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« L’ONFPP a pour mission essentielle d’appliquer la politique de l’Etat en matière de formation professionnelle et d’apprentissage sur le terrain », DG Monsieur Lucien Beindou GUILAO

Le Directeur Général de l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnels (ONFPP), ancien ministre et ancien sociétaire du Syli National de Guinée, Monsieur Lucien Beindou Guilao a accordé une interview a l’un des  Reporters de votre quotidien en ligne (guineelive.com).

Dans cet entretien d’une heure d’horloge, le Directeur nous a parlé de sa direction et ses missions, mais aussi des conseils pour d’autres jeunes sur la vie quotidienne.

 Lisez…

Guineelive.com : Pour  rafraichir la mémoire de  nos lecteurs, faites une brève présentation de l’ONFPP ?

Lucien Beindou GUILAO : De façon brève, l’ONFPP (l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnels) est un établissement public doté de l’autonomie financière. Il a pour mission essentielle d’appliquer la politique de l’Etat en matière de formation professionnelle et d’apprentissage sur le terrain. A ce titre, il est chargé d’assister les entreprises dans l’identification de leurs besoins et l’établissement des plans de formations qui correspondent à ces besoins. Nous avons aussi pour mission d’apporter une assistance aux centres et établissements de formations tant sur le plan de leur développement et du conseil. Nous avons aussi pour mission d’orienter des jeunes à la recherche de leurs premiers emplois, vers des formations porteuses d’emplois. Nous avons aussi pour obligation de faire en sorte que les formations que nous subventionnons soient en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi.  Nous avons aussi pour mission d’aider à la réinsertion des plus anciens vers les filières porteuses. Donc, nous avons une mission vaste.

Quelles sont vos cibles ?

Bon ! Nos cibles sont à la fois dans les secteurs formels et informels.

Notre budget est financé à 90% par les entreprises du secteur privé, le patronat. Nous avons un Conseil d’Administration comme tous les EPA, qui a trois collèges : le collège de l’Etat ; des employeurs et celui des travailleurs. Vous constaterez que l’ONFPP est là pour appliquer une politique. Nous sous-traitons l’action gouvernementale sur le terrain.

Depuis 2015 vous avez bénéficiez de la confiance du Président Alpha Condé en vous nommant Directeur Général de l’Office National de la Formation et de Perfectionnement Professionnels (ONFPP). Aujourd’hui, qu’est-ce que les guinéens peuvent retenir comme action concrètes menées par votre équipe ?

Avant de répondre à votre question, c’est le lieu pour moi de remercier le Président de la République, Pr Alpha Condé pour la confiance placée en nous en 2015 pour mener cette mission. Ce qu’on peut retenir, c’est qu’avant 2015, la situation de l’ONFPP était presque inconnue par le public. Il ne faisait pas ce qu’il devait faire pour que les entreprises soient les plus performantes possibles. Donc, ce qu’on peut retenir de 2015 à aujourd’hui, c’est que les entreprises qui évoluent en Guinée que, ont de plus en plus confiance à l’ONFPP. Par exemple, On est resté 25 ans sans même un site internet, mais aujourd’hui, c’est chose faite. Donc, il est plus visible que par le passé. Et, on mène des actions visibles sur le terrain. On peut être fiers aussi du programme d’autonomisation des femmes qu’on n’a mis en place depuis 2016 et qui a permis à la formation et à l’apprentissage de 8.000 femmes déjà. Ce qui n’est pas mal. Ce qu’on peut retenir aussi, c’est que l’ONFPP avant 2015 qui était presque invisible, commence à s’imposer comme une institution forte au service de ses cibles.

Dites-nous Monsieur le Directeur, quels sont les grands défis que vous comptez relevés ?

Quand nous avons commencé en 2015, on s’est fixé dans des objectifs. Et, le plus gros défi, c’était d’être en 2020 une institution forte. Mais, cela passait par l’atteinte de trois objectifs. Le premier, c’était de moderniser l’ONFPP. Aujourd’hui, nous sommes là-dessus et cette modernisation passe par plusieurs étapes. Pour qu’on ait un environnement de travail correct et moderne, il faut qu’on soit installé chez nous. Mais, depuis 2015 jusqu’à maintenant nous sommes en location. Et, on n’arrive pas atteindre notre objectif qui est d’être installé dans nos propres locaux à l’horizon 2020. Donc, le premier défi, c’est de récupérer nos locaux et de moderniser l’environnement de travail. Le second défi, c’est de rehausser les compétences à travers la formation de nos propres ressources humaines. Et, ça c’est un défi qui est relevé, on a aujourd’hui un personnel jeune en quantité suffisante et de qualité. Le troisième défi, lui il est permanent, c’est d’appuyer ou accompagner les entreprises qui sont nos partenaires vers beaucoup plus de compétitivité. Aujourd’hui, le marché est difficile, ce sont les personnes ou les entreprises les plus compétitives qui réussissent, parce que nous sommes dans un marché concurrentiel. Et, notre souhait c’est que toutes les entreprises avec lesquelles nous travaillons soient compétitives sur le marché. Et, pour qu’une entreprise soit compétitive, il faut que son personnel soit compétant et qui se remettre en question, qui rehausse son niveau d’année en année à partir de ce qu’on appelle la formation professionnelle continue tout au long de la vie. Ce sont nos trois grands défis. Les deux derniers défis, sont permanents. Chaque année, il faut qu’on se remette en cause pour rehausser le niveau. Et, c’est la même chose avec nos entreprises partenaires pour être de plus compétitif sur le marché.

