La Guinée s’achemine t-elle vers le syndrome de la République Démocratique du Congo avec un président de la République dont le mandat arrive à expiration mais qui continue toujours de diriger le pays ? Ils sont nombreux les guinéens qui répondent à cette question par l’affirmative. Tant, le glissement du calendrier électoral est de plus en plus probable. Les élections locales du 4 février 2018 tiennent encore les guinéens en halène avec la débâcle du RPG, parti président dans la capitale, Conakry. Même si le président Alpha Condé et ses alliés veulent s’accrocher à la Mairie de Matoto pour ne pas tout perdre. Sur le sujet, malin, celui qui dira à quand le maire de Matoto sera installé puisque le chef de file de l’opposition, Mamadou Cellou Diallo se dit rassuré de sa victoire dans cette commune.
Parlant des élections législatives, il faut dire que l’article 60 de la constitution stipule que les députés sont élus pour un mandat de cinq ans. Or, les élections législatives ce sont tenues le 28 septembre 2013 et Claude Kory Kondiano a été élu, le lundi 13 janvier 2014, président de l’Assemblée nationale de Guinée. Il avait obtenu 64 voix sur les 113 votants et un bulletin nul. Comme pour dire que selon la Constitution en son article 60, les élections législatives devraient se tenir fin 2018. Ce qui n’a pas été fait, et jusqu’à quand ?
L’année 2020 qui avance à grand pas et sur toutes les lèvres est la fin du second et dernier mandat du président Alpha Condé. Le chef de l’Etat guinéen pour rappel, préside aux destinés de la Guinée depuis le 21 décembre 2010, date à la quelle, il avait prêté serment pour être Chef de l’Etat. En janvier 2015, il avait entamé un second et dernier mandat à la tête du pays.
A propos de ce glissement de calendrier, il faut dire qu’il y a des signes qui ne trompent. Au lieu que le président Alpha Condé ne travaille sur l’organisation des élections libres et transparentes et sortir de l’histoire par la grande porte, il fait le tour du pays pour des cérémonies de pose de « premières pierres ». Même si, les nombreuses pierres qu’il a posées depuis 2010 tardent encore à produire des résultats escomptés au bénéfice des populations.
Pourtant, qu’on se le tienne pour dit. La vitalité de la démocratie se mesure par la tenue régulière et transparente des élections.
En un moment où la tension reste vive dans le pays et le rejet de l’autre qui va crescendo, l’ethnisation de l’administration, des postes juteux et autres avantages y afférentes, il ne sera pas exagérer de dire que le syndrome de la RDC quête la Guinée. Et contrairement aux propos de F. D. Roosevelt: « Gouverner, c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous ». Or dans la Guinée du président Alpha Condé, les balances ne sont pas maintenues au même niveau pour tout le monde.
Mais pour le dire en un mot comme en mille, le président Alpha Condé est champion de la politique politicienne et il n’est peut être pas trop tard pour mieux faire.
A méditer absolument: ayant compris qu’il n’était pas opportun de faire des promesses de façon inconsidérée, le président américain John Kennedy, dans son discours d’investiture en 1961, l’a si bien dit : « nous ne pourrons pas tout faire dans les cent premiers jours. Ni dans les mille premiers jours, ni pendant toute la durée de notre mandat, ni même peut-être pendant toute notre vie sur cette planète. Mais, commençons » !

Ousmane Cissé