Alors que beaucoup de Guinéens s’attendaient à ce qu’à l’issue de la plénière de ce mardi, l’opposition acte son intention de reprendre les marches politiques, elle a finalement décidé de donner une seconde chance au dialogue.

Voulant prendre tout le monde à témoin et épuiser toutes les pistes pacifiques, elle entend adresser un second courrier au premier ministre, et solliciter de l’Assemblée nationale et de la communauté qu’elles s’impliquent. Mais comme pour signifier que sa patience a une limite, elle précise qu’une autre fuite en avant de la part du pouvoir, déclenchera immédiatement les manifestations de rue.

Face aux enjeux politiques, l’opposition guinéenne met en sourdine ses divergences. En effet, la plénière qui s’est tenue ce mardi, au siège de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), opposition parlementaire et celle ne siégeant pas à l’Assemblée nationale étaient, toutes deux, représentées. Réunie donc pour la circonstance, elle a tout d’abord déploré le contenu du courrier-réponse à elle adressée par le premier ministre, Mohamed Saïd Fofana. Un état d’esprit que le porte-parole des adversaires au régime du président Alpha Condé, Aboubacar Sylla, justifie par le fait que le chef du gouvernement  « s’est contenté de déclaration qui ne s’appuie sur aucun fait réel, sur aucune volonté politique clairement exprimée par le pouvoir ».

Pour autant, Cellou Dalein Diallo et les autres n’ont pas trouvé pertinent de déclencher tout de suite les marches de rue, comme le craignaient certains citoyens. Cette perspective ne pourrait intervenir qu’après une ultime tentative de résolution des différends à l’amiable. A propos, Aboubacar Sylla a également déclaré : « Nous avons décidé de réécrire  à nouveau au premier ministre, pour demander la réouverture de ce dialogue, et nous avons décidé de prendre l’opinion nationale et internationale à témoin, en mettant à contribution tous les partenaires qui ont apposé leurs signatures  pendant les accords du 3 juillet 2013 ».

Décryptés, ces propos voudraient dire que l’opposition entend saisir parallèlement certains membres de la communauté internationale, dont Saïd Djinnit, qui avaient pris un part active dans les négociations. Une proposition de résolution serait également introduite par l’opposition guinéenne au niveau du parlement pour inviter la représentation nationale à se prononcer sur ses revendications. Cette dernière démarche semble satisfaire à une des requêtes que le premier ministre avait formulées dans son courrier-réponse. A l’évidence, l’opposition entend épuiser toutes les procédures tendant à trouver une solution sans recourir à la rue.

Sauf que toutes ces démarches semblent initiées pour servir après de justificatifs aux manifestations de rue. En effet, après toutes ces initiatives, elle pense qu’elle aura beau jeu de se déclarer contrainte de recourir à cette dernière approche. C’est du moins ce qui se cacherait derrière cette autre déclaration d’Aboubacar Sylla : « Nous allons donc continuer à faire des efforts dans ce sens (dans le sens d’une solution par le dialogue, NDLR), mais nous avons déjà décidé au cas où cette impasse politique se poursuivrait. Nous commencerons nos manifestations sur les places et les voies publiques conformément aux garanties accordées par la constitution ». C’est dire que l’accalmie pourrait être de très courte durée.
Source: guineeConakry