Dans la lutte contre la corruption et l’impunité, le président Alpha Condé ne cesse de parler et surtout de tenir des promesses du genre : bientôt je vais publier les audits ou encore les guinéens sauront ce que les anciens Premiers Ministres qui ont pillé le pays ont fait.
Mais dans la pratique, il faut dire qu’entre les propos du président guinéen et la pratique, il y a une distance océanique.
Les Ministres et hauts cadres de son régime impliqués et cités dans des scandales financiers sont nombreux. De Jean Marck Telliano , ancien ministre de l’agriculture en passant par l’ancien ministre du Plan, Souleymane Cissé, Abdoulaye Kéita de l’EDG, Ibrahimla KJourouma de l’éducation nationale, Ahmed Tidjane Traoré, ancien ministre délégué aux Transports, Bah Ousmane, actuel Ministre d’état conseiller à la présidence, le très controversé Mohamed Traoré qui lui a succédé, Benjamin Sandouno de l’entretien routier, son fils Alpha Mohamed Condé avec la société OAS, les mines et le dossier des ristournes de la SOTELGUI, excusez du peu la liste est longue.
Pour l’heure, toutes ses personnes sont libres de leur mouvement et personne n’est inquiété alors que le président devrait donner l’exemple. Rien n y fait en tout cas pour l’heure.
Mais pour montrer la face cachée de sa lutte, il faut dire que la justice guinéenne apparemment instrumentalisée ou encore sur ordre a actuellement le vent en poupe en ce qui concerne les condamnations. Le mardi 11 mars, deux anciens ministres du gouvernement de consensus de 2007, Dr Ousmane Doré, ancien ministre des Finances et Mahmoud Camara, ancien ministre de l’agriculture ont été condamné à des peines de prison fermes et un mandat d’arrêt lancé contre eu dans l’affaire du « projet coton ». C’était au tribunal de première instance de Kaloum. Le même mardi du coté de la cour d’appel de Conakry, c’est le président du PEDN, parti de l’espoir pour le développement national Lansana Kouyaté qui été condamné à son tour au paiement de 119 millions de GNF. Son tort, c’est que Ibrahima Sory Cissé a été victime d’un accident de voiture au domicile privé du leader du PEDN à Matoto. Et c’est tout.
Alors le vendredi, trois membres des organisations de défense des droits de l’homme ont porté plainte contre deux ministres en fonction pour détournements au ministère des Travaux Publics en 2013. Il s’agit du ministre des Travaux Publics, Mohamed Traoré et le ministre d’Etat à la présidence de la République, conseiller spécial du président Alpha Condé et (ancien ministre d’Etat, ministre des Travaux Publics et Transport), El hadj Bah Ousmane ainsi que le directeur national de l’entretien routier, Benjamin Sandouno.
Au paravent, ces ministres et le haut cadre se sont attaqués par presse interposée sans que cela n’émeut le président Alpha Condé encore moins le Premier Ministre, Mohamed Saïd Fofana.
L’institut de Recherche sur la Démocratie et l’Etat de Droit, le Mouvement africain pour la défense des droits de l’homme et de la Gouvernance et Me Labila Michel Sonomou, avocat à la cour ont porté plainte contre eux pour « complicité, abstention délictueuse, faux en écriture, détournement des deniers publics, concussion, trafic d’influence, corruption et suppression ».
Il appartiendra donc à la justice de convoquer aussi les ministres cités plus haut pour qu’ils répondent des faits mis à leur charge.
Alors l’on saura si les actes posés par la justice guinéenne le mardi 11 mars vont dans le sens de la moralisation de la gestion des affaires publiques ou simplement des règlements de compte.
Ousmane Cissé