Comment collaborez-vous avec les entreprises qui se trouvent à l’intérieur du pays et qui sont vos partenaires ?

Dans le défi de la modernisation, il faudrait aussi que nous ayons nos agences implantées dans les grandes régions où il y’a un bassin en termes d’emplois. Et, ça aussi c’est un gros défi pour nous. Nous allons nous implanter à Boké et dans les autres zones comme à N’Nzérékoré et Kankan. Mais, aujourd’hui, toutes les entreprises qui sont implantées à l’intérieur du pays ont des représentations à Conakry. Mais, il nous ait arrivé d’aller voir des entreprises qui évoluent dans la sous-traitance et qui nous déposent des plans de formations pour les formés. Sur le plan du secteur informel, le problème ne se pose pas. Nous avons sillonné toutes les régions de la Guinée pour la formation, surtout dans notre programme de l’autonomisation des femmes.

  1. Lucien Beindou GUILAOfut footballeur professionnel international au Gabon, au Portugal et sociétaire du Syli National de Guinée de 1985 à 1992 avec 40 sélections. Quel est votre regard sur le football guinéen. Et, le Syli National en particulier ?

Mon regard sur le sport guinéen en général, c’est que les résultats de Syli National cachent la vérité. Parce qu’en Guinée, le constat qui est fait depuis très longtemps, ça ne date pas d’aujourd’hui, quand le Syli National se porte bien, on dit que le football guinéen se porte bien. Avant c’était possible de le dire, parce que presque tous les joueurs du Syli National évoluaient en Guinée. Aujourd’hui presque tous les joueurs évoluent à l’extérieur. Donc, si le Syli se porte bien, ce n’est pas la preuve qu’on a un bon championnat. C’est la preuve qu’on a des bons joueurs individuellement pris qui jouent et font leur preuve à l’étranger. Et, on ne peut pas s’arrêter sur cette analyse. Mais . Et, l’indicateur pour moi, c’est le CHAN, le Championnat des locaux. Ça dénote la valeur même du Championnat local. A ce niveau, mon avis peut être sévère, mais le Sport comme beaucoup d’autres secteurs en Guinée est miné par la corruption. Parce que tout simplement les gens ont cessé de compter sur le travail, on ne se remet pas en question. C’est le gros problème. Et, l’autre problème, c’est qu’on veut régler le problème structurel avec des solutions conjoncturelles. Par exemple : Si on a une faible équipe nationale cadette, c’est parce que peut-être on n’a pas de championnat cadet, ou notre mode de sélection des cadets n’est pas bon. Ou, peut-être que l’organisation n’est pas bonne. Alors, il faut pouvoir mettre en place une politique qui met du temps à porter le fruit. Une politique à moyen ou long terme  qui va porter ses fruits à la longue. Mais, en Guinée, on a la mauvaise habitude de dire que les efforts doivent être fournis le Lundi récolter les fruits le Mardi, mais non. Il faut vraiment mettre en place une politique ambitieuse qui est basée sur le temps. On ne peut pas faire des choses sans penser au temps. Mon regard, c’est qu’on est pressé, on veut faire des choses précipitamment, dans la pression du résultat. Parce que tout simplement, le public veut le résultat tout de suite. A mon avis, il faut d’abord travailler, mettre en place une politique de long terme et les résultats viendront après. Imaginez, on doit organiser la Coupe d’Afrique en 2025, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas le Syli d’aujourd’hui qui va jouer cette compétition, mais ce sont les jeunes qui ont aujourd’hui 15 ans qui vont jouer lors de cette compétition. Donc, il faut se préparer maintenant, et on ne peut pas se préparer comme si, ce sont nos joueurs comme les Naby Keita qui vont jouer en 2025. Peut-être qu’ils ne seront même pas là. Donc, mon regard, c’est que l’on souffre d’un réel un manque de vision aujourd’hui.

Certains disent qu’aujourd’hui le niveau du championnat guinéen est bas. Partagez-vous cet avis ?

