Le dossier du cuisinier, Mamadou Djouma Modibo Barry, gérant du célèbre restaurant Modibo, a connu son dernier virage ce vendredi 29 mars 2019, avec les réquisitions et plaidoiries au Tribunal correctionnel de Kaloum. Dans ses réquisitions, le procureur a demandé au tribunal de relaxer Modibo Barry, poursuivi pour atteinte à la santé publique.

C’est une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Modibo Barry avait été mis aux arrêts et présenté aux médias par les hommes du colonel Moussa Thiégboro Camara, des services spéciaux de lutte contre la drogue et le crime organisé. Accusé de vendre de la viande pourrie à la population, il a été placé sous mandat depuis le 20 février 2019.

Pour la journée de ce vendredi, on en était aux réquisitions et plaidoiries des parties au procès.

Dans ses réquisitions, le procureur, Aboubacar Sir Sylla, est revenu d’abord sur les faits avant de demander la relaxe pour Modibo. « Le prévenu a reconnu que les agents ont trouvé 25 cartons de poulets, dont la date est arrivée en expiration. Il attendait jusqu’à ce que la quantité atteigne 4 mètres cube pour l’incinérer. La quantité de nerfs découverts était également gardée pour être incinérée. Il n’a jamais vendu de la viande impropre à la population pendant les 30 ans qu’il a exercé cette profession.

Ensuite, la quantité de viande dont on parle appartenait à un certains Habib Diallo qui a loué les conteneurs de Modibo. Il a même reconnu que c’est pour lui la viande et les os. Et même ça, après le transport judiciaire effectué sur le terrain le 7 mars 2019, c’est mentionné sur les étiquètes que cette viande doit expirer le 22 décembre 2020. Donc, elle est encore propre à la consommation. Alors, l’infraction n’est pas imputable à son encontre. Je vous demande de le relaxer pour délit non constitué », a requis le procureur.

Dans les détails, le procureur a laissé entendre que lorsque les citoyens ont appris qu’une quantité de la viande pourrie a été saisie chez Modibo, tout le monde était angoissé. « Les citoyens étaient angoissés. Moi procureur, j’ai toujours mangé dans ce restaurant à cause de sa propreté, mais je n’ai jamais eu des maux de ventre. Et, je n’ai jamais connu Modibo en personne. C’est lorsque cette affaire a éclaté que je l’ai vu pour la première fois à la maison centrale », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, le procureur a regretté le comportement des agents des services spéciaux de lutte contre la drogue et le crime organisé. Des agents qui ont fait payer à Modibo, dans leurs locaux, la somme de 14 millions de francs guinéens. « Les agents judiciaires ont toujours bien travaillé. C’est grâce à eux que les assassins de feue madame Boiro et du vieux Abdourahmane ont été retrouvés. Mais partout, il y a des brebis galeuses.

Sinon, pourquoi ces agents ont demandé à quelqu’un qui n’a rien fait 200 millions, puis 100 millions, et finalement lui retirer 14 millions de francs guinéens ? Ça, c’est de l’indélicatesse. La police judiciaire travaille bien. Mais, ce qui est arrivé à Modibo est ahurissant et incroyable. Mais, la hiérarchie supérieur sera informée pour que ce genre de choses ne se reproduise jamais », a martelé le procureur dans ses réquisitions.

Dans ses plaidoiries, l’avocat de la défense, maitre Dinah Sampil, va demander au tribunal de suivre les réquisitions du procureur en relaxant son client pour délit non constitué. « Dans cette affaire, les faits imputables à Modibo n’existent pas. Thiégboro, pour se maintenir dans les grâces du président, ramasse les gens en les brimant.

Modibo n’en rien dans cette affaire. Il fallait qu’il garde cette quantité dans son frigo jusqu’à atteindre une quantité suffisante à incinérer, comme il l’a toujours fait depuis 30 ans. Alors, je vous demande de le relaxer pour délit non constitué », a plaidé maitre Dinah Sampil

Le dossier a été mis en délibéré pour décision être rendue le 3 avril 2019.