« Si je savais qu’il y’a une malformation congénitale, je n’allais pas tenter cet accouchement  par la voie basse, car j’aurai mis la vie de la mère et des bébés en danger », dixit Mme Camara Sira Kéita.

Des bébés siamois viennent d’être mis au monde le 13 janvier 2015 à la maternité de l’hôpital national Donka. Liés par un cordon ombilical, les deux bébés et leur maman Fatoumata Sadjo Barry, se portent bien. L’un des bébés a eu une fracture obstétricale qui est déjà prise en charge. Ce sont des jumeaux qui ne sont pas comme les autres.Des examens et analyses sont en cours pour savoir si les guinéens sont en mesure de les séparer.

Mme Camara Sira Kéita, sage-femme, qui a suivi l’accouchement, nous a donné l’explication suivante : « Si je savais qu’il y’a une malformation congénitale, je n’allais pas tenter cet accouchement par la voie basse, car j’aurai mis la vie de la mère et des bébés en danger. Les jumeaux dont-il s’agit ne sont vraiment pas comme les autres, ils sont reliés par l’abdomen. Et toutes les parties de leurs corps sont normales à l’exception de l’abdomen où il y a eu fusion », a-t-elle expliqué.

Selon des spécialistes, ce phénomène se produit au cours de la division cellulaire des fœtus, un déficit pendant le développement des deux nourrissons dans l’embryon, a souligné le Pr  Mamady Keita, chef service de la chirurgie  pédiatrique de Donka.

« On a déjà fait l’échographie, qui précise qu’une anse intestinale les relie. Le scanneur aussi a donné plus ou moins la même chose. Mais, nous devrions reprendre le tout parce qu’il faut une chirurgie de pointe », explique Pr  Mamady Keita.

Selon lui, il s’agit de vrais jumeaux, issus d’un spermatozoïde qui a fécondé un ovule et qui, en grandissant, s’est divisé pour donner deux êtres vivants. Techniquement, il parle d’enfants univitellins, ayant eu un placenta commun dans lequel ils ont baigné pendant toute la grossesse et qui sont accolés par un organe homologue.

Selon le Pr  Mamady Keita, un tel phénomène intervient suite à une crise qui arrive lors de la division cellulaire de l’œuf.

« Toutes les autres parties sont identifiées ou identifiables sauf la partie qui les lie. Chez ces deux enfants, c’est la région ombilicale qui ne s’est pas détachée. C’est difficile de vous donner la raison. Ce qui est clair c’est qu’il y a eu un problème dans le développement de l’œuf », précise – t-il.

Et d’ajouter : « C’est une chance que ces enfants ne soient pas accolés par les organes vitaux. Comme dans d’autres cas où les siamois sont accolés par le cœur, les poumons ou encore le thorax ».

Les examens ont rassuré les parents et l’assistance que le risque est minime. Il a en outre expliqué que le travail est multidisciplinaire. Ce qui fait qu’il se fera assister par un chirurgien vasculaire. Il indique que le coût de l’intervention relève de la discrétion de la direction administrative et financière de l’établissement. Mais il soutient qu’il s’agit d’une chirurgie de pointe, en conséquence, elle doit coûter chère partout.

Il dit qu’après une quarantaine d’années d’expériences en pédiatrie, c’est le troisième cas qu’il voit en Guinée. Pour les deux premiers, il n’avait pas pu intervenir parce qu’ils ont été emmenés tardivement.

La famille des parents des nouveaux- nés, sollicite l’aide des personnes de bonne volonté pour sauver leurs jumeaux.

Force est de reconnaitre que cette brave sage-femme qui a fait un travail miraculeux et courageux, mérite d’être récompensée et encouragée par les autorités gouvernementales car elle a sauvé des vies.

A suivre …

Aly Badara Condé

 

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