Convention par ci, convention par là : Alpha Condé et la politique de ce qu’il fait et de ce qu’il dit
En Guinée, il y a tout de même une constance. Les guinéens en tout cas, une grande majorité est unanime que le Président Alpha Condé est un bon politicien.
L’autre constance aussi, c’est que le chef de l’Etat ne dit jamais ce qu’il fait et fait toujours ce qu’il ne dit pas.
Pour preuve, lors de son discours mercredi sur l’état de la crise sanitaire en Guinée, Alpha Condé avait regretté avec amertume, le relâchement des mesures barrières en ces termes : « En effet, malgré les appels à la discipline et au respect rigoureux des règles édictées par les autorités sanitaires, je constate avec regret et amertume, le relâchement par endroits des mesures barrières et notamment le non-respect du port du masque en public, la violation des dispositions visant à limiter les rassemblements de personnes ainsi que les déplacements intempestifs de Conakry vers l’Intérieur du pays. Ces pratiques non citoyennes ont eu pour conséquence l’apparition de nouveaux cas dans certaines villes de notre pays jusque-là épargnées ».
Pendant ce temps, cette semaine, les guinéens ont assisté médusé la tenue des conventions du RPG dans les capitales régionales de Nzérékoré, Kankan, Labé et Faranah pour l’investiture du Président Alpha Condé en prélude à la présidentielle, théoriquement prévue le 18 octobre 2020. A propos justement de ces conventions, il faut dire que même si elles ne mobilisent pas grand monde dans les préfectures, ces conventions mobilisent tout de même plusieurs dizaines de personnes qui ne portent pas de masques et qui ne respectent aucune règles de distanciation sociale en ce qui concerne les regroupements.
Mieux, la plus part des personnes qui ont présidé la cérémonie de lancement de ces conventions du RPG sont des Ministres et hauts cadres qui ont quitté Conakry avec leur délégation pour l’intérieur du pays.
Comme on le voit, entre les discours du chef de l’Etat et la réalité sur le terrain, il y a une distance océanique. En tout cas, rien ne prouve la nécessité d’organiser ces regroupements dans le pays profond et surtout la nécessité pour des dizaines de personne de quitter Conakry pour le pays profond sans aucune mesure de protection, si et seulement si, la pandémie inquiétait le chef de l’Etat, comme la plus part des dirigeants à travers le monde.
A moins que la maladie du Covid-19 ne soit sous contrôle, mais instrumentalisée à des fins politiques.
Pourtant, cette réflexion du Président du Niger Mahamadou Issoufou et ami socialiste du Président Alpha Condé devrait être une médiation pour le chef de l’Etat guinéen : « J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable… Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? ».
Alors pour notre part, nous disons que les guinéens sont plus de 12 millions et personne ne saurait être irremplaçable.
Hubert MAGA disait également je cite : « Il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Le temps est le maître de tous les maîtres. Il faut rire de tout. Mais devant les grandes décisions de la vie réfléchissez à hier et pensez à demain parce que la nature dans sa comptabilité est incorruptible et aucune facture ne restera impayée. La nature est juste ».
Mohamed SOUMAH