La forte pluie qui s’abat sur la capitale Conakry depuis la nuit du dimanche à ce lundi n’a pas eu raison de la détermination des journalistes. La marche de colère des journalistes a bien eu lieu ce lundi. Les femmes et hommes de Media ont bravé la pluie en se mobilisant massivement devant la haute Autorité de la Communication.
Pour l’occasion, des slogans comme « justice corrompue, magistrats gelés, Ministres prédateurs, libérez la liberté de la presse, vive le respect de la loi L 002″ », ont été entre autres propos scandés devant l’organe de régulation des Media en Guinée. Histoire d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les dérives dictatoriales en cours contre les journalistes en Guinée.
Dans une déclaration lue à cet effet devant la Haute Autorité de la Communication, le Le Syndicat de la Presse Privée de Guinée a déclaré pour la circonstance que depuis le début de l’année, une dizaine de journalistes a la peur au ventre et pour cause. Interpellation par la Direction de la Police Judiciaire, procédure judiciaire sur la base de la Loi sur la Cybercriminalité, condamnation, emprisonnement, placement en détention provisoire, interdiction de sortie du territoire des journalistes, excusez du peu, la liste est longue. Et dans tout ça, affirme le porte-parole du syndicat des journalistes, Mohamed Diallo, c’est la loi sur la cybercriminalité qui est appliquée en lieu et place de la Loi L 002.
Compte tenu de ce climat délétère, les journalistes ont exigé l’application de cette Loi L 002 et rien d’autres. Tout en appelant les autorités du pays au respect de la loi pour les citoyens et corporations du pays.
Par ailleurs, bien que les Commissaires de la Haute Autorité de la Communication aient tous déserté leur bureau au moment de la manifestation, les journalistes ont adressé un mémorandum à l’organe chargé de la régulation des Media en Guinée et au Ministre de l’Information et de la Communication, Amara Somparé. Les deux mémo ont été déposés au Secrétariat de la HAC et du Ministère de l’Information et de la Communication.
Dans cette démarche, les journalistes guinéens ont reçu des soutiens de taille. Reporters Sans Frontières et le Forum des Journalistes Africains sont à leurs cotés. Déjà, le président du Forum des Journalistes Africains sera ce mercredi avec le doyen Diallo Souleymane au Tribunal de Première Instance de Kaloum. Il sera à Conakry demain mardi.
D’autres actions sont également prévues, notamment à partir de cette semaine avec des émissions interactives et l’observation par tous les journalistes et Media du pays des journées sans presse en Guinée.

RAPPEL
En juin 2018, Mamadou Saliou Diallo, journaliste et fondateur du site d’informations générales, Lesnouvellesdeguinee.com, sur instruction express du ministre guinéen de la justice, Garde des sceaux, Cheick Sacko a été écroué durant trois semaines à la maison centrale de Conakry.

Nos confrères de la radio Espace FM, Moussa Moise Sylla, Moussa Yéro Bah inquiétés et la dernière condamnée.
Aboubacar Diallo du site Mosaiqueguinee et d’un autre du site ConakryChallenge, sur plainte du ministre des Télécommunications, ont été récemment condamnés.
Le journaliste Almamy Kalla Conté du site Guineelive, en procès de diffamation contre le ministre d’Etat, Secrétaire général à la Présidence de la République, vient d’être aussi condamné. Lansana Camara est toujours sous contrôle judiciaire. La liste est non exhaustive.
Diallo Souleymane, fondateur du Groupe de presse « Lynx », et son Directeur Général Aboubacar Algassimou Diallo « Aboubakr » ont tous été placés sous contrôle judiciaire

Cette marche de la colère des médias guinéens est organisée pour dire non à ces violations et persécutions contre les journalistes, contre la liberté d’expression mais aussi contre l’Etat de droit et la démocratie.

Notre Justice, malheureusement, est apte à rendre justice pour les autres, les hauts cadres, les hommes d’affaires, les ministres de la République en condamnant les journalistes, mais jamais le contraire.

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