Remporté haut les mains et dès le premier tour par le président sortant Alpha Condé, qui était également candidat à sa propre succession avec 57,84% contre 31,45% à son principal challenger, le scrutin présidentiel du 11 octobre  dernier a été révélateur de deux faits majeurs qui n’ont échappé à l’attention d’aucun observateur averti du microcosme politique guinéen.

Il s’agit fondamentalement de la confirmation de la suprématie sans partage du RPG Arc-en-ciel, la formation politique du président Condé dans ses fiefs traditionnels de la Haute Guinée et de la Guinée forestière et sa percée spectaculaire au Fouta et en Basse Côte, des zones réputées pourtant foncièrement favorables à l’opposition.

Des résultats brillamment obtenus au cours de son premier quinquennat dans différents secteurs de développement socioéconomique et à l’échelle du territoire national, constituent indéniablement la principale clé de voûte de  cette remarquable performance d’Alpha Condé à cette échéance électorale qui a été globalement qualifiée par les différentes missions d’observation de crédible, transparente et paisible.

Ces acquis qui sont aujourd’hui manifestes aussi bien dans le domaine des infrastructures sociales de base -les réalisations et autres investissements effectués dans le cadre de l’organisation tournante de la fête nationale de l’indépendance- en sont des illustrations éloquentes. Sans oublier l’accroissement substantiel de la productivité de la paysannerie grâce à une subvention massive de l’Etat accordée aux acteurs du monde agricole et de l’élevage, d’une part.

D’autre part, le facteur qui a été sans doute décisif dans le choix des électeurs citadins et ayant réussi à faire basculer certains bastions irréductibles de l’opposition dans la mouvance présidentielle, c’est la mise sur réseau du barrage hydroélectrique de Kaléta d’une capacité de production de 240 mégawats. Dès lors, la machine de l’imparable  coup KO était mise en marche.

Si ces éléments permettent dans l’ensemble de donner une justification à ce triomphe électoral, ils restent, cependant insuffisants pour cerner de façon rigoureuse et exhaustive tous leurs contours techniques et pratiques sur le terrain.

C’est pourquoi, il est important ici de souligner le rôle capital joué par le RPG Arc-en-ciel, la vaste coalition de partis politiques, d’associations et de mouvements de soutien ayant solidairement soutenu la candidature du président candidat, auprès des électeurs, aussi bien urbains que ruraux, dans le cadre de la sensibilisation sur le processus du vote et le choix des candidats.

Une stratégie qui a sans doute fait défaut aux partis d’opposition qui, sciemment ou inconsciemment, ont consacré le plus clair de leur temps et de leurs opportunités à des manifestations de rue qui étaient parfois violentes et destructrices.

Au lendemain donc de la proclamation des résultats définitifs de cette élection, l’un des observateurs ayant poussé la réflexion jusqu’à son firmament a été l’Ambassadeur américain Alexander Laskaris qui vient d’être rappelé par la Maison Blanche pour une autre mission.

Ce diplomate, lors d’une de ses sorties sur une radio privée de la place à l’époque, a eu le courage de crever l’abcès en portant la question sur la place publique. Il a, en clair, soulevé des interrogations sur certains aspects de ce scrutin présidentiel. A savoir pourquoi il y a eu moins de votes nuls dans certaines circonscriptions comme à Mandiana que dans d’autres comme à Labé au Fouta ou à Télimélé, en Basse Côte ?

Cette problématique qui sonne comme une alerte et qui interpelle, a priori,  tout Guinéen, nous a amenés à nous y pencher davantage. Après de longues réflexions, corroborées par des éléments recueillis sur le terrain, nous avons abouti à ce qui suit :

Dans le cas précis de la circonscription de Mandiana, puisque c’est celle-ci qui a été citée en exemple et dont les électeurs ont  réservé quasiment un vote-plébiscite en faveur du candidat du RPG Arc-en-ciel avec plus de 92% des voix exprimées pour seulement un peu plus d’un millier de bulletins nuls, c’est ce constat général, fruit d’une campagne électorale sérieusement et pédagogiquement accomplie sur le terrain par différents cadres et ressortissants des différentes régions, qui s’impose.

A en croire donc nos investigations et cela reste un secret de polichinelle, les principaux artisans de cette razzia électorale, réussie par le candidat-président Alpha Condé sur le Wassolon, ont pour noms Sanaba Kaba, la ministre de l’Action Sociale, marraine de  la préfecture de Mandiana, le général Toumany Sangaré, directeur général de la Douane et Diakaria Koulibaly, un jeune cadre qui dirige au ministère du Commerce la direction nationale des produits pétroliers et dérivés. Ces deux  derniers sont, quant à eux, des natifs de Mandiana.

Pendant des semaines entières avant la tenue du scrutin, ces trois mousquetaires, soucieux d’assurer le plein de voix au candidat du RPG, ont, loin des conforts de leurs bureaux de Conakry, investi littéralement les quartiers de la commune urbaine de Mandiana, l’ensemble des districts, villages, hameaux  ainsi que les 11 sous-préfectures (Faralako, Koundian, Saladou, Gnantanina, Koundian, Sansando, Dialakoro, Kinièran, Kondianakoro, Balandougouba, Morodou) relevant de cette circonscription pour sensibiliser à partir des spécimens de bulletin de vote, les électeurs qui, faut-il le reconnaître, sont majoritairement analphabètes.

S’il est vrai que Mandiana est historiquement une chasse gardée pour Alpha Condé, il n’en est pas moins évident et indéniable que le formidable boulot ayant conduit au triomphe sans partage pour le candidat du RPG, avec moins de bulletins nuls, trouve en partie son explication dans cette campagne électorale particulièrement bien réussie sur le terrain.

D’un bout à l’autre, ce triumvirat de cadres a supervisé ces opérations de rabattage, d’information et de sensibilisation qui ont été dirigées en parfaite synergie avec les structures du parti présidentiel, par plus de 200 jeunes, formés et déployés sur le terrain à cet effet.

Un bel exemple de volontarisme, de reconnaissance et d’engagement partisan sans faille de la part de ces trois mousquetaires, un acte somme toute citoyen  qui mérite d’être suivi pour le rayonnement et l’ancrage de la démocratie participative dans notre pays.

 

Guineelive