Face à la boulimie du pouvoir de la plus part des dirigeants africains qui s’éternisent au pouvoir, le Président  du Niger Mahamadou Issoufou, est une exception.

Il était le premier Président africain, élu démocratiquement à s’interroger en ces termes face à l’alternance démocratique: « J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable. Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? ».

Il a fait cette déclaration au moment où sur le continent, des appétits s’aiguisaient  pour garder le pouvoir à cause des intérêts égoïstes. C’est le cas en Guinée où des intellectuels, muent par leurs  seuls intérêts égoïstes soutenaient mordicus que le Président Alpha Condé au terme de son second et dernier mandat constitutionnelle, était irremplaçable et qu’il devait achever ces chantiers. Soit.

Au sein de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dont il était président, le chef de l’Etat nigérien était l’un des fervents défenseurs de la démocratie. Il a été rejoint dans ce noble combat  par plusieurs autres chefs d’Etat dont le plus charismatique est le Bissau-guinéen.  Umarrou Cissoko Emballo, qui a soutenu lors de la crise malienne, que la CEDEAO doit aussi lutter contre les chefs d’Etats qui modifient les constitutions pour se maintenir au pouvoir. Ce qui selon lui constitue une source d’instabilité sur le continent. Cette déclaration  n’a pas été du goût du Président guinéen.

Conséquence de cette situation, le Président Alpha Condé a préféré une rupture de banc avec son ami de la FEANF, la fédération des étudiants d’Afrique noire Francophone dont ils sont tous membres fondateurs. Le chef de l’Etat  guinéen a brillé par son absence lors du 57ème sommet de la communauté économique de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest, tenu lundi 07 septembre 2020 à Niamey au Niger. Alpha Condé s’est fait représenter par son ministre des Affaires Etrangères, Mamadi Touré. Une absence qui intervient sur fond de controverse liée au troisième mandat en Afrique de l’Ouest.

Mais pour le dire en un mot comme en mille, cette absence remarquée du chef de l’Etat guinéen n’enlève en rien au Président du Niger, le fait de dire haut ce que les autres pensent tout bas. D’où ce dicton populaire qui affirme,  je cite : « la proéminence de la gueule du chien, n’influence point la brillance de ses dents ». C’est d’ailleurs avec le sentiment d’un devoir très  bien accompli qu’il a passé le témoin au président du Ghana à la tête de la CEDEAO.

Mahamadou Issoufou en décidant de quitter le pouvoir au terme de son second et dernier mandat constitutionnel, conformément à la constitution de son pays, rentre ainsi dans l’histoire par la grande porte, à l’image du Sud-africain, Nelson Mandela et de l’Américain, Barack Usain Obama.

 

Almamy Kalla CONTE