La crise au Port Autonome de Conakry, bien que minimisée par le président Alpha Condé et son homme de mission, Aboubacar Sylla, ci-devant Ministre des Transports, inquiète et interpelle la conscience collective.
Ce lundi matin du 10 septembre, ce sont des forces de sécurité lourdement armés qui ont fait irruption dans l’enceinte de la direction générale du Port Autonome de Conakry pour arroser les travailleurs protestataires de gaze lacrymogènes et procéder à l’arrestation du secrétaire général du syndicat des travailleurs du Port Autonome de Conakry, Cheick Touré.
Suite à cette interpellation, ce que le président Turc Recep Tayip Erdogan doit savoir :
Primo : le président Alpha Condé avait dénoncé et retirer au mois de mars 2011 le contrat de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry qui liait la Guinée à cette société depuis septembre 2008, pour une durée de vingt-cinq ans.
A l’époque, le président Alpha Condé avait pris un décret en ces termes : « La convention du 22 septembre 2008 et l’avenant du 7 novembre 2009 portant mise à concession du terminal conteneurs du port autonome de Conakry, son extension et l’aménagement d’un espace de la gare ferroviaire, conclue entre l’Etat guinéen et la société Getma international, sont résiliés ».
Plus loin, le dit décret précise : « Ladite convention et son avenant sont résiliés avec effet immédiat et sans indemnité à ses frais, risque et tort ».
Le président guinéen accusait Getma international (NCT Necotrans) « d’avoir failli à ses obligations et se réserve le droit de saisir les juridictions compétentes afin d’obtenir la réparation de son préjudice et le prononcé de toutes les dispositions législatives réglementaires en vigueur ».
Mais peu avant la résiliation, le PDG du Goupe et ami du président guinéen Vincent Bolloré, avait en personne visité en février 2011 les installations du port autonome de Conakry en compagnie du président élu Alpha Condé.
Pour rappel, c’était la première décision importante prise par le président guinéen Alpha Condé depuis son accession à la magistrature suprême du pays le 21 décembre 2011.
Pour le dire en un mot comme en mille, la « guerre » pour le contrôle du port autonome de Conakry était engagée en faveur de son ami et financier de sa campagne électorale, Vincent Bolloré du Groupe Bolloré. Le dit décret avait été signé le mardi 8 mars 2011.
Pour lier l’acte à la parole, pardon au décret, des bérets rouges de la garde présidentielle du président Alpha Condé sont mis à contribution pour déloger tous les travailleurs et occupants du port. Ce, sans aucune autre forme de procès ou de transparence en la matière.
Secondo : Dans un communiqué, le groupe NCT Necotrans dont dépend Getma international avait dénoncé à l’époque la manière cavalière de leur expulsion et l’utilisation disproportionnée de la force par des forces de défense et de sécurité de la Guinée.
Getma avait dans le même communiqué exprimer « sa plus vive indignation quant au recours à la force armée pour interdire l’accès à ses 400 salariés » avant de tenir la ferme promesse d’examiner tous les moyens de faire valoir ses droits suite aux préjudices provoqués par cette résiliation. Au moment des faits, Getma avait indiqué que le projet d’essor du Port de Conakry représente un investissement de plus de 100 millions d’euros.
Tierso : A ce niveau, il ne faut pas se leurrer. Ni l’Assemblée nationale qui représente le peuple de Guinée, ni les autorités du Port Autonome de Conakry, ni le gouvernement n’a été associés à la signature de ce contrat. Et de la même manière que le Groupe Getma avait été expulsé, c’est de la même manière cavalière que le Port a été vendu au gendre de l’ami Président Recep Tayip Erdogan. C’est de toi à moi, autrement, c’est entre le président Alpha Condé et son homologue Turc Recep Tayip Erdogan.
Sur ce, qu’on se le tienne pour dit et le président Recep Tayip Erdogan doit le savoir. Le jour où Alpha Condé ne sera plus Président de la République de Guinée au soir du mois de décembre 2020, les nouvelles autorités du pays n’auront aucun problème pour résilier ce contrat qui n’a selon les travailleurs pas sa raison d’être.
Le fait que le Port Autonome de Conakry reste un patrimoine de l’Etat en est une parfaite illustration.
Ousmane Cissé