Ce chef-d’œuvre architectural qui aura coûté près de 20 milliards d’euros et neuf ans de construction a été inauguré ce mardi 23 octobre et sera ouvert au trafic mercredi 24 octobre, connectant ainsi toutes les mégapoles du Delta de la Rivière des Perles et ses 68 millions d’habitants
Lorsqu’en 1980 le magnat hongkongais de l’immobilier Gordon Wu avait lancé l’idée d’un pont entre Hong Kong et Macao, tout le monde l’avait traité de « fou mégalomane ». L’utopie de l’époque est aujourd’hui devenue réalité, la Chine a explosé économiquement et veut faire du Delta de la Rivières des Perles une des zones économiques les plus dynamiques d’Asie.
Voir le président chinois Xi Jinping se déplacer à Zhuhai, – l’une des premières zones économiques spéciales de Chine –, pour cette grandiose inauguration donne une idée de l’importance de cette stratégie de connexion des deux anciennes colonies britannique et portugaise avec le continent chinois.
Ce pont aura coûté près de 20 milliards d’euros
La construction de cet ouvrage de 55 kilomètres de long, qui comprend aussi un tunnel sous-marin et plusieurs îles artificielles, aura duré près de 10 ans et été marqué par de nombreux retards, la mort de plusieurs ouvriers et des soupçons de corruption importante. Il aurait dû initialement être inauguré en 2016 et aura coûté près de 20 milliards d’euros.
Pharaonique et cher, ce pont symbolise plus que jamais la volonté de la Chine d’absorber Hong Kong et Macao au continent en créant une sorte de cordon ombilical ceinturant le Delta de la Rivières des Perles. Il est la dernière pièce du grandiose puzzle du projet, nommé « La grande baie », commencé par Pékin, en créant dès 1984 les Zones économiques spéciales (ZES) de Shenzhen et Zhuhai aux portes de Hong Kong.
Aujourd’hui, cette zone couvre près de 60 000 kilomètres carrés en Chine du Sud, intègre onze villes où habitent près de 70 millions de personnes et où des avions décollent ou atterrissent sur cinq aéroports internationaux (Hong Kong, Macao, Zhuhai, Shenzhen et Canton).
Les Hongkongais font la grimace…
De nombreux critiques, surtout à Hong Kong, ne voient pas l’utilité de ce pont car les connexions terrestres (par le nord) ou maritimes (ferry) existent déjà depuis longtemps. Pour eux, Hong Kong aurait plus besoin de logements sociaux (qui manquent cruellement) que d’un pont vers Macao. Pour d’autres, dans une région où « le temps c’est de l’argent » – même pour aller jouer dans les casinos de Macao –, le gain de transport n’est pas négligeable.
Quatre heures de transport en bus ou voiture pour rejoindre Zhuhai et Macao depuis Hong Kong vont se transformer en 45 minutes (pour un coût plus élevé bien sûr). Les impératifs économiques et politiques chinois se sont imposés depuis les rétrocessions de Hong Kong (1997) et de Macao (1999) à la mère patrie.
Pékin vient de les finaliser en inaugurant fièrement ce pont d’une « espérance de vie de 120 ans », largement le temps d’intégrer définitivement Hong Kong et Macao et faire oublier qu’elles étaient des colonies étrangères.
La croix.com