’il y a des morts, on se précipite pour amener des corps sans passer l’autopsie pour savoir est-ce que c’est un calibre 12 ou est-ce que c’est un fusil de chasse pour comprendre qui a tué. Après on compte les morts. On ne vient pas au pouvoir sur des cadavres. En 1993, j’ai gagné les élections, mais j’ai dit que je ne suis pas venu pour gouverner les cimetières, Conté n’a qu’à garder le pouvoir. Ils envoient leurs enfants en Europe, aux Etats-Unis, ils sont tranquilles là-bas, pendant ce temps, ils jettent les enfants de pauvres citoyens dans la rue pour se faire tuer. Ne vous laissez pas intimider. On va vous donner les arguments qu’il faut pour organiser les débats et que les masques tombent. Y en marre de ces politiciens corrompus. Maintenant, ce n’est pas le président de la République qui sort, c’est le militant. Je suis prêt à la bataille politique. Est-ce que vous êtes prêts ? Alors, ne craignez personne. N’ayez peur de personne, pas de violences, pas d’injures, c’est le débat démocratique. Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut et faire sa volonté. Nous n’accepterons plus que des petits voyous drogués aillent sur Internet pour nous insulter. J’ai donné l’ordre au procureur général, tout petit drogué qui m’insultera, sera pris et il subira la rigueur de la Loi. La démocratie est un débat libre. On peut critiquer l’action du gouvernement, l’action du président, mais pas d’injures ».
Face à des propos aussi graves, l’opposition guinéenne qui semble être dans la ligne de mire du chef de l’Etat n’est pas aussi allé de main morte.
Sur une radio privée de la place, le chef de file de l’opposition, Mamadou Cellou Diallo de l’’UFDG, la principale formation politique du pays a souligné : «Alpha Condé est un récidiviste en termes de violation de la Constitution, mais comme l’appareil judiciaire est travesti, l’institution est absente, il dit cela. Mais c’est une bonne indication parce que plus jamais aucun procureur de la République ne pourra se lever pour dire qu’il va invoquer les articles de la Constitution qui protègent le Chef de l’Etat , lorsque lui-même annonce qu’il renonce à ses privilèges et qu’il préfère en découdre avec ses citoyens. C’est lui qui dit qu’il n’est plus protégé par les articles de la Constitution. Alors on lui répondra coup par coup parce qu’on répond à un chef de parti politique, un chef de clan qui est en train de déguiser les extrémistes de son parti qu’il pousse à l’affrontement. C’est extrêmement décevant de voir un chef d’Etat se mettre en scène de façon aussi ridicule. ».
Son ancien allié qui est désormais à couteaux tirés avec lui, Sidya Touré précise : « Un Président de la République qui appelle à l’affrontement dans son pays, c’est symptomatique de l’état de la Guinée aujourd’hui. Quant au débat, on y souscrit à condition qu’il soit télévisé en direct : thèmes : leadership bilan de gouvernance et Corruption. ».
Le président Alpha Condé appréciera sans doute.

Ousmane Cissé