Le président de l’UFR que certains administrateurs présentent comme « la solution aux problèmes des guinéens » n’a pas été tendre avec le président sortant lors de son investiture. Lisez plutôt ce discours musclé.
Mesdames et messieurs les Délégués
Distingués Invités
Militants et militantes de l’UFR
C’est avec un réel plaisir que je m’adresse à vous ce matin, à l’occasion de cette 2ème Convention nationale qui est un moment clé dans la vie de notre parti.
Ce matin, je suis épris d’un sentiment partagé : d’une part de la fierté quand je vois chacun de vous : des Guinéens venus des 4 coins du pays, représentatifs de notre nation et unis dans la diversité pour un but commun : le développement de la Guinée… la Guinée c’est vous !!!
D’autre part, je ressens de la tristesse car c’est avec le cœur lourd que je constate l’ambiance délétère et morose dans laquelle notre pays est plongé, du fait d’une crise généralisée sans précédent.
La Guinée continue de se chercher et se cherche comme si le point d’équilibre était introuvable ou inexistant.
QUELLE EST LA REALITE SOCIO-ECONOMIQUE DE CE PAYS ?
La Guinée, notre pays, est malade, profondément malade, parce qu’atteinte d’un mal profond qui la ronge depuis près de six décennies, et qui s’est accentué ces 5 dernières années. Ce pays souffre de la maladie des « 3 i », mal qui a pour noms :
• Incurie
• Irresponsabilité et
• Incompétence des dirigeants qui sont, la plupart, à la base du malheur de notre pays, parce qu’incapables de faire profiter aux populations guinéennes les immenses ressources dont la nature nous a si généreusement dotés.
C’est un scandale sans nom qui n’a que trop duré et on en est fatigué !!!
Que quelqu’un répète après moi : « On est fatigué!!! »
Récemment, en évoquant la crise écologique planétaire, une éminente personnalité spirituelle en la personne du Saint-Père, le Pape François, affirmait que : « L’Afrique est le continent où les « péchés écologiques » sont commis au vu et au su de tout le monde, dans l’indifférence générale. Les responsables politiques ne peuvent plus se soustraire à l’examen de leurs responsabilités».
Quand nous voyons les dégâts matériels et les pertes humaines que causent les inondations en Guinée, nous ne sommes pas loin de penser que cette condamnation s’adresse aussi aux dirigeants de ce pays.
Dis à ton voisin : « On est fatigué des inondations !!! »
Dans un véritable Etat de droit, le Président de la République doit veiller à ce que l’Etat joue son rôle qui consiste à :
• créer les conditions d’une véritable prospérité économique,
• à faire en sorte que les droits et libertés soient respectés et
• à assurer l’épanouissement et la dignité des citoyens.
A cet égard, arrêtons-nous un instant sur ce qui se passe dans notre pays.
Sur le plan du respect des droits de l’Homme, notamment le droit inaliénable de manifester, constamment violé par le Gouvernement et son Administration, ce sont près de 70 personnes tuées et des milliers d’autres blessées, au cours des différentes manifestations organisées par l’opposition ces cinq dernières années, sans aucune suite judiciaire. Il est I-NAC-CEP-TA-BLE que l’Etat s’érige en censeur des droits et devienne une véritable machine à tuer, dans l’impunité totale.
Disons-le avec force : « On est fatigué de l’injustice !!! »
Sur le plan économique, notre pays connait depuis cinq ans une croissance si faible qu’elle n’est pas susceptible de faire reculer la pauvreté, à plus forte raison améliorer le niveau de vie de nos concitoyens.
Là où nos pays amis et frères parlent d’émergence et se battent pour atteindre une croissance à deux chiffres, notre taux de croissance a chuté à -1%… le plus bas de l’histoire de notre pays !
Ce climat délétère créé et entretenu par le pouvoir a conduit à la fermeture de plusieurs sociétés de la place entrainant ainsi des pertes de milliers d’emplois. FRIGUIA en est un exemple poignant.
Que dire du tissu social de plus en plus fragilisé, du fait de la mauvaise gouvernance. Des nominations fondées sur aucune compétence, ou encore des conflits inter-communautaires orchestrés par le pouvoir, ont sérieusement sapé la cohésion sociale. Alors que ce sont les liens inter-communautaires qui ont toujours fondé la société guinéenne et ainsi assuré son équilibre.
Je suis personnellement fatigué de la communautarisation du débat politique dans ce pays !
Les problèmes au quotidien sont énormes, qu’il s’agisse des services sociaux de base tels que l’eau ou l’électricité ou qu’il s’agisse de l’état de nos hôpitaux, du système éducatif ou encore de l’insécurité et de la criminalité galopantes, tout est motif de révolte car ce que nous vivons est totalement I-NAC-CEP-TA-BLE.
En font foi, les manifestations spontanées de protestation qui se font tous les jours dans les différents quartiers de la capitale et à l’intérieur du pays. Cet état de fait témoigne de la déliquescence de l’Etat et de l’incapacité des dirigeants à répondre aux attentes des populations guinéennes.
