Un guinéen, Prix Nobel de la paix. Ce n’est ni une fiction, ni un rêve. Il s’appelle Gassim Chérif , et il est sorti de l’Institut polytechnique de Conakry , vit aux Etats Unis depuis plus de 30 ans.
Dans cet entretien à bâton rompu avec notre reporter dans la matinée du 11 février dernier, il explique les circonstances dans lesquelles il a obtenu cette distinction en 2005 et qu’est ce que cela peut apporter à la Guinée et enfin lance un message de paix à l’endroit des responsables politiques. Exclusif !
Expliquez- nous dans quelles conditions vous avez obtenu ce prix Nobel ?
Nous avons eu le prix Nobel en 2005 et c’était dans le cadre de l’Agence Internationale de l’énergie atomique. C’est dans le cadre général de la contribution de l’Agence Internationale de l’énergie atomique à la paix dans le monde. Le choix a été fait au Norvège. Ça été accordé à Dr Baradey et à l’AIEA. A l’époque, ils ont considéré qu’on a été de bons contributeurs à l’instauration de la paix dans le monde. C’est une chance pour moi de l’avoir eu. Je précise que j’ai travaillé à l’AIEA comme informaticien et c’est dans ce cadre que j’ai été un des membres qui ont reçu le prix nobel de la paix.
J’ai quitté la Guinée en 1984 et j’ai commencé ma carrière professionnelle en 1986 aux Etats unis. J’ai travaillé avec l’Onu dans l’Agence Internationale d’Energie Atomique pour les 12 dernières années de ma carrière. Parce que maintenant, je suis retraité et je vis à Washington.
Qu’est ce que ce prix peut apporter comme changement en Guinée ?
Je pense que ce qu’on peut tirer de ce prix, c’est une certaine fierté. On a voulu que chacun accepte de partager avec moi la joie qu’on a pu participer à ce prix. D’abord, moi je suis un produit de l’université guinéenne et je suis sorti d’ici et j’ai vécu durant 30 ans aux Etats unis. Mais ma base de l’université guinéenne m’a permis de vivre là bas. Je pense que les guinéens peuvent être fiers de leur université. On ne doit rien envier aux autres. Les gens doivent être fiers de ce qu’ils ont. Cette confiance peut nous aider à nous améliorer dans le futur.
Ce prix vous a été décerné depuis 2005, pourquoi c’est aujourd’hui que vous le présentez ?
Je précise qu’on nous l’a donné en 2006. Personnellement, je n’ai pas présenté le prix. C’est lors de la fouille de mes documents que mon neveu a découvert que ce prix existait. Alors, il a dit que ça, ça ne pouvait pas rester comme ça. Et c’est lui qui a organisé. Personnellement, je voulais rester un peu à l’abri.
Concrètement, quelle est votre mission ?
Notre mission, c’est d’assurer la paix. C’est-à-dire que quand les états sont en conflit, on crée un environnement pour que les gens puissent parler. On facilite la communication. On permet aux personnes de se comprendre et on évite certains conflits. J’aurai voulu que cette distinction soit un élément de fierté pour la Guinée.
Un message de paix à l’endroit de vos compatriotes….
Nous sommes tous des frères. J’ai constaté qu’il y a beaucoup de discussion actuellement à propos des ethnies. Ce que je ne comprends pas. Il n’y a pas de critère objectif de définition de l’ethnie. Moi je suis Chérif et vous en trouverez au Foutah, en Fôret, en Haute Guinée et en Basse Côte. La Guinée est un petit pays, on ne doit pas avoir de difficultés majeures. Je suis prêt à servir la Guinée. Les gens sont entrain d’apprendre la démocratie, d’apprendre le débat contradictoire. Je pense que c’est normal. Quand ils vont être habitués à ça, ils verront les choses d’un autre œil. Les divisions sont artificielles. Chacun de nous a un parent dans une autre ethnie. Comment on peut dire qu’on peut faire la séparation ? C’est impossible. C’est simplement que les politiciens ont besoin de ça pour facilement unir les gens autour d’eux. Et ce n’est pas sérieux.
Koula Diallo