C’est en 1993 que la date du 3 mai de chaque année a été retenue par l’Assemblée générale des Nations-Unies, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991 comme journée mondiale de la liberté de la presse. C’était également pour répondre à l’appel des journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

Cette journée se fixe  notamment pour objectif de : célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et  de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.

Cette année, le thème retenu est : des esprits critiques pour des temps critiques — Le rôle des médias dans la promotion de sociétés pacifiques, justes et inclusives.

Seulement voilà, la célébration de cette journée arrive en un moment où la presse guinéenne se cherche toujours. Le pays pointe  selon Reporters sans frontières (RSF) à la 101è place sur 180 pays classés.

RSF ne dira pas mieux sur  la liberté de la presse en Guinée : « En Guinée, le régime du président Alpha Condé n’est pas tendre envers les médias. Nombre de journalistes ont dû fuir le pays à la suite d’articles controversés. Le gouvernement tente périodiquement de censurer les médias sous des prétextes administratifs (tentatives de fermeture de Espace FM et Espace TV en 2014) ou juridiques (offenses contre les institutions, publications de « fausses nouvelles »). Le président tient souvent des propos sévères envers les médias nationaux, internationaux et les organisations de défense de la liberté de la presse », écris RSF dans un communiqué sur son  site internet.

En remontant le temps, on pourra dire que cette situation n’est pas anodine.  En 2011 déjà après sa prestation de serment comme le «  premier président démocratiquement élu de la Guinée », le président Alpha Condé dans sa profession de foie avait déclaré : « en Guinée, il n y a pas de journaliste ». Pour lier l’acte à la parole, le chef de l’Etat guinéen dans ses nombreux voyages  à travers le monde se faisait accompagner par des journalistes étrangers, notamment de la France où sa communication est gérée. Les  papiers étaient traités  depuis l’étranger et les journalistes du bureau de presse passaient leur voix  sur les papiers  en Guinée et  envoyés à la télévision nationale pour être diffusés. Ce, sans aucune autre forme de procès.

Du 21 décembre 2010 date de sa prestation de serment  en 2013, Alpha Condé n’a pas animé le moindre point de presse, il ne s’est fait accompagner par aucun journaliste du secteur privé. Et ce, jusqu’en 2017.

Justement lors de sa toute première  conférence de  presse en 2014,  Hadja Mariam Dubréka Camara, journaliste des langues nationales  à la question de savoir pourquoi le chef de l’Etat guinéen ne se fait pas accompagner par des journalistes guinéens, Alpha Condé a déclaré sans ambages que c’est parce que, il n’a pas d’avion. Avant d’ajouter qu’il était le seul président à ne pas avoir un avion présidentiel.

En 2015 lors de l’un de ses rares conférence de presse, un journaliste avait voulu savoir pourquoi, il n y avait pas de statut particulier pour des journalistes.

En réponse, Alpha Condé a déclaré haut et fort que les journalistes n’avaient pas droit à un statut particulier. Pourtant, des journalistes travaillent jour et nuit, ils n’ont pas de dimanche encore moins de jours fériés comme les autres fonctionnaires.

Que dire de la subvention accordée à la presse privée par l’Etat ? Si en 2009, le président du CNDD, conseil national pour la démocratie et le développement, Capitaine Moussa Dadis Camara avait accordé trois milliards GNF comme subvention, soit un milliard par type de medias (presse écrite, presse en ligue et audiovisuel).

En 2017, Alpha Condé a accordé deux milliards comme subvention. Alors que de 2009 à 2017, les medias ont quadruplé : au moins 53 radios  et 6 télévisions privées, plus de 150 sites internet et plus de 100 journaux  se partagent le paysage médiatique guinéen et  doivent se partager deux milliards GNF par an comme subvention.

En tout état de cause, cette situation peu reluisante ne doit pas décourager  les hommes de medias pour l’avènement d’une presse libre et indépendante  et surtout le combat pour l’avènement d’une véritable démocratie dans le pays.

Qu’à cela ne tienne Chers confrères, bonne fête.

La rédaction de Guineelive