Sans doute, le terrorisme est de nos jours l’une des graves menaces à la sécurité mondiale. Depuis les attaques aux avions sur les deux tours jumelles de Wall Street Center en plein cœur de New York, aux Etats-Unis en septembre 2001, le monde est de plus en plus en proie aux menaces et attaques perpétrées par des groupes obscurantistes djihadistes.

Que ce soit Al Qaïda, Aqmi, Daesh, Boko Haram ou Al Shabaab, ces nébuleuses de groupes terroristes hyper puissants et hyper organisés défient tous les systèmes sécuritaires de quel que pays qu’il soit.

Leurs ramifications ou cellules, qu’elles soient dormantes ou actives, représentent désormais un réel danger permanent à l’ordre et à la sécurité publique des pays.

Avec la mort du Guide de la Grande Jamahiriya Libyenne, le phénomène a pris une ampleur particulièrement préoccupante dans la bande Sahélo-saharienne.

Cette large bande de territoire, qui va de la Mauritanie au Cameroun en passant par le Mali, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Burkina… est devenue depuis un véritable sanctuaire pour de nombreux groupes terroristes islamistes.

Si les pays de l’organisation sous-régionale du Fleuve Mano ne sont pas encore particulièrement visés par des attaques terroristes, il est cependant une évidence que l’étau se resserre de plus en plus autour d’eux.

Face à ce danger sécuritaire, la Mano River Union s’est doté d’un certain nombre de mécanismes ou de mesures devant prévenir ses Etats membres contre toute violence, a fortiori, des attaques terroristes.

Dans un récent entretien à Guinéenews, la Secrétaire Exécutive de l’Organisation du Fleuve Mano est largement revenue sur ces dispositifs qu’ils ont mis en place depuis au lendemain des guerres civiles meurtrières qui avaient ravagé dans les années ‘’90’’ le Liberia et la Sierra Leone et qu’ils mettent au goût du jour chaque fois que la paix et la sécurité sont confrontées à nouveaux défis.

S’inspirant donc des expériences tirées de ces longs et douloureux conflits armés ayant marqué son espace, l’Union du Fleuve Mano s’est dotée d’un Protocole sur la paix et la sécurité.

Selon Hadja Saran Daraba, ce  Protocole, 15ème du genre,  a un contenu qui permet, s’il est mis en œuvre,  de pouvoir se préserver de toute menace d’où qu’elle vient dans la sous-région.

‘’Nous avons peut-être même pris de l’avance par rapport à ce qui s’est passé à Bamako en 2012 et qui a conduit aujourd’hui à  la présence de la MINUSMA. Parce que, avant cet évènement, nous avions mis en place des unités conjointes de collecte d’informations sur les zones frontalières’’, a rappelé la Secrétaire Exécutive de la Mano River.

Selon Dr. Saran Daraba, ces unités qui sont des observatoires, collectent quotidiennement des informations et donnent des alertes précoces en matière de violence et de menace à la sécurité.

Dans leur fonctionnement, ces unités déployées prioritairement dans les zones frontalières, travaillent étroitement avec les services de sécurité, les organisations de la société civile ainsi qu’avec les Chefs d’état-major interarmes des quatre pays membres de la Mano River qui sont : la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire.

Toujours dans le cadre de cette sécurisation, l’organisation du Fleuve Mano a décidé, a-t-elle déclaré, d’avoir une équipe quasi permanente d’observation des élections qui sont souvent sources de conflits.

Si la menace terroriste existe depuis longtemps et qu’on peut reconnaître à partir des signes précurseurs comme  l’extrémisme religieux, Dr. Saran Daraba pense que la mauvaise gouvernance peut aussi être un terreau fertile pour certains conflits dans la sous-région.

‘’Nous avons aujourd’hui des millions de jeunes gens qui arrivent sur le marché de l’emploi alors qu’ils n’ont pas été correctement préparés pour être dans ce marché. C’est pourquoi nous sommes en train de réfléchir sur le système éducatif. Nous réfléchissons sur  les réformes à appliquer aux  systèmes éducatifs afin de freiner le manque d’emploi. Pour qu’au sortir d’une filière de formation, l’étudiant soit employable ou qu’il sache s’auto-employer’’, a expliqué la Secrétaire Exécutive de la Mano River.

Hormis ces facteurs, l’ancienne ministre souligne l’existence d’éléments exogènes, susceptibles d’alimenter des instabilités sociopolitiques graves dans nos Etats. Il s’agit par exemple des ressources minières dont regorgent ces pays et qui suscitent beaucoup de convoitises.

C’est pourquoi, Hadja Saran Daraba préconise une approche critique  des signes et sources d’attaques  pour trouver des boucliers à  ériger contre l’instabilité et l’insécurité dans nos pays.

S’agissant des menaces terroristes, elle lance un appel aux Etats membres de son organisation à renforcer davantage le processus de consultation quasi permanent. Parce que, affirme-t-elle, quand on se parle, on se comprend et quand on se comprend, on peut s’entendre.

‘’Nous avons des structures très faibles. C’est pourquoi nous avons  besoin d’expertise, de ressources financières et techniques. Mais nous ne pouvons y arriver qu’avec une très bonne organisation, une très bonne planification et avec beaucoup plus de rigueur dans tout ce que nous  faisons’’, a martelé Hadja Saran Daraba qui pense que si nous sommes vigilants et bien organisés, le terrorisme peut être étouffé dès la manifestation de ses premiers symptômes.

Les NTIC connaissent depuis quelques années une révolution absolument spectaculaire et qui ont considérablement bouleversé nos habitudes et nos modes de vie. Si leurs apports révolutionnent chaque jour la vie de l’homme, il reste entendu qu’elles présentent aussi des effets pervers qui mettent en péril aujourd’hui la paix et la sécurité dans le monde.

Pour ainsi faire face aux éventuelles conséquences néfastes engendrées par ce développement des NTIC, la patronne de la Mano River Union en appelle à la responsabilité citoyenne de chacun par rapport à sa propre sécurité et à celle des autres.

‘’Avec le développement des NTIC, il est aujourd’hui facile de se communiquer. Le côté néfaste c’est que tout ce qui se passe de mauvais à Damas  peut être imité facilement à Conakry, Abidjan,  Monrovia ou à Freetown. Avec les réseaux sociaux, il n’y a plus de contrôle dans ce qui se passe dans le monde. Il  est  donc important de se dire que ce qui se passe ailleurs, peut nous détruire ici, alors restons sur nos gardes. Il faut être vigilant et surtout, communiquer sur  la prise de conscience du citoyen. La menace terroriste n’est pas seulement une affaire des gouvernements ou des partenaires techniques ou financiers, c’est une affaire du citoyen individuel qui est responsable de sa propre sécurité et de celle de son entourage’’, a-t-elle fait savoir.

 

Source: Guineenews