En Afrique, il est de tradition. Chaque fois qu’un chef de l’Etat est élu ou réélu une fois, deux fois, trois fois  voir plus,  ses homologues de la région, de l’Afrique et du monde  se mettent dans la branle pour adresser leurs félicitations à l’heureux élu. Ça été le cas en 2010, quand l’opposant historique a accédé au pouvoir pour la première fois. Ils étaient nombreux les chefs d’Etats de l’époque qui avait salué la bravoure et le combat enviable mené par Alpha Condé  pour l’enracinement de la démocratie dans son pays. Ce fut le cas également en 2015, quand il a été réélu pour un second et dernier mandat à la tête de la Guinée.

Seulement voilà, depuis le double scrutin controversé du 22 mars 2020, l’opposant historique guinéen semble être disparu de la short liste des démocrates  et chefs d’Etats africains.  Il n’est plus cité, ni consulter, ni invité pour parler de démocratie. Et ce n’est pas la présidentielle controversée du 18 octobre dernier qui va arranger les choses pour Alpha Condé. A propos, il faut dire qu’après le 18 octobre, le Président Alpha Condé a fait une dizaine de jours dans l’ombre. Il n’a été ni vu, ni entendu à Conakry. Et aucun chef d’Etat de la communauté économique des Etats de l’Afrique de  l’ouest, de l’Union africaine, d’Europe, d’Amérique ou d’Asie  n’a fait le petit communiqué pour féliciter l’opposant historique guinéen.

Au contraire, ce sont des condamnations qui ont fusé de toute part pour dénoncer les résultats qui lui donnent vainqueur. La synergie des radios privées  avec des journalistes déployés  dans toutes les 33 préfectures du pays  ayant donné les grandes tendances de la présidentielle. Tendance contraire aux résultats publiés par la commission électorale nationale indépendante qui donne Alpha Condé vainqueur. Mais si les félicitations ne viennent pas d’ailleurs, l’autosatisfaction n’est  pas interdite.

Apparemment, les valeurs  de la droiture, de la vérité, de la justice, de l’honnêteté, de la sincérité, de la tolérance, de l’égalité, de l’équité, de l’unité et de la cohésion, reprochées à sa victoire n’ont pas été du goût du locataire du palais Sekhoutouréah. Il a choisi les camps militaires de la capitale pour parler de la souveraineté de la Guinée et surtout de sa croissance économique qui placerait le pays au deuxième rand des pays développés en Afrique de l’ouest derrière le géant du Nigéria.

Alors, marquons  une pose pour parler de cette croissance économique et de ce classement. Sur le terrain, il faut dire que les idées du chef de l’Etat guinéen sont trahies par la réalité des choses. Ni cette croissance si bien vantée, ni ce classement ne sont ressentis dans le quotidien des guinéens. La pauvreté reste ambiante et les trois repas par jour constituent un leurre pour  une majorité écrasante des foyers. En témoignent les braves femmes de la Guinée qui sont visibles sur le terrain et dans les voitures à 4h et 5 h du matin à la recherche du quotidien  et les enfants qui déambulent à travers la ville pour chercher de quoi mettre sous la dent. Pendant ce temps, les hommes sont dans les bars-café et les kiosques pour tenter leur chance dans les jeux de hasard. Autre croissance économique du pays.

Mais puisque le rêve est permis, en attendant de voir la Guinée occupée la deuxième place en Afrique de l’Ouest en terme économique, il faut dire que  les guinéens restent préoccupés par leur  survie et la vie du jour au jour. Ça, c’est vérifiable sur le terrain et non dans les bureaux climatisés. Car, comme le dit l’autre «  la paix nourrit et le trouble consume ».

 

Mohamed SOUMAH