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Célébration de la liberté de la presse : Me Thierno Souleymane Barry interpelle l’Etat guinéen au respect du droit des journalistes en 2020

A l’image des autres pays  du monde, la Guinée célèbre ce dimanche 03 mai 2020, la journée internationale de la liberté de la presse.

Vue la situation sanitaire marquée par le covid 19, plusieurs associations de presse et ONG  de défense des droits de l’homme se sont fait entendre à travers des déclarations.

Me Thierno Souleymane Barry, avocat à la cour et l’un des défenseurs  du droit des journalistes s’est exprimé dans les colonnes de guineelive.com. Dans cet entretien, l’avocat  a fait un regard sur le respect du droit des journalistes en Guinée courant l’année 2019, avant de projeter le respect de ces droits par l’Etat en 2020 et les années qui suivent.

Surnommé l’avocat de la presse et des causes nobles, Me Barry a tout d’abord souhaité une bonne fête aux journalistes de la Guinée et d’ailleurs. « Je commence d’abord par  souhaiter bonne fête à toute la presse. Le mieux qu’on puisse dire ici, c’est d’abord lorsqu’on marche ensemble vers la démocratie, c’est d’abord la liberté d’expression. On ne peut pas parler de démocratie  et de liberté de presse sans parler d’abord  de l’acteur de cette liberté à savoir le journaliste. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’ailleurs de quatrième pouvoir. Je dirai même du pouvoir des pouvoirs »

Selon lui, l’année 2019 n’a pas été du tout parfaite  pour la presse Guinéenne en termes de respect de  ses droits. « Parlant de la situation en Guinée, nous pouvons dire que 2019 n’a pas été une année faste  pour les journalistes. Dans cette lutte contre un éventuel troisième mandat et la lutte pour la protection des libertés publiques en Guinée, la presse a payé  un  lourd tribu. Nous avons défilé (d’autres avocats et moi) dans les différents tribunaux tant  pour défendre et faire sortir des règles et autres textes applicables aux journalistes. Je m’en veux pour preuve la technique de bâillon. Vous avez vu tout au long on a fait appliquer  à votre égard le code pénal, alors qu’en pareille circonstance les délits par voie de presse sont régis par la loi L002. Nous avons réussi à faire écarter le code pénal et faire application de la loi sur la liberté de la presse. Une autre action qui était trouvée,  c’était  de faire appliquer à la presse la loi sur la cybercriminalité. Là également avec le concours des responsables et doyens de la presse et d’autres confrères avocats, nous avons réussi à faire invalider l’affaire allant dans ce sens. Finalement, l’application de la loi sur la cybercriminalité a été écartée. C’est l’arrêt Diallo Souleymane et Aboubacr au niveau de la chambre de contrôle de l’instruction qui annule totalement la procédure. Depuis lors si vous vous souvenez bien, maintenant on ne vous trimbale  pas (les journalistes) en justice sous le chef de cette loi sur la cybercriminalité. C’était une loi liberticide en matière de la presse. La Guinée a fait un choix dès le départ pour dépénaliser les délits de presse. Ce n’est pas pour rien. C’est pour pouvoir vous protéger  contre d’éventuelle violation de vos droits et de vous mettre en prison. En résumé, je  pourrais dire que le bilan n’a pas été globalement positif en matière de liberté de la presse. Osons espérer  que l’année 2020 et les années qui arrivent qu’un grand changement allant dans le sens du respect du droit des journalistes puisse s’opérer dans le pays », a-t-il dénoncé.

En sa qualité de défenseur  des droits de l’homme, l’avocat a sollicité le respect des textes pour que la liberté de la presse et  le droit des journalistes soient respectés en Guinée. « Le conseil que j’ai pour les autorités, c’est de couper le mot  consensus et partir vers l’application des textes de loi. Nous sommes dans une démocratie. Je demande aux autorités de respecter cette liberté fondamentale qui est la liberté de la presse. De protéger les journalistes et les sources des journalistes. Faire application scrupuleuse de la loi sur la liberté de la presse. La liberté de la presse ne veut pas dire impunité. La dépénalisation ne veut pas dire absence de sanction. Il y a des amendes(…) », a-t-il mentionné.

Ce n’est pas tout, l’avocat a demandé en conclusion aux journalistes de s’organiser pour trouver une convention collective.

Entretien réalisé par Daouda Yansané

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