Comme nous l’avions dit dans l’un de nos précédents articles, un militant de l’UFR de Sydia Touré a comparu le lundi 29 avril, au tribunal de Mafanco pour  le délit d’attroupement illégal. Arrêté pour son opposition à un troisième mandat,  Amadou Touré a déclaré à la barre qu’il n’est coupable de rien.

Quelques minutes après le renvoi de son procès au 13 mai pour des plaidoiries et réquisition, son avocat, Me Mohamed Traoré s’est exprimé sur ce sujet.

Selon l’avocat, ce procès est un procès honteux. « Il faut dire que ce procès est un procès honteux. Je pense que la justice doit saisir cette opportunité pour démontrer à certains qu’elle ne se laissera pas instrumentaliser pour que des groupuscules de personnes arrivent à leur fin. On assiste tous les jours à des manifestations à l’intérieur du pays : à Coyah, à Dubréka, à Boké. Il y a des gens qui manifestent leur soutien au 3ème mandat, des gens qui manifestent leur soutien à une nouvelle Constitution et au Président de la République, lui-même, a parlé de confrontation d’idées. Il faut laisser le débat se développer. Que d’autres personnes, d’autres guinéens, qui ne sont pas moins guinéens que les premiers affirment leur opposition face à une nouvelle Constitution et que ces personnes soient arrêtées et traduites devant la justice, je pense encore une fois, que c’est la honte. C’est une façon de démonter peut-être qu’il y a des guinéens qui sont au dessus d’autres. Mais, il faut que cela soit clair, cette une manœuvre qui ne passera pas. En Guinée, il existe désormais des citoyens qui peuvent exercer leur liberté de manifester sans aucune entrave. La seule condition est que leur manifestation sont favorable au Pouvoir. Il ya une autre catégorie de Guinéens qui n’ont pas le droit de manifester parce qu’ils sont du « mauvais côté ». Cette différence de traitement n’est pas normale dans un État de droit. Tous les citoyens sont égaux devant la loi.
L’ État a le devoir de tenir la balance égale entre ses citoyens et de permettre l’expression des différentes opinions, pourvu qu’il n’y ait pas de violences ou de troubles à l’ordre public. Nul ne doit être l’objet de discrimination en raison de son appartenance politique, ethnique ou régionale ».

Poursuivant dans la même lancée, il a dit : « Nous sommes un certain nombre d’avocat qui ont décidé que toute les fois qu’il y a des guinéens qui sont arrêtés pour avoir manifesté leur opposition à un 3ème mandat ou à une nouvelle Constitution, nous serons là pour assurer leur défense, parce qu’il faut tenir la balance égale entre tous les citoyens guinéens. Il n’y a pas un guinéen qui est supérieur à un autre.

En ce qui concerne monsieur Touré (le prévenu), il n’a même pas participé à un attroupement. Deux jeunes, parmi lesquels un mineur, ont été arrêté. Et, sur instruction du président de son parti (Sidya Touré : ndlr), il est allé dans un commissariat de police pour s’enquérir de la raison pour laquelle ces jeunes ont été arrêtés. Et là, on lui dit qu’au nom de la loi, on l’arrête. Nous sommes dans quel pays ?

Nous n’accepterons pas, en tant qu’avocats, que ce genre de pratique se reproduise. Nous avons chèrement acquis notre démocratie et nos libertés. Nous n’accepterons pas que cela soit remis en cause. L’affaire a été renvoyée pour le 13 mai et nous serons là, parce que c’est le ministère public qui a demandé que l’affaire soit renvoyée, parce qu’il n’est pas prêt à présenter ses réquisitions. Mais en réalité, cette demande cache simplement une chose. C’est que le dossier est vide et le ministère public ne savait pas quoi dire. »

Daouda Yansané