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Ceux qui disent que le peuple guinéen est peu combatif, lui font un mauvais procès(Sékou Koundouno) 

Depuis quelque temps, tous les politiciens évoquent la mise en liberté des acteurs de la société civile ainsi que des responsables et militants de l’UFDG- ANAD injustement détenus à la Maison Centrale de Conakry. Pour beaucoup de ces politiciens, la démarche relève plus d’un calcul politique que d’un engagement sincère en faveur de ces détenus.

Il y a des acteurs politiques qui font de ce dossier une sorte de fonds de commerce. Si leurs démarches aboutissaient à la libération des détenus- ce qui est peu probable- ces derniers et leurs familles seraient sans doute heureux.

Les politiciens pourraient eux-aussi s’en réjouir parce qu’ils pourraient fanfaronner en mettant cela à leur crédit. Mais la grande perdante d’un tel dénouement sera incontestablement la Justice. Elle aura ainsi donné la preuve que, dans ce genre de dossiers, elle ne peut pas agir de manière indépendante. Dans tous les cas, les citoyens savent cela déjà. Ce sera juste une confirmation.

La grande question que l’on se pose aujourd’hui, c’est quand la Guinée aura véritablement une Justice indépendante, une justice au service de tout le monde mais dont personne ne se sert à des fins politiques ou de règlements de comptes politiques. Malheureusement, notre Justice s’est toujours soumise au diktat des dirigeants du moment, qu’ils soient issus d’un coup d’État ou élus. En réalité, le véritable problème de la Guinée est sa Justice. Chaque dirigeant qui arrive au pouvoir en fait ce qu’il veut. Pas un seul magistrat ou un groupe de magistrats n’a levé le petit doigt un seul jour pour dénoncer l’insubordination dans laquelle se trouve l’appareil judiciaire.  C’est à croire que les magistrats se plaisent eux-mêmes dans cette dépendance.

Ceux qui disent que le peuple guinéen est peu combatif, à l’opposé de certains autres peuples, lui font un mauvais procès.

Les Guinéens ont toujours fait preuve d’engagement. Mais ils n’ont jamais bénéficié de la protection de sa justice en cas d’abus de la part de l’État.

Les violences d’État sont toujours restées impunies. La Justice a une large part de responsabilité dans la situation actuelle de l’État. Mais le réveil se produira inéluctablement.

Sékou Koundouno, responsable des stratégies et planification du FNDC / Membre Balai Citoyen/ Membre AFRIKKI