Suite à sa défaite cuisante aux présidentielles de 2010, la faction radiale de l’opposition politique guinéenne s’est insurgée dans une logique de négation de la légalité et la légitimité du pouvoir d’Alpha Condé. Ainsi, des actes de subversion ont émaillé leur lutte politique allant jusqu’à perpétrer des actes de hooliganisme contre des biens publics et privés. Le temps a donné raison au temps jusqu’à ce que les ténors de l’opposition se sont retrouvés autour d’une table de dialogue national qu’ils avaient eux-mêmes imposés et faire acceptés par le pouvoir en place sous la supervision des experts des nations-unies. Lequel dialogue a accouché d’un Accord, qui sert aujourd’hui de chimère pour l’opposition.
Le facteur temps est souvent ennemi de l’homme dès lors que des stratégies pour mieux l’utiliser ou le traverser te manquent. Jusqu’à un certain niveau de sa lutte politique après les élections présidentielles de 2010, l’opposition radicale était crue dans ses plateformes de revendications. La logique de la négation pure et simple des institutions et actions du pouvoir d’Alpha Condé était leur cheval de bataille.
C’est ainsi que les leaders en bloc, contestaient la légitimité de Loucény Camara à la tête de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) en exigeant son départ. Ils avaient exigé aussi aux partis politiques de l’opposition ayant leurs représentants dans la CENI et dans l’équipe gouvernementale de les retirer sans conditions. Ils ont demandé à leurs militants occupant des postes de responsabilité au niveau de l’administration publique de diminuer leur contribution. Ce n’est pas tout.
Les leaders de l’opposition, dans leurs stratégies de lutte politique réclamaient entre autres la tenue obligatoire des journées de concertations qu’ils arrivaient le plus souvent non seulement à poser d’interminables préalables, mais aussi et surtout à y boycotter. Avec l’objectif visé de faire traîner la période de transition politique et ramener le pouvoir du Pr. Alpha Condé vers un vide juridique où il n’y a pas d’assemblée nationale et le mandat politique est arrivé à terme.
Pour des démonstrations de forces contre le pouvoir légal, des manifs de rue sanctionnées par des actes de vandalisme ont pris le dessus. Marches dites pacifiques, fermeture des commerces, circulation interdite aux véhicules de transports urbains sous menaces de représailles par lapidations à coups de cailloux, journées ville morte, propos incitatifs à la haine ethnique et régionaliste par voie d’une certaine presse… on peut en oublier.
Après toute cette acrobatie, l’opposition politique est parvenue à imposer sa volonté d’obtenir la tenue des journées de ‘’Dialogue National’’. D’interminables préalables ont été énumérés dont la supervision d’un facilitateur onusien. Le choix du pouvoir sur la personne d’un Sénégalais a été systématiquement rejeté par l’opposition sous prétexte qu’il ne serait pas neutre. Le choix d’un autre leur a été affecté. Celui qui a dirigé tous les travaux du dialogue en présence des institutions internationales dont l’Union Européenne, l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Union Africaine, La CEDEAO, les Missions Diplomatiques accréditées en Guinée et bien d’autres curieux.
Mais l’attitude et le petit niveau de raisonnement de nos opposants devant cette pléthore de hautes personnalités du monde entier ont quelque peu montré leur mauvaise appréhension de la notion d’Etat et la gestion des affaires publiques. Tantôt ce sont des propos désobligeants et malveillants, tantôt ce sont des actes de boycott des travaux. Prolongeant ainsi la période de Dialogue National jusqu’à quatre mois d’affilés.
L’issue du dialogue national nous a enseigné que la politique est à la fois une science et un art, et de surcroît ne sert qu’aux professionnels de la politique et non les amateurs et les profanes.
Pour couper l’herbe sous leurs pieds, l’essentiel des différents points de revendications des leaders de l’opposition a été accepté, raisons de leur participation aux élections législatives et l’abandon des actes de vandalisme des biens publics et privés. Au finish, le dialogue national a accouché d’un Accord pour lequel les leaders de l’opposition se sont résolument engagés à respecter scrupuleusement les clauses.
Mais tout au long de leur lutte politique, quelques facteurs et non les moindres ont été ignorés par nos opposants.
Premièrement, ils ont compris qu’après la signature de l’accord du dialogue national, ils offrent une légalité institutionnelle et constitutionnelle et une légitimité au pouvoir d’Alpha Condé avec la tenue possible des élections législatives qu’ils ne souhaitaient pas du tout. Car dans un rapport confidentiel adressé à l’opposition guinéenne par des groupes de soutien européen, il est clairement dit : « Si vous cautionnez la tenue des élections législatives en Guinée, vous auriez contribué à légitimer le pouvoir d’Alpha Condé en lui donnant une Assemblée Nationale et d’autres institutions de taille. Dans ce cas, vous auriez signé votre propre certificat de mort ».
Depuis un certain temps, cette assertion demeurait dans la tête des leaders de l’opposition qui les plaçait dans cette logique de ne pas aller aux élections en posant des préalables qu’eux-mêmes croyaient impossibles dont le vote des Guinéens de l’Etranger, le révision des listes électorales.
Deuxièmement, nos politiciens ignorent, ne serait-ce que pour distraire leur électorat, la pesanteur d’une assemblée nationale à régime présidentiel. Sinon, ce serait bien inutile de faire tous ces tapages pour une assemblée dont la loi permet au Président de la république de la dissoudre à tort ou à raison autant de fois pour organiser une autre élection.
Troisièment, la prochaine législature aura toute une autre particularité, celle qui est de la présence du groupe parlementaire des partis politiques du centre. Ce nouveau courant politique qui ne se reconnait ni de la mouvance présidentielle ni de l’opposition politique aura la particularité de jouer le rôle d’arbitre entre les deux autres tendances. Un renouveau dans le paysage politique qui mettra fin aux nombreuses velléités que l’on avait l’habitude de rencontrer à l’hémicycle.
Quatrièment, les leaders politiques qui pensent que bénéficier de l’humilité parlementaire est une fin en soi tombent délibérément des nus. Le financement occulte des partis politiques et l’enrichissement illicite de certains leaders politiques, une fois révélés pourraient faire l’objet d’enquêtes parlementaires. Et lorsque la culpabilité du député est établie, l’assemblée pourrait procéder à la levée de l’humilité parlementaire qui conduira le député-malfrat devant les juridictions compétentes pour répondre à ses accusations.
C’est dire que la future législature surprendra beaucoup avec la naissance d’institutions de taille dont la Commission Nationale Indépendante des Audits, le Conseil Supérieur de la Magistrature, la Cour constitution, la Haute Autorité de la Communication et bien d’autres.
Comme pour dire aux gloutons, ceux qui ont l’habitude de manger à deux mains : « vos capitaux seront garantis, vous aurez des bénéfices raisonnables, mais rien ne sera plus comme avant. »
N’a-t-on pas dit la refondation de l’Etat ?
Abbas Aziz