Presque tous les championnats africains ont baissé de niveau, parce que les talents vont ailleurs. Mais, l’autre problème aussi, c’est peut-être lié à l’absence des infrastructures, de l’argent et de l’absence de volonté politique. Si toutes ces choses sont prises en compte, je pense ça pourrait rehausser le niveau d’un championnat. Mais, pour rehausser aussi le niveau d’un championnat, il faut qu’il y ait des entraineurs de haut niveau, des Présidents de haut niveau. Tout le monde doit être au même niveau pour relever le niveau d’un championnat. Le développement est une affaire de compétences quel que soit le domaine.

A la place de l’entraineur du Syli National qu’est-ce que vous allez imposer pour la bonne marche de l’équipe ?

Non ! Je ne vais pas avoir la prétention de me prendre pour l’entraineur du Syli National, mais il est évident qu’avec la carrière que j’ai eu on a une façon de voir les choses. On peut faire des critiques de façon objective sur ce qui manque au Syli National sans prétendre être le sélectionneur ou entraineur. Je n’ai pas la vocation d’être entraineur. Nous, ce que nous souhaitons, c’est que l’équipe joue et gagne. Et, pour ça, il faut un bon entraineur, une bonne tactique, des bons joueurs et un bon public. Je ne peux pas dire aujourd’hui, voilà ce que l’entraineur aurait dû faire, et ce qu’il n’aurait pas dû faire. Ce n’est pas mon travail ça, mais mon travail, c’est de constater que l’entraineur a utilisé ses ressources de façon efficace qui nous permettent d’aller vers la victoire.

La Guinée doit organiser la CAN 2025. Mais jusqu’à date nous n’avons pas assez d’infrastructures pour abriter cette rencontre sportive. Est-ce que vous ne craignez pas un retard pouvant nous conduire à un échec ?

Moi, j’ai choisi de faire confiance au Gouvernement qui s’est porté candidat pour l’organisation de la coupe d’Afrique de 2025. C’est vrai que le temps passe, mais nous devons tous garder la tête froide et dire qu’on pourra redoubler l’effort pour mettre en place des infrastructures, des stades d’entrainements et des stades pour les compétitions assez rapidement. Le COCAN est confiant, on doit leur faire confiance aussi jusqu’à la fin. Donc, je pense que ça sera tenable. Je constate aussi qu’on est déjà en train de travailler sur le sujet.

En 2010vous étiez Ministre des Guinéens de l’Etranger. En moins d’un an, vous avez réussi à jeter les bases de la mobilisation des Guinéens de l’Etranger pour la cause nationale. Est-ce que nous avons le même Lucien Beindou GUILAO ?

(Rire).Absolument, moi, je suis resté le même avec la recette assez simple. C’est de la motivation, l’amour pour soi-même, pour les autres, et pour le pays. Avec ça, tu es sûr de réussir tout ce que tu entreprends. Et, en faisant des choses pour les autres, tu le fais pour toi-même. Donc, c’est comme ça que je fonctionne et ça m’aide  à atteindre tous mes objectifs. Vouloir être parmi les meilleurs dans tout ce que l’on fait , je pense que c’est la meilleure façon de procéder.

Très jeune, vous avez occupé des postes jusqu’à devenir ministre dans le gouvernement de transition de 2010. Quel est votre secret ? Et quels sont vos messages aux jeunes qui auront la chance de lire cette interview ?

C’est ce que je viens de dire, c’est l’éducation. Cela prouve aussi que les parents, l’école et la vie t’ont bien éduqué. Et, puis, il y’a la motivation, le courage, le respect des autres. Il faut avoir aussi un esprit de compétiteur, savoir que la jeunesse, c’est un atout, mais on ne reste pas éternellement jeune. Donc, il faut se former tout le long de la vie. Ce sont tous ces ingrédients qui font que partout où on te met, tu es appelé à réussir. Et, de faire ce que tu sais faire, de ne pas aller faire autre chose qui n’est pas de ta spécialité. Essayer aussi d’être meilleur dans tout ce que tu fais, c’est le secret. Sans se lancer dans des bagarres inutiles, moi, je pense que l’adversité forme aussi.

 

Le RPG Arc-en-ciel a désigné le président Alpha Condé  candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre prochain, lors du congrès tenu les 5 et 6 août dernier au Palais du Peuple. Quel est votre sentiment ?

La convention nationale est la suite logique des différentes conventions décalées au cours desquelles les structures du parti à la base se sont prononcées en faveur d’une candidature du Professeur Alpha Condé. La procédure de désignation s’est déroulée dans le pur respect des principes qui régissent la démocratie interne du parti. La balle reste dans le camp du Président qui comme vous le savez n’a toujours pas affirmer qu’il acceptait d’être le candidat du Parti pour cette élection du 18 octobre.

Entretien réalisé par Daouda Yansané

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