Il sera très difficile pour nous de dire si la préfecture de Kérouané, située à quelque 800 km de Conakry a connue sa première couche de bitume, ce, depuis l’indépendance de la Guinée en 1958.

La seule certitude, c’est que parcourir les 145 km qui séparent cette cité à la ville de Kankan relève d’un véritable parcours de combattants. Justement sur une distance de 145 km, si vous êtes dans une voiture 4×4 de marque japonaise Toyota Land Cruiser dont la qualité est reconnue par tous, il vous faut pas moins de quatre heures. Nids de poules,  nids d’éléphants, des bas-fonds, plaines, rivières, des situations pas du tout confortable, et que sais-je encore,   sont le lot quotidien des automobilistes et leurs passagers.  Sur ce tronçon long de 145 km, ce sont des dizaines de voitures embourbées dans des boues qui jonchent  tout au long du trajet  avec  tout ce que vous pouvez imaginer comme difficultés en cette saison de grande pluie.

Une fois à  Kérouané centre, si vous êtes étrangers ou si vous avez appris l’histoire, vous vous demander si vous êtes bien arrivée à Kérouané centre. La ville manque presque de tout.  Bien que  Kérouané regorge de l’or et du diamant, la ville ressemble à un gros village où la modernité a foutu le camp.  Le seul  espoir pour un développement harmonieux et équilibré de la préfecture, c’est que  la préfecture possède de vastes domaines agricoles, même  si  l’Etat a foutu le camp.

En tout cas, ceux  qui  se sentiront  bien dans cette préfecture, ce sont des historiens qui pourront quand même contempler le mussée de  Almamy Samory Touré avec  ses sabres et autres objets de guerre, que l’empereur de Wassoulou a laissé à la postérité, après son arrestation par les colons Blancs en 1898. C’est justement ce sont ces objets de guerre qui rappellent le passé héroïque de la cité de  Almamy Samory Touré.

Après Kérouané centre, c’est le même calvaire qui continue sur les 30 km qui séparent Kérouané centre de  Kossankoro, la dernière sous-préfecture de Kérouané avant de rallier le territoire de Macenta.  C’est seulement à la sortie du pont  de Kossankoro qu’automobilistes et passagers trouvent leur salut en direction de la préfecture de Macenta. Là, une piste très bien  bombée vous dirige sans grande difficultés tout droit vers le quartier de Macenta Koura, situé à la périphérie de Macenta centre.  Une fois la préfecture de Macenta  ville traversée, vous serez en confiance, puisque les 138 km qui séparent Macenta de la préfecture de Nzérékoré, la capitale régionale, vous donne du sourire et pour cause. Bitumé dans les années 1990   par une société brésilienne sous le régime de feu général Lansana Conté, cette route à l’image de celle de Boffa-Boké pour ceux qui connaissent les deux préfectures continue de défier le temps, le bitume est toujours intacte. Rien à voir avec les routes bitumées sous le régime du Président Alpha Condé, avec des goudrons qui durent à peine six mois, surtout à Conakry et en  haute Guinée.

Sur cette route longue de 138 km entre Macenta et  Nzérékoré, imaginer le reste, nous voulons nommer la vraie nature avec des forêts verdoyantes et danses qui vous conduiront  jusqu’à Sérédou où la vraie nature existe à l’état naturelle, excusez du peu de cette tautologie.  Cerise sur le gâteau, rivières et fleuves  se succèdent  dans l’étendue des eaux et arrosent  bien cette région pour le plus grand bonheur des habitants de région forestière.  Ces forêts n’ont rien à envier  aux profits  âpres et nus des paysages polaires. Cette forêt classée de Ziama sur la montagne de  Zobolona vous conduit jusqu’à la frontière libérienne. Même s’il faut déplorer le fait que le centre de recherche de Sérédou risque de foutre le camp, abandonné qu’il est par le régime Alpha Condé. Les arbres ont fini par engloutir ce centre de recherche qui se trouve dans un état de décrépitude  très avancé.

Puis vous êtes dans le village de Niapala où la  société « forêt  forte »  a établi son quartier général pour le plus grand malheur de la forêt danse de cette région qui n’est plus forte sans ses forêts, malheureusement.

En fin le village de Koulé, situé à une quarantaine de Km de Nzérékoré ville avec ses montagnes,  ses bas-fonds et  ses plaines pour découvrir la mégalopole de Nzérékoré en toute sécurité, puisque cette route longue de 138 km  qui a été réalisé il y a  plus de vingt ans garde toujours son  bitume.

Lancinet Sidibé pour Guineelive