Connu pour son franc parlé et sa connaissance de la réalité sociopolitique du pays, le président du Conseil National des Organisations de la Société Guinéenne (CNOSC-G) a accordé une interview à la rédaction de votre quotidien en ligne (guineelive.com).

Dans cet entretien, nous avions fait le tour de l’actualité guinéenne notamment, la manifestation du FNDC demandant le départ du président Alpha Condé au pouvoir, la libération des détenus du FNDC et la fixation de la date du 18 octobre pour la tenue des présidentielles de 2020.

Par rapport au premier point, Dr Dansa Kourouma a dit que la manifestation est un droit reconnu par la constitution guinéenne. Mais, pour le président du CNOSC-G, ce droit à des limites. Comme pour dire que demander le départ d’un président sous mandat n’est pas du tout appreciable.

 « Ce que je peux vous garantir, FNDC est une organisation ou une entité qui a des droits. C’est des citoyens guinéens. Parce que l’article 10 de la constitution dispose le droit de créer des associations, pour exercer collectivement leur droit politique, social, économique et culturel. Et, cet article 10 est l’émanation de la déclaration universelle des droits de l’homme. Ils ont le droit de se constituer, de manifester ou de contester. Personne ne peut éteindre ce droit. C’est consacré par la constitution elle-même. Mais ce droit-là a des limites. Ta liberté s’arrête où commence la mienne. Si tu n’es pas d’accord et que moi je suis d’accord, on doit tous manifester. Mais utiliser la violence comme un moyen d’expression citoyenne, c’est la pire forme de violation des droits de l’homme qui puisse exister dans le monde. Je ne suis pas du FNDC, et je ne peux non plus me liguer à un parti politique pour exercer des droits citoyens. Si je le fais en ce moment, je deviens démarcheur de ce parti politique. Mais, en réalité si c’était un mouvement citoyen, composé uniquement des associations des citoyens indépendants, mais écouter ce mouvement-là allait avoir l’adhésion de tout le monde. En réalité, le FNDC doit manifester dans le respect des droits des autres. Nous sommes en urgence sanitaire, si leur manifestation peut se dérouler sans violences et respecter les gestes barrières pour éviter une propagation de la maladie, mais tant mieux. Le FNDC est comme autre mouvement qui existe sur le plan politique, social, qui manifeste au nom des citoyens, mais d’abord il doit convaincre ces citoyens sur les raisons de leur manifestation. Et, demander le départ du Président Alpha Condé, c’est leur droit, mais c’est un rapport de force, parce que le président Alpha Condé reste et demeure l’élu du peuple de Guinée. Quel que soit les insuffisances liées à sa gestion, il est élu par le peuple de Guinée. Si vous voulez demander que ce dernier quitte le pouvoir sans que son mandat ne termine, il faut être fort. Et, cette force ne doit pas être une force violente, mais une force de persuasion, de mobilisation. Et, cette mobilisation doit se faire conformément à la loi ».

Quand à la libération des détenus du FNDC dans les lieux de détention du pays, Dansa Kourouma déclare avoir fait des courriers aux autorités concernées pour demander leur libération de ces derniers.

« En ce qui concerne les détenus du FNDC, nous avons adressé plusieurs courriers depuis plus d’un mois à des autorités pour demander leur libération. Parce que leur arrestation ressemble tout simplement de l’acharnement. Donc, il faut que le procès se passe dans la diligence. Il faut retenir que L’alternance démocratique qu’on cherche, c’est un nombre complexe. Il faut que chaque citoyen réclame cette alternance et la manière de réclamer doit se faire dans les urnes et non dans la rue », a-t-il déclaré.

Parlant de la proposition du 18 octobre prochain comme date des élections présidentielles par la CENI, et dénoncée par l’opposition composée de l’UFDG, l’UFR, PEDN, PADES et autres, l’activiste de la société civile guinéenne a dit ceci :« La Guinée est devenue un pays en crise. Parce qu’en réalité, il n’y’a pas de confiance entre les acteurs politiques et des institutions. Mais ce n’est pas l’opposition, ni la mouvance qui fixe la date des élections. C’est la CENI qui propose une date conformément aux dispositions de la constitution et du code électoral. Et, conformément de sa capacité à organiser les élections. Moi, je ne vois pas pourquoi on peut s’attaquer à une date proposée par la CENI. Ecoutez, vous êtes opposants ? Vous voulez une alternance ? Soyez prêts aller à des élections. Et, ce que je veux demander aussi à la classe politique, vous voulez gouverner le pays ? Battez-vous pour que les élections soient transparentes. Mais ce n’est pas dire il n’y aura pas des élections, qu’on peut rendre les élections transparentes. Mais de grâce, travaillez à l’intérieur des institutions, demander un dialogue sous l’égide de la communauté internationale comme arbitre et mettez sur la table toutes les conditionnalités requises pour aller à des bonnes élections. Et, autour de la table, il y aura de consensus sur l’ensemble des éléments qui puissent nous aider à aller à des élections crédibles. Mais, dire qu’il n’y aura pas des élections, non, vous êtes des partis politiques, les élections ce n’est pas pour vous, mais c’est pour les citoyens du pays. Les partis politiques sont des démarcheurs du pouvoir, ce ne sont pas eux qui doivent dicter l’aspiration nationale, mais plutôt c’est les citoyens ».

Propos recueillis par Daouda Yansané

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