Mais nous ne sommes pas condamnés à vivre et à croupir dans la misère. Loin de là.
En matière de consultation électorale, depuis l’élection présidentielle de 2010 et les élections législatives de 2013, l’UFR a été particulièrement victime de l’implication outrancière et scandaleuse de l’Administration et du parti pris de la CENI.
Lors des dernières échéances, nous avons été amenés à constater un certain nombre de manipulations :
• des prétendues machines défaillantes, surtout dans les zones favorables à l’opposition…
• dans la région Forestière par exemple, la révision des listes s’est arrêtée bien avant la date initialement prévue…
• l’enrôlement exagéré de mineurs n’ayant pas encore l’âge de voter, dans toutes les zones acquises au pouvoir.
• sans compter un grand nombre de doublons, etc.
Ces pratiques, qui visent à gonfler artificiellement l’électorat du pouvoir en place, ne reflètent absolument pas la réalité du vote des électeurs.
Que quelqu’un dise : « On est fatigué de la fraude !!! »
Comme vous pouvez le constater, vous-mêmes, rien n’a fondamentalement changé dans notre pays depuis bientôt soixante ans et les promesses délivrées ces cinq dernières années par ceux qui nous gouvernent n’engagent que ceux qui veulent encore y croire.
Mesdames et Messieurs, militantes et militants,
Bien comprendre le contexte dans lequel nous vivons, les causes de nos maux et les espérances qui peuvent soutenir nos efforts dans le difficile combat que nous menons pour le changement, est un préalable pour mesurer à sa juste valeur l’enjeu de ces consultations d’une importance capitale pour l’avenir de notre pays.
Bien que notre parti ait été confronté à une grande adversité, je suis venu vous dire qu’il y a de réels motifs d’espoir !
QUEL EST ALORS LE VÉRITABLE ENJEU DE CES PRÉSIDENTIELLES ?
Comme je le dis souvent, il s’agit du destin d’un homme face à son peuple. S’il suffit à une seule personne de plonger tout un pays dans le chaos, une autre peut impulser un souffle nouveau, susceptible de changer la face d’une nation.
Cet indispensable changement que l’écrasante majorité de notre peuple réclame depuis si longtemps est à notre portée. Pas pour demain… mais dès aujourd’hui. Le changement et l’alternance, ça commence ici et maintenant, à l’instant précis où je m’adresse à vous !
2015 est une année fatidique pour la Guinée : l’année de tous les espoirs et celle de tous les dangers. Elle nous offre l’occasion inespérée de changer le cours débridé de notre histoire en sortant de plusieurs décennies d’une gestion calamiteuse de l’Etat, qui s’est traduite par une paupérisation accrue de nos populations et l’extension de la misère, et nous amène à nous interroger sur le sens profond de notre engagement politique.
– « Voulons-nous rester spectateur de l’histoire de la Guinée qui s’écrit sans nous ? » NON
– « Voulons-nous faire partie des bâtisseurs qui vont se battre pour construire ce pays? » OUI
Il est en effet grand temps pour nous de nous poser la question de savoir si nous sommes déterminés et mobilisés à aller dans le sens de l’Histoire.
La réponse à cette question cruciale déterminera dans une large mesure le degré de notre engagement militant qui ne saura se traduire autrement que par :
• une participation active et résolue de chacun de nous et
• notre capacité à mobiliser et fédérer massivement la plus large couche de la population autour de notre projet de société, qui sera diffusé pendant la campagne.
C’est dire que les enjeux des élections présidentielles de cette année vont au-delà de la désignation d’un Président. C’est une étape cruciale qui constituera le moment fort où se décidera le destin de la Guinée pour les décennies à venir. L’avenir politique, l’avenir économique et même la stabilité du pays se joueront à ce moment-là.
Citoyennes et Citoyens, chers Militants ;
Vous comprendrez donc pourquoi nous devons, dès cet instant, mobiliser toutes nos énergies et nos intelligences pour avoir ce sursaut d’orgueil national tant attendu.
L’UFR doit impérativement se préparer à aborder les échéances à venir avec un état d’esprit différent.
QUELLE DOIT ÊTRE NOTRE STRATÉGIE ?
Chers frères et sœurs, militantes et militants,
Il est temps que nos concitoyens cessent de confier aveuglement la gestion de la chose publique à des personnes incompétentes qui n’ont d’autres intérêts que les leurs.
Pour donner un sens à la démocratie dans notre pays, qui en a un besoin vital, les Guinéens doivent cesser d’être passifs, spectateurs et dociles, comme certains voudraient qu’ils soient éternellement. Ils se doivent de réfléchir à ce qu’ils veulent maintenant et agir de façon cohérente, avec courage et ingéniosité.
Nous avons la responsabilité de faire comprendre à nos compatriotes qu’il faudra se battre avec audace et persévérance jusqu’à la victoire finale. Dans tout combat, il y a un prix à payer. Nous devons être les premiers à montrer l’exemple.
« La victoire ou rien » doit être notre leitmotiv et c’est la seule chose qui doit animer chaque responsable, militant et sympathisant de l’UFR, jusqu’à l’élection présidentielle. Nous devons être animés d’une sainte colère si nous voulons voir les choses changer dans ce pays.
Le découragement et la fatalité doivent faire place à la combattivité et à la détermination. Notre parti doit définitivement se doter d’une véritable machine à gagner les élections. Ne croyons pas que les choses seront faciles, NON, nous devons prendre conscience de l’ampleur de la tâche qui nous attend et transformer chaque opportunité qui se présentera à nous en atouts pour accroitre nos chances de gagner.
J’invite donc chacun de vous à prendre pleinement conscience des véritables enjeux liés à l’élection présidentielle. Au regard de l’engouement constaté autour de l’UFR depuis les dernières élections législatives, je suis en mesure de vous dire que tous les espoirs sont permis.
Les motifs d’espoir résident dans le fait que les dernières échéances ont révélé que notre parti a sensiblement élargi sa base. Ainsi, avec une meilleure organisation et plus de détermination, la victoire est possible. Elle est à notre portée !
Mes chers concitoyens,
L’intimidation est l’arme la plus redoutable de l’adversaire qui cherche, par tous les moyens, à nous empêcher d’enclencher la rupture, le changement qualitatif à même de sortir notre pays des profondeurs abyssales dans lesquelles il est plongé depuis tant d’années.
En dépit des adversités, et Dieu sait que nous en avons connues, c’est la foi ardente en la justesse de notre combat qui nous a toujours permis de tenir bon, comme une ancre, sans céder au désespoir et de persévérer jusqu’à l’issue victorieuse et imminente du combat, pour un peuple qui a un droit légitime à la liberté, à la dignité et au bonheur.
Le futur de la Guinée nous appartient parce que la Guinée c’est nous !!!
Il est temps de savoir quel futur nous voulons pour notre pays, pour nous-mêmes et pour les générations à venir.
Je caresse l’espoir que l’année 2015 marquera l’éveil démocratique de la Guinée, à travers la capacité de notre pays à organiser pacifiquement une élection présidentielle transparente qui ne pourra qu’aboutir à une alternance démocratique au sommet de l’Etat, puis au fonctionnement régulier de nos institutions.
Citoyennes et Citoyens, chers Militants ;
Je conclurai mes propos en vous disant que l’échéance de 2015 impose à l’UFR la nécessité de se recentrer autour de ses valeurs fondamentales.
Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose de cette Convention nationale, je souhaite que vous reteniez ces 3 lettres : U. F. R
Le « U » pour l’Union naturelle des populations guinéennes, qui nous caractérise. Cette ouverture, qui est artificielle dans les autres partis, est notre empreinte qui doit se traduire dans toutes nos actions et tous nos discours.
L’UFR doit rester un parti transversal capable de rassembler le maximum de Guinéens. Vous, responsables du parti à tous les niveaux, vous devez aller vers nos compatriotes pour les convaincre de partager et de véhiculer nos idéaux. Vous en avez les capacités et l’UFR en a la légitimité. Nous devons rassurer, tenir un discours rassembleur pour conforter l’idée déjà ancrée chez beaucoup de nos compatriotes que notre parti est la Solution pour « la Guinée qui gagne ! ». Nous représentons la seule alternative pacifique et crédible, aussi parce que nous avons l’expérience de la gestion de l’Etat. Ce sont des atouts non négligeables dont nos compatriotes sont de plus en plus conscients et qui pourront, le moment venu, faire la différence. Les bras de l’Union pour l’Alternance en 2015 vous sont grands ouverts.
Le « F » pour la Force des conquérants qui doit nous habiter. La détermination doit sous tendre l’action des responsables et militants du parti à compter de maintenant jusqu’à l’élection présidentielle. Nous devons résister aux pressions de toutes sortes, au découragement et au laisser-aller car la tâche qui nous attend est immense.
Le « R » pour Républicains : l’enjeu des prochaines élections doit éveiller et susciter notre patriotisme. L’amour et les intérêts de la Nation doivent animer chaque fille et chaque fils de ce pays. Le vote des Guinéens ne devra plus ethnique mais utile et responsable.
Dans une Guinée remplie de désespoir, montrons à nos concitoyens qu’il faut encore oser rêver et oser la Guinée dont nous rêvons ! La plupart des choses importantes dans le monde ont été accomplies par des personnes qui ont persévéré contre toutes espérances.
L’espoir, commence ici et maintenant !
C’est donc avec foi et détermination que j’accepte votre investiture comme candidat à l’élection présidentielle 2015.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Vive l’UFR ! Que Dieu bénisse la Guinée !
Sidya Touré
Président de l’UFR