EL hadj Momo Bangoura se souvient des premières heures de la coopération entre la Guinée, le Maroc et la Chine
Ayant vu le jour dans un petit village de Faranah, en 1922, Ahmed Sékou Touré a fait ses études primaires à Faranah puis à Kissidougou (1929-1936) pour se retrouver à l’école professionnelle Georges Poiret de Conakry où il fut licencié définitivement de l’école pour « individu dangereux », selon le milieu colonialiste. C’est à partir de là que Ahmed Sékou Touré se lança à corps perdu dans une double bataille, s’instruire en autodidacte qu’il était devenu et celle aussi d’organiser son Peuple dans la lutte de libération nationale.
Il commencera sa lutte par le syndicalisme dès 1945. Membre fondateur du RDA à Bamako en Octobre 1946, Ahmed Sékou Touré participe à la création de la section guinéenne du RDA le 14 Mai 1947. Devenu secrétaire général du PDG-RDA en 1952, il se lança désormais dans l’implantation du Parti à la base et finit par réunir presque tout le peuple guinéen. Les élections des conseils territoriaux du 31 mars 1957 l’attestent éloquemment.
Le PDG-RDA a obtenu 57 conseillers sur 60. C’est cette victoire indéniable qui lui a permis d’être le chef du gouvernement semi-autonome de la Guinée française au mois de mai 1957. C’est avec ce gouvernement que le PDG-RDA a préparé le referendum du 28 septembre 1958.
Voilà ce vote incontestable qui a permis à la Guinée de proclamer son indépendance le 02 octobre 1958, pour devenir désormais REPUBLIQUE DE GUINEE. Il faut néanmoins reconnaitre que cet acte sublime avait causé à la France beaucoup de mal. Son empire colonial s’est disloqué dès 1960. L’AOF et l’AEF ont disparu en Afrique. C’est ce qui a motivé la France à déclarer la guerre à la Guinée nouvelle.
Heureusement, et fort heureusement, c’est le Peuple de Guinée qui avait eu raison après plus de 20 ans de guerre. Avec la chance de l’histoire, le Président Ahmed Sékou Touré et le Président français. Valery Giscard D’Estaing avaient célébré la réconciliation franco-guinéenne en Guinée en décembre 1978.
Sur le plan extérieur, la République de Guinée était loin d’être isolée. Conakry abritait le plus grand nombre d’ambassades en Afrique. Les africains avaient du respect et beaucoup de considération pour Ahmed Sékou Touré. Il était en effet l’un des principaux créateurs de l’OUA en 1963. Ce n’était nullement pour rien que Dialo Telly a été le premier Secrétaire Général de l’OUA. Aujourd’hui, la Guinée continue à bénéficier des acquis d’Ahmed Sékou Touré en Afrique et ailleurs. La famille d’Ahmed Sékou Touré continue d’être marocaine et pourquoi pas tous les guinéens ? C’est à cause des biens faits historiques indiscutables entre Bakary Touré le grand père paternel de Sékou Touré et le Roi marocain Mohamed V. Pour un fait d’histoire, pendant la guerre coloniale, les français avaient arrêté Bakary Touré à Gbéreïré (Forécariah) et l’avaient mis en prison à Madagascar. Dans sa cellule, Bakary Touré avait écrit certaines phrases sur le mur en arabe. Il avait fini par être libéré de prison, mais interdit de venir en Guinée. Comme par hasard, le Roi Mohamed V a été arrêté et conduit à Madagascar dans la prison qu’occupait Bakary Touré. Mohamed V avait pris le soin de lire les écrits de Bakary Touré. A sa sortie de prison, il a décidé de tout faire pour connaître les descendants de Bakary Touré. C’est ainsi qu’il a découvert Ahmed Touré. Et il l’a présenté à sa famille au Maroc. Son fils accède au pouvoir au Maroc. Il appelle Ahmed Sékou Touré pour lui offrir une concession à Rabat en lui disant qu’Ahmed Sékou Touré est bel et bien marocain comme lui. Tout en remerciant le Roi Hassan II, le Président guinéen appelle notre ambassadeur et lui remet les clés de la concession en lui disant que la Guinée n’est plus locataire au Maroc. Jusqu’aujourd’hui, les autorités marocaines continuent d’observer la même attitude vis-à-vis de la Guinée.
Autrement dit, nous continuons à jouir des acquis d’Ahmed Sékou Touré avec le Maroc. L’ambassade guinéenne au Maroc est bel et bien notre propriété.
En ce qui concerne la Chine, c’est au lendemain de l’admission de la Guinée à l’ONU, qu’Ahmed Sékou Touré s’est rendu à New-York pour demander et obtenir l’admission de la Chine à l’ONU. Cela a eu lieu en 1959. Depuis cette date, le gouvernement chinois n’a jamais cessé de manifester vis-à-vis de la Guinée sa reconnaissance et cela jusqu’aujourd’hui. Le président actuel guinéen le sait mieux que nous tous.
La Chine continue d’être la nation la plus reconnaissante.
Après notre indépendance, Ahmed Sékou Touré n’a pas baissé les bras face aux pays qui avaient pris les armes contre les colonisateurs. La Guinée Bissau le sait, le Zimbabwe aussi, sans compter l’Angola qui n’a jamais oublié Idrissa Condé sur ses champs de bataille. La participation de la Guinée à la guerre d’indépendance de l’Algérie avait consisté au transfert des armes de guerre du port de Conakry au territoire algérien.
Les organisations sous régionales n’étaient nullement en reste. Il s’agit notamment de l’OERS (Organisation des Etats Riverains du Sénégal), de la Mano Riva, de la Gambie (OMVS) et de la CEDEAO.
Tout cela nous amène à dire que le phénomène Ahmed Sékou Touré n’était pas un fait du hasard. C’est pourquoi pour conclure, nous disons que c’est Dieu qui sait faire ses dons. Il a souverainement donné Ahmed Sékou Touré à la Guinée pour laver ce pays de la souillure coloniale et d’en faire le point de départ de la poussée irrésistible des forces de libération du continent africain.
EL HADJ MOMO BANGOURA
PRESIDENT D’HONNEUR DU PDG-